"Avant, je n'en parlais pas, je ne disais pas que je ne savais pas lire ni écrire". Un atelier lève le tabou de l'illettrisme

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Marie-Joëlle et Ludovic participent à un atelier pour apprendre à lire et compter.
- ©France télévisions

L'illettrisme ne doit pas être un tabou. Dans un premier temps, il ne faut pas rester isolé. Il faut dépasser la honte que l'on peut avoir de ne pas savoir lire et écrire quand on a l'âge adulte.

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Il y a des fragilités qui ne sont pas toujours visibles. Marie-Joëlle travaille dans une blanchisserie depuis un an. Derrière la caisse, accompagnée de sa supérieure, elle fait face à sa plus grande vulnérabilité, avec, par exemple, le rendu de la monnaie.

Toute seule, je ne serais pas capable de rendre la monnaie. J'aurais trop peur de faire des bêtises.

Marie-Joëlle Bauwens

Employée de la blanchisserie Couleur lavande à Ruffec

Comme 2,5 millions de Français, Marie-Joëlle est illettrée. Cela signifie que la lecture, l'écriture ou les calculs ne sont pas maîtrisés après un parcours scolaire. L'employée de 60 ans n'est pas seule. Ludovic, son collègue, ne sait ni lire, ni écrire.

Sur certaines difficultés, on s'entraide. Celle que moi, j'ai, c'est elle qui m'aide.

Ludovic Augereau

Participant de l'atelier

Tous deux ont décidé de retourner en cours. Ils participent à un atelier d'écriture et de lecture chaque semaine. Marie-Joëlle réapprend à calculer. Pour ainsi surmonter les difficultés du quotidien, comme faire ses courses.

Ça me donne beaucoup de confiance en moi et tout, parce qu'avant, j'avais peur, j'étais trop stressée.

Marie-Joëlle Bauwens

Employée de la blanchisserie Couleur lavande à Ruffec

Devenir autonome, mais surtout sortir du silence

Cet atelier lève le tabou de l'illettrisme. "Il faut dire qu'avant, je n'en parlais pas. Je ne disais pas que je ne savais pas lire ni écrire. Bon, c'est venu tout seul. Honnêtement, moi, je ne prends pas ça pour un courage. Je prends juste ça que j'en ai besoin, c'est tout" raconte Ludovic.

Le point sur l'illettrisme en Poitou-Charentes

En Charente, plus de 12 % des jeunes ont des difficultés de lecture. Le département est dernier de la région Nouvelle-Aquitaine au niveau de l'illettrisme. Et si vous ou un de vos proches est en difficulté pour lire et écrire, voici quelques pistes et contacts pour vous aider à trouver les bons interlocuteurs.

Vers qui se tourner ?

Dans un premier temps, sachez qu'il ne faut pas rester isolé. Il faut dépasser la honte que l'on peut avoir de ne pas savoir lire et écrire quand on a l'âge adulte. Il faut savoir que le premier budget de la région Nouvelle-Aquitaine est consacré à la formation. Il y a donc beaucoup d'organismes qui existent pour accompagner les publics. Vous pouvez joindre :

Cap Métiers, l'agence régionale pour l'orientation, la formation et l'emploi au 0 800 940 166.

CLAP Sud-Ouest, mouvement fondé dans les années 1960 qui s'intéresse à la promotion de l'éducation (05 57 01 56 90).

Vous pouvez également trouver de l'aide et des informations auprès des GRETA, auprès des Conseils départementaux via leurs actions sur la lecture publique. Il y a également France Travail, l'APEC, les Missions locales. Enfin, il existe un numéro vert « Illettrisme Info Service » (0 800 11 10 35).

Quel est le profil des personnes qui sont en situation d'illettrisme dans notre région ?

Ce sont prioritairement à 60 % des hommes de plus de 45 ans. 51 % des personnes qui sont en situation d'illettrisme ont un emploi et 48 % des personnes vivent en zone rurale ou faiblement peuplée. Pour lutter efficacement contre l'illettrisme, il faut absolument détecter cela très tôt. La journée d'appel et de citoyenneté est un bon moyen de faire le point sur les connaissances des jeunes français de 16 à 25 ans et de desceller ceux qui ont décroché scolairement en Poitou-Charentes.

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