A l'occasion de son 20e anniversaire, le festival de photojournalisme de Barro en Charente, Barrobjectif, rassemble tous ses anciens invités d'honneur. Une démonstration de l'écclectisme de la manifestation.
En pleine campagne charentaise, Barrobjectif est un lieu d'exposition à ciel ouvert. Pendant dix jours, les rues du village de Barro, en Charente, présentent les travaux de photographes du monde entier : du reportage de guerre, des plongées au coeur de communautés humaines, des récits du monde contemporain visibles dans un écrin de verdure.
Pour sa 20e édition cette année, le festival de photojournalisme réunit les invités d'honneur des précédentes éditions. Jean Gaumy, photographe de l'agence Magnum, est l'un d'eux, visiblement très heureux de revoir son travail exposé.
"Ca me touche, parce que Barro me touche, sans flagornerie", confie-t-il. "Je vois que j'ai des confrères mondiaux, c'est pas par hasard qu'on vient ici. On n'est pas en représentation comme dans les grands festivals mondiaux, où je ne vais pas!"
Jean Gaumy est venu avec des paysages du pôle nord, un aperçu d'un travail au long cours. Nous avons pris le temps d'échanger avec lui sur son métier et sur son travail.
Entretien vidéo : Clément Massé, Laurent Gautier et Damien Dubly :
Un travail d'artiste
Autre invité d'honneur du festival, en 2009, Frédéric Sautereau a lui aussi refait le déplacement en Charente. Il a documenté les villes divisées (Belfast, Jérusalem, Nicosi, entre autres), l'Amérique de l'après 11-Septembre, le monde arabe et plus particulièrement le mouvement du Hamas.Une photographie marquante est présentée à Barro. On y découvre une femme posant, avec à la main un drapeau du Hamas. La photo a été réalisée en 2009, lors d'un rassemblement anniversaire du mouvement palestinien.
"Les femmes, dans le mouvement du hamas, ont joué un rôle important dans l'élection du Hamas et je voulais montrer leur présence", explique Frédéric Sautereau. "Je me suis mis devant elle, je l'ai photographiée, elle s'est rigidifiée pour poser et l'image s'est faite comme ça."
Chez l'Italien Paolo Pellegrin, invité d'honneur cette année, un pneumatique chargé de réfugiés évoquent un radeau de la méduse.../...Comme Henri Cartier-Bresson, Paolo Pellegrin va chercher l'instant magique, l'instant où il va se passer quelque chose (P. Delaunay)
.../...un migrant tombant de fatigue rappelle l'iconographie religieuse. Cette dernière image a été publiée à la Une du New York Times, le 15 septembre 2015.
Sur une autre photographie, des Libyiens fuient leur pays.Pour Pierre Delaunay, organisateur du festival et photographe à Ruffec, ces photographies se révèlent particulièrement saisissantes.Ca pourrait être dans un musée, et même temps c'est un chantier de guerre (P. Delaunay)
"Ca pourrait être dans un musée, et même temps c'est un chantier de guerre", explique-t-il.
Pierre Delaunay déambule dans les rues de Barro, enthousiaste à l'idée de commenter les photographies exposées. Dans la vidéo ci-dessous, nous l'avons suivi dans l'exposition consacrée à Paolo Pellegrin.
L'instant magique
Pierre Delaunay note que les photographes de guerre ne font pas forcément beaucoup de photos pour en avoir une de bonne."Quand ils font une image", explique-t-il, "ils l'ont calculées à l'avance. Ils ne font pas beaucoup de photos, mais de bonnes photos et des photos qui vont raconter. Comme Cartier Bresson, Pellegrin va chercher l'instant magique, l'instant où il va se passer quelque chose."
Paolo Pellegrin est lauréat notamment de dix prestigieux World Press Photo Awards. Son travail est visible jusqu'à dimanche à Barro, aux côtés de 20 autres photographes.