Dans la nuit de lundi 8 au mardi 9 août 2022, un violent incendie s’est déclaré à Boisbreteau, dans le sud de la Charente, détruisant au moins 150 hectares de forêt. Une trentaine d'habitants a dû être évacuée.
Vers 22h, hier soir, un violent incendie s’est déclaré à Boisbreteau, dans le sud de la Charente. Selon les premières estimations des pompiers, près de 150 hectares de forêt sont partis en fumée.
Éviter toute reprise de feu
Sur place, près de 300 pompiers sont mobilisés. Après une nuit éprouvante, la « situation est plutôt favorable au sortir de la nuit », explique Laurent Vasseur, adjoint du capitaine du SDIS 16.
Les équipes mobilisées ont reçu le soutien de renforts venus d’Ille-et-Vilaine, des Côtes d’Armor, de Gironde, de la Charente-Maritime et de la Vienne. Ce matin, l’action des pompiers consistait à noyer les lisières des parcelles pour éviter toute reprise de feu : « Il s’agit de noyer toutes les souches, tout ce qui pourrait être facteur de reprise avec le vent », explique Laurent Vasseur.
Les canadairs, très attendus sur place, sont intervenus à partir de 11h. En fin de matinée, le maire de Boisbreteau, Gaël Tétoin, observaient leurs allers et venues : « Ils continuent de voler au-dessus des zones de l’incendie », rapporte-il.
Le vent pouvant faire évoluer le feu à tout moment, les pompiers ont également reçu l'appui d'un hélicoptère bombardier pour fixer l'incendie. Sur place, les forces publiques, les pompiers, et le sous-préfet suivent le déroulé des opérations depuis hier soir.
Lignes électriques coupées
Pour faciliter l’action des pompiers et le déploiement de lances incendies, des lignes d’électricité ont dues être coupées : « Quand on circule dessous, il y a des risques pour les hommes. Avec la chaleur, des câbles peuvent flamber ». Deux lignes à haute tension ont ainsi été mis temporairement à l'arrêt, affectant près de 200 foyers.
En cette fin de matinée, les équipes accusaient la fatigue, mais « on tient le coup, par nécessité », confie Laurent Vasseur.
Des familles et des personnes âgées évacuées
Face à l'avancée des flammes, trente personnes ont été évacuées dans la matinée vers les communes de Bord-de-beigne et Perfonts-Boisbreteau.
« Certaines ont été évacuées par précaution, témoigne le maire de Boisbreteau, Gaël Tétoin. D’autres sont justifiées, comme à Perfonts-Boisbreteau où les flammes étaient toutes proches des bâtiments ».
On avait des familles avec des enfants. Ils pleuraient dans la salle des fêtes. Les personnes âgées étaient complètement désemparées.
Gaël Tétoin, maire de Boisbreteau
Heureusement, le maire a pu compter sur l’entraide, notamment de la part des communes voisines : « On leur a offert des boissons chaudes et de quoi se remettre. La commune d’Orignolles (Charente-Maritime) a mis à disposition des lits de camps pour que les gens puissent se reposer. »
Mais, dans la population, l'émotion est grande. « Ça a été très compliqué, éprouvant, poursuit Gaël Tétoin. A Bors, il y avait des familles avec des enfants. Ils pleuraient dans la salle des fêtes. Les personnes âgées étaient complètement désemparées ».
Ce midi, les personnes évacuées mangent un repas offert dans la salle des fêtes. Mais certaines ne pourront pas regagner leur domicile ce soir, certaines habitations n’étant pas tout à fait hors de risque.
« On essaie d’encourager les personnes qui ont des connaissances ou de la famille pas loin de les rejoindre, pour ne pas rester dormir dans la salle des fêtes. Mais certaines n’ont pas d’autre solution et seront contraintes de rester », observe le maire.
Les petites communes face aux incendies
L'incendie révèle les difficultés des petites communes à entretenir par elles-mêmes leurs massifs forestiers. « Il faut que l'État réagisse de façon sérieuse », témoigne Gaël Tétoin. L’incendie s’est déclaré dans un massif difficilement accessible pour les pompiers, compliquant leur intervention : « Si on avait des pistes forestières, l’accès serait beaucoup plus aisé ».
Le maire aimerait que l’État prennent en charge le financement de ce type d'aménagements : « On ne peut pas continuer, nous petites communes, à prendre en charge l’élaboration de pistes forestières. C’est un budget trop lourd », estime-t-il.
Reportage de Pascal Foucaud et d'Alexandra Lassiaille