Le 31 août 1944, la ville d'Angoulême était libérée de l'occupation allemande, quelques semaines après le débarquement en Normandie et une semaine avant que la ville Lumière ne soit aux mains des troupes de la Résistance.
En février 1943, le monde tel que l'on croyait l'être, celui sous l'autorité de l'Allemagne nazie, bat de l'aile. Les troupes soviétiques s'imposent lors de la bataille de Stalingrad : au-delà de cette victoire, elle donne un espoir que peu de personnes auraient cru espérer, celui de vaincre Hitler. L'année suivante, les troupes alliées débarquent par surprise sur les côtes françaises de la Manche, le 6 juin. La bataille de Normandie permet d'élargir la zone de libération jusqu'à la fin de l'année 1944. Parmi ces villes libérées, Angoulême, le 31 août.
Angoulême visé par les troupes alliés et vivant dans la crainte de la terreur nazie
Les Angoumoisins sont heureux de voir les troupes résistantes débarquer : la ville est une cible fréquente des bombardements alliés. Le 20 mars, la Poudrerie, créée par l'ordonnance royale de Louis XVIII en 1818, alors exploitée par les Allemands, est visée par l’aviation : elle fait de gros dégâts, mais peu de victimes. Le 15 juin et le 14 août, d'autres bombardements frappent les gares d'Angoulême et les maisons alentour. "200 bombardiers ont ciblé les gares pour empêcher et désorganiser les flux de renfort de la Wehrmacht", explique Stéphane Calvet, enseignant au lycée Guez de Balzac d'Angoulême et maître de conférences à Sciences-Po Poitiers. "Ces frappes feront environ 250 morts", selon Jacques Baudet, historien et ancien professeur d'histoire et géographie au collège et lycée Saint-Paul à Angoulême.
Un climat de terreur règne dans la région durant cette période : les Angoumoisins ont connaissance du massacre de la ville d'Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, à un peu moins d'une 1 h 30 d'ici. Plus tôt dans l'année ont également lieu la rafle de Brive-la-Gaillarde et le massacre de Tulle. La région du Limousin est détruite, le département de la Charente vit dans la peur constante. À partir du débarquement en Provence, les choses changent. "Pour échapper à cette pince, les Allemands se voient obligés de rentrer au pays, la colonne Elster. Angoulême se retrouve sur l'axe de retrait de ces troupes installées à Biarritz et à Saint-Jean-de-Luz. C'est là que les maquisards se lancent dans des opérations de harcèlement. Après le 20 août, c'est une période très stressante pour les Angoumoisins", révèle Stéphane Calvet.
31 août 1944, Angoulême est libérée
Quelques jours après la libération de Paris, vient ensuite celle de la ville d'Angoulême. "À partir du 30 août, des colonnes de la Résistance commencent à s'organiser. Des forces venues de Dordogne, et du nord-Charente essayent d'encercler la ville. Des combats s'engagent au sud et à l'est de la ville. Les résistants prennent d'assaut la caserne dans laquelle se trouvaient des soldats allemands. Certains sont faits prisonniers, d'autres sont fusillés sur place, comme ceux qui étaient logés au lycée professionnel de Sillac", ajoute le maître de conférences à Sciences-Po Poitiers.
"Les maquis Foch et Bir-Hacheim, la brigade Rac ainsi que les FTP (francs-tireurs et partisans) ont participé à la libération de la ville d'Angoulême. Cela a duré une journée. Cette libération fait une cinquantaine de morts du côté des troupes allemandes et italiennes, une cinquantaine aussi du côté résistant. Le soir, le drapeau tricolore est brandi sur le parvis de l'Hôtel de ville. Le 1er septembre, les gens sortent dans la rue et sont libérés", raconte Jacques Baudet.
Peu avant minuit, le 31 août 1944, Angoulême est libérée. Le lendemain, la population sort dans la rue et acclame les libérateurs qui défilent tels des héros.