Après la victoire 21 à 18 contre Valence-Romans au stade Chanzy à Angoulême, le SA 15 a validé son billet pour remonter en Pro D2. Le président du club Didier Pitcho revient sur une saison particulièrement compliquée, sportivement et financièrement.
Dimanche, dans un stade Chanzy plein à craquer, les rugbymen du SA XV ont offert à leur public une victoire face à Valence-Romans (21 à 18), assortie d'un billet pour la Pro D2 que les Charentais avaient quitté l'an passé.
Dans cet entretien, le président du club revient sur une saison difficile. Didier Pitcho nous confie aussi son soulagement de voir que ses joueurs ont réussi à sortir de cette mauvaise passe même s'il sait que le retour en Pro D2 sera "très compliqué".
France 3 : Qu’avez-vous ressenti au coup de sifflet final du match ?
Didier Pitcho : Du soulagement et beaucoup d’émotion parce que ça fait quand même deux ans qu’on vit des saisons un peu galère. Il y a eu le Covid et puis cette année, ça a été très compliqué, cela a été dur de se remettre de notre descente, avec des fractures un peu partout, il a fallu reconstruire et recréer le lien qui a fait notre force dans le passé. Il ne pas oublier que notre début de saison a été catastrophique, on a perdu nos trois premiers matchs.
Quand tout le monde a compris que le rugby était un sport d’abnégation et qu’il fallait se battre pour le copain du côté, on est devenus invincibles.
Didier Pitcho, président du SA XV
France 3 : L’objectif de cette saison a toujours été de remonter en Pro D2 ?
Didier Pitcho : Oui, c’était l’objectif mais je sentais au sein du club et chez les joueurs qu’ils voulaient se qualifier. On a eu des périodes très difficiles. En février, à Nice, on a pris 38 points. Albi est venu chez nous et à gagné. Valence-Romans, pareil. A partir de ce moment-là, j’ai demandé aux joueurs de se remotiver sur un point. J’estimais que l’équipe avait les moyens de très bien figurer donc je leur ai demandé de revoir leur objectif et d’être champions. Et puis, il y a eu une petite révolution. Ils ont fait un stage, je les ai emmenés chez moi à Royan, on a fait monter la mayonnaise et tout le monde a adhéré.
France 3 : Il y a eu un déclic ?
Didier Pitcho : L’équipe est beaucoup plus forte que l’individu. Quand tout le monde a compris que le rugby était un sport d’abnégation et qu’il fallait se battre pour le copain du côté, on est devenus invincibles. D’ailleurs on est en train d’enchaîner les victoires.
France 3 : Cette remontée en Pro D2, vous l’avez anticipée sur le plan financier, côté recrutements ?
Didier Pitcho : Il n’y aura pas énormément de turn over. Les recrues sont déjà en magasin. Je m’en suis occupé, car j’étais convaincu qu’on allait y arriver, même si je reconnais que j’ai eu de gros doutes sur la fin. N’oublions pas que ce match, cette victoire, cette montée en Pro D2, elle vaut entre 1,8 et 2 millions d’euros. C’est la dotation de la ligue financière de rugby, avec une prime de 300.000 euros pour ceux qui accèdent. Donc pour nous, c’est une bouée de sauvetage importante.
France 3 : Vous revenez de loin de ce point de vue là aussi ?
Didier Pitcho : On a eu une idée financière très difficile. Ces douze derniers mois, je n’ai cessé d’alerter les élus en leur disant que si je n’avais pas un soutien, on aurait beaucoup de mal. J’ai aussi réuni tous mes actionnaires, on a réussi à faire remonter le capital de 300.000 euros alors que ce n’était pas simple, tout le monde s’est investi. Les deux-trois années de Covid ont mis les finances à plat.
On a appris de nos précédentes expériences : on sait maintenant que la course financière est très importante. Or on va se retrouver avec l’un des plus petits budgets et la plus petite masse salariale pratiquement de Pro D2, mais avec un cœur énorme.
Didier Pitcho, président du SA XV
France 3 : Et cet investissement a été payant ?
Didier Pitcho : Je ne sais pas, mais c’est notre devoir, à nous chef d’entreprise, d’être moteur et acteur de notre territoire pour aider les élus à porter les couleurs de Grand Angoulême et de la Charente au-delà de nos frontières. Le rugby a réussi ce que personne n’a réussi jusqu’à présent : fédérer toute une population et donner de l’espérance.
France 3 : Comment se présente la saison prochaine ?
Didier Pitcho : Nous allons recruter cinq à sept joueurs, dont quatre ou cinq ont déjà dit oui, c’est acté. Vincent Etcheto (NDLR : le coach) reste. Guillaume Laforgue et Tanguy Kerdrain aussi. Idem pour tout le staff sauf le préparateur physique. Mais je ne veux pas en dire trop maintenant, on a une saison à finir et un titre à aller chercher samedi à Blagnac. Il faut que tout le monde se remobilise dans les prochains jours pour essayer de porter nos couleurs encore plus loin. Vous savez, même les anciens joueurs nous appellent pour revenir. C’est un club de famille, où on a envie d’être, de revenir et de rester surtout. Je vous réserve quelques surprises à ce niveau-là. Mais vu comment les équipes sont armées, le retour en Pro D2 sera très compliqué, on n’aura qu’une seule ambition : se maintenir. On a appris de nos précédentes expériences : on sait maintenant que la course financière est très importante. Or on va se retrouver avec l’un des plus petits budgets et la plus petite masse salariale pratiquement de Pro D2, mais avec un cœur énorme.