Ce mercredi 6 novembre a lieu le résultat partiel de l'élection présidentielle américaine entre Kamala Harris, candidate du parti démocrate, et Donald Trump, candidat républicain. Eddy L. Harris, auteur américain expatrié en France depuis une quinzaine d'années, suivra le résultat avec attention.
Ils seront à peu près 100 000 Américains à suivre de très près ce qui se passe outre-Atlantique dans les prochaines heures. Chacun vit cette élection présidentielle à distance, comme Eddy L. Harris. Cet écrivain, originaire d'Indiana, situé en plein cœur des États-Unis d'Amérique, s'est installé il y a dix-huit ans à Pranzac, "comme un cheveu dans la soupe", un petit village charentais de 900 âmes.
La question de l'immigration au cœur du débat
Auteur de plusieurs romans à succès comme Mississippi Solo, Native Stranger ou encore Still Life in Harlem, l'écrivain de 68 ans a récemment publié un essai intitulé "Confession américaine", expliquant les raisons de son départ du pays de l'oncle Sam et comment la société a pu amener Donald Trump à la Maison-Blanche en 2016.
Eddy Harris est parti voter il y a quelque temps dans l'état de Virginie, où se trouve sa résidence américaine. Il explique ce choix, car, selon lui, cette élection américaine "est une élection très importante." Il avoue avoir voté pour la candidate démocrate Kamala Harris : "je pense que Donald Trump n'est pas bon pour le pays. C'est quelqu'un qui est vulgaire, qui a passé tout son temps à abaisser le niveau des conversations le plus possible. Il est ignorant et n'a aucune notion de l'histoire, ni de la culture américaine. C'est quelqu'un qui a montré le mauvais côté du pays au monde."
Quand Eddy Harris évoque la culture et l'histoire américaine, il sous-entend l'immigration, mais également celle "d'une progression vers l'avenir au lieu de reculer dans le passé. Trump manipule et exploite le mécontentement des gens en bas de l'échelle sociale pour détruire le pays." Ses nombreux discours lors de cette campagne présidentielle, notamment celui où il explique lors d'un débat que les immigrés vivant à Springfield dans l'Ohio mangeaient des chiens et des chats, montre "un certain mépris envers les immigrés. Déjà en 2015, il qualifiait les Mexicains de violeurs, de voleurs, tout ce qui est mauvais dans le contexte social."
Le divertissement, clé de cette élection
Depuis l'élection présidentielle de 2016 entre Hillary Clinton et Donald Trump, les sondages n'avaient jamais été aussi serrés. Beaucoup estiment que cela illustrent une Amérique divisée, à l'aube d'une guerre civile. Eddy Harris reste plus nuancé sur ce sujet. "De loin, on pourrait croire que le pays soit coupé en deux : moi, je n'adhère pas à cela. Les sondages ne sont pas trop fidèles : en 2016, les sondages donnaient la présidence à Hillary Clinton, en 2020, les sondages étaient serrés et donnaient la victoire à Trump. Beaucoup de jeunes ne répondent pas aux sondages. Il y a un côté mensonger."
Depuis quelques mois, de nombreux observateurs constatent que cette élection met en avant le spectacle, le show et l'entertainment (divertissement en français) au détriment de la politique. Un avis partagé par l'écrivain de 68 ans. "C'est le vrai problème de la politique américaine actuelle : il n'y a pas de discours sérieux. On fait de la politique comme si l'on vendait des voitures ou de la lessive. On cherche des endorsements (technique où une personnalité publique ou une célébrité recommande un produit ou une marque) comme Taylor Swift, Beyoncé ou Elon Musk qui n'ont rien à voir avec le monde politique. C'est du show : c'est pour cette raison que Trump est monté sur la scène politique, car il était connu comme un entertainer."
Concernant la couverture médiatique française de cette élection américaine, Eddy Harris trouve cela fascinant, de manière négative. "Si on était aux États-Unis pendant les élections françaises, cette médiatisation n'existerait pas. Tout est focalisé sur les États-Unis, non seulement en France, mais partout dans le monde. Ça m'étonne : en tant qu'habitant du continent européen, ça me désole un peu. Je pense que ce serait mieux de se concentrer sur l'Europe et la France, même s'il est le pays le plus puissant au monde et que je suis conscient qu'il est nécessaire de savoir ce qu'il se passe là-bas, ce serait mieux de mettre un peu moins de regards sur cette élection."
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