Présidentielle américaine 2024 : "ces élections m'angoissent", les étudiants américains de Sciences Po suivent de près le duel entre Harris et Trump

Ils font partie des 240 millions d'électeurs américains. Mona, Quinby, Enzo, Lisa sont étudiants à Science Po Reims. A quelques heures des résultats des élections dans leur pays, ils évoquent avec nous leur stress, leurs inquiétudes ou encore leurs convictions à voter pour Kamala Harris ou Donald Trump.

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C'est une élection cruciale pour leur génération. Ils ont entre 18 et 19 ans et votent pour la première fois pour élire le président ou la présidente des Etats-Unis. Agnès, Quinby, Mona, Enzo et Lisa étudient à Sciences Po à Reims en1ere ou 2e année. Ils ont accepté, à quelques heures de la fin du scrutin américain, de nous confier leur peur, leurs émotions. Pas simple de gérer tout cela depuis la France, loin de leurs familles et de l'atmosphère très particulière qui règne aux Etats-Unis. Mais tous ont fait un choix : celui de voter par correspondance depuis la France, pour la première fois de leur vie. 

Mona Boulestreau et Agnès Charton sont installées sur une table dans un des longs couloirs de leur école rémoise. Les ordinateurs devant elles, elles travaillent. Agnès a cours dans quelques minutes et Mona part déjeuner, mais les deux étudiantes américaines prennent un peu de temps pour évoquer cet événement majeur : les élections entre Donald Trump et Kamala Harris. 

"Voter est extrêmement important, explique Agnès. Nous sommes dans une école de sciences politiques donc nous apprenons beaucoup autour de la démocratie. Notre rôle, même si on est à l'étranger, est de faire entendre notre voix. Être actives, mobilisées. C'est aussi important de dire à nos amis à la maison, aux Etats-Unis, de voter".Agnès est originaire du Texas, un état très conservateur où Trump est archi-favori. "Je suis totalement pour Harris. En 2016, j'étais petite, j'avais 10 ans mais j'ai déjà compris quand Trump a été élu, la gravité de voter pour lui. Je pense que beaucoup de gens continuent à être mal informés. Nous devons leur dire qui est Trump et ce qui est en train de se passer. Nous devons être à 100% derrière Kamala Harris et mobiliser les votants pour sa cause."

Convaincre

Mona, elle, est originaire de l'Illinois et sa famille habite tout près de Chicago. Une région acquise, habituellement à la cause démocrate. Franco-américaine, elle se permet une comparaison entre la gauche et la droite française et américaine. "C'est vraiment totalement différent aux Etats-unis et en France. La gauche américaine est plutôt au centre alors qu'en France, on parle davantage de l'extrême gauche. Par contre, aux Etats-Unis, voter à droite, c'est voter à l'extrême. Cette élection me stresse, explique-t-elle encore. Trump tente de faire en sorte que ses propos extrémistes, racistes soient acceptés par la société, que les gens se sentent à l'aise avec ces idées-là. Dans certains endroits des Etats-Unis, c'est d'ailleurs devenu une banalité. Mais ailleurs, les gens se sentent offensés. Mes grands-parents, par exemple, n'aiment plus du tout parler politique avec leurs amis". Mona précise qu'elle va regarder les élections de chaque état en temps réel. "Mais que Trump gagne ou perde, il contestera forcément le vote".

Je suis assez angoissée à l'idée de voir revenir Donald Trump à la tête du pays. Il ne correspond pas à mes valeurs concernant notamment les droits des femmes ou encore ceux des migrants

Lisa Le-Warner, étudiante américaine à Sciences-Po Reims

 

Mona, comme les autres étudiants rencontrés à Sciences Politique, nous parle de son rôle de sensibilisation auprès de ses amis. Les convaincre de faire le bon choix. Convaincre aussi le plus grand nombre à aller voter.

C'est l'engagement qu'a pris Lisa Le-Warner, 18 ans. Nous la rencontrons au sein de la bibliothèque universitaire de Sciences Po où elle est vacataire. En parallèle, elle est aussi étudiante en 1ere année. Cette Franco-Américaine vit en France depuis 6 ans. Elle s'est investie bénévolement auprès des Américains vivant à l'étranger pour les sensibiliser au vote par correspondance. "Comment voter, c'est extrêmement important d'être bien renseigné. Je ne suis dans aucun parti, seulement bénévole pour aider les gens dans leurs démarches". Originaire de New-York, elle se dit "assez angoissée à l'idée de voir revenir Donald Trump à la tête du pays. Il ne correspond pas à mes valeurs concernant notamment les droits des femmes ou encore ceux des migrants". Et ce qui a changé depuis 2016, la première élection de Trump et 2024 :  "je ne peux aujourd'hui plus avoir de discussion ou même accepter que certains de mes amis votent Trump, explique-t-elle. Sa narrative est dangereuse pour la démocratie en général. La violence de son langage et de ses partisans est insupportable. Lorsqu'il dit qu'il va écraser les vermines gauchistes, je ne peux pas le tolérer". La famille maternelle de Lisa vit aux Etats-Unis. "Nos origines sont aussi vietnamiennes et mon grand-père est un vétéran de la guerre du Vietnam. Entendre les propos de Trump sur les vétérans, ce n'est pas possible. Toute ma famille est pro-Harris". Ces prochaines heures, juste avant le scrutin final et les résultats, Lisa a décidé de tout couper, de se déconnecter. Trop d'angoisses.

Il y a deux groupes et il faut choisir un camp sinon c'est très dur. Aujourd'hui, avoir une opinion entre les deux, ça n'existe plus.

Enzo Carvalho, étudiant franco-américain à Sciences Po Reims

À l'entrée de la bibliothèque universitaire, Enzo Carvalho, 19 ans, discute avec d'autres étudiants. Il n'hésite pas, lui aussi, à interrompre sa discussion pour nous livrer son sentiment. Né à Paris, il habite depuis 12 ans la Californie et se sent "très américain". Ce qui le frappe dans ces élections, c'est "la polarisation de plus en plus forte. Il y a deux groupes et il faut choisir un camp sinon c'est très dur. Aujourd'hui, avoir une opinion entre les deux, ça n'existe plus". Lui a pris sa décision, il a voté par correspondance "pour Trump. J'ai passé beaucoup de temps à regarder les deux côtés. Il y a du bon et du moins bon dans les deux. Mais sur les sujets immigration et économique, je suis plus aligné avec Trump". Enzo est très conscient qu'autour de lui, à Sciences-Po Reims, il est peut-être le seul à voter pour le candidat républicain.

Presque comme étrangère à ce "show"

Quinby Janes a aussi 19 ans. Parler de l'élection américaine, c'est pour elle, évoquer un monde qui est à la fois très loin et très éprouvant. Originaire de Californie un état "qui va logiquement être très bleu, très démocrate". Pour autant, si son vote n’est pas décisif, il était essentiel pour elle de voter pour Kamala Harris.

Deux fois par semaine, Quinby téléphone à ses parents. Avec eux, elle évoque l'ambiance de la campagne électorale. Vu de Reims, "c'est fascinant parce que c'est un peu comme si vous regardiez un show télévisé, explique l'étudiante en 2e année. C'est presque un spectacle. C'est comme si les enjeux, les programmes politiques avaient disparu. Je pense que les idées politiques se sont presque perdues. Parce qu'ils sont tellement occupés à se traîner dans la boue et à essayer de se salir mutuellement. Je me sens un peu comme extérieur à tout cela. Mon père, la semaine dernière, m'a parlé de la tension et du stress qui règnent en ce moment. Il se sent vraiment mal à l'aise. Il y a beaucoup d'appréhension et d'incertitude. Et je lui ai dit que je ne ressentais rien de tout cela en France et c'est super étrange même si je partage les questionnements de ma famille. Ça va être un tournant aux Etats-Unis. On a déjà vu ce que cela a donné quand Trump était président. Des changements radicaux en politique étrangère et intérieure. Chaque jour, il y a beaucoup d'appréhension et de peur par rapport à ce qui va se passer à l'issue du scrutin". 

Il y aura un avant et un après élections américaines 2024. Ces étudiants disent appréhender leur retour au pays en fonction de qui sera à la tête du pays à ce moment-là. S'accrocher à leurs études et à leurs certitudes reste leurs objectifs majeurs. 

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