Étudiant en cinéma, le jeune angoumoisin participe au très relevé concours du Nikon Film Festival. C'est tout naturellement en Charente, à Mornac, que William a tourné son premier film... de deux minutes et vingt secondes.
Pour être sur un même pied d'égalité, amis lecteurs, une petite pause s'impose. Pour être sûr de parler de la même chose, nous requerrons quelque peu de votre précieuse attention et vous invitons à une petite séance de cinéma. L'adjectif "Petite" est ici utilisé à escient puisque ce film dure exactement 140 secondes.
Vous avez aimé ? Nous oui. Bien sûr, vous avez tout de suite pensé à Thelma et Louise de Ridley Scott et vous avez tout de suite compris que, malheureusement, Susan Sarandon n'était pas libre pour ce tournage. Mais avouons tout de même que cet objet cinématographique relève du tour de force. "Le jeu", tel était le thème de ce onzième Nikon Film Festival. Un seul impératif, proposer un film compris entre 120 et 140 secondes. Débrouillez-vous avec ça.
"On a essayé de faire quelque chose de professionnel."
Coté découpage et storyboard, on comprend tout de suite pourquoi William Girard cite automatiquement "Tarantino, Wes Anderson et Sergio leone". En même temps, difficile de caser de longs travelling en aussi peu de temps. Un jour peut-être, le jeune Angoumoisin, étudiant en master de cinéma à la Sorbonne, aura-t-il tout loisir de s'exprimer sur un format plus classique pour le grand écran.
En attendant, William a tenté sa chance cette année avec ce concours comme... 1673 autres apprentis réalisateurs ! Le jury reflète sans aucun doute la renommée acquise par l'événement depuis dix ans avec Éric Judor comme président, mais aussi Louise Bourgoin ou Reda Kateb.
C’est un festival très prisé et qui intéresse beaucoup de monde dans le cinéma. C’est un tremplin en fait avec éventuellement des diffusions télé à la clef. La concurrence est énorme. Écrire une histoire sur un format aussi court, c’est vrai que c’est un challenge. C’est filmé avec une caméra amateur mais qui fonctionne très bien en 4K. On a vraiment essayé de tourner en condition "cinéma". On était quinze personnes avec chacun son poste. Moi, j’étais réalisateur et chef-opérateur, j’avais deux assistants réalisateur, un ingénieur son, une maquilleuse et des régisseurs. Tout le monde était bénévole, surtout des gens de mon âge étudiants de cinéma et on a essayé de faire quelque chose de professionnel.
"Le film n'a quasiment rien coûté."
Pour le décor, vous l'aurez compris, l'histoire imposait évidemment du "naturel", de la vraie route avec du vrai bitume. C'est donc vers sa Charente natale que William s'est tourné pour trouver le lieu idéal.
Je m’étais rapproché des collectivités locales en Charente pour trouver une route sur laquelle je pouvais tourner mon film sans avoir de problèmes liés à la circulation. Je cherchais des routes avec des feux rouges mais on m’a dit que ce n’était pas possible puisqu’évidemment ce sont des routes à forte circulation. On m’a donc conseillé d’aller tourner vers la base militaire abandonnée à Mornac. On m’a prêté des feux rouges et on a barré la route. Le maire m’a beaucoup aidé. On n’avait rien du tout en budget. Le film n’a quasiment rien coûté si ce n’est la nourriture sur le tournage et un peu de location de matériel.
Le festival propose également un prix du public. Il vous reste donc un peu moins de quarante jours pour cliquer sur "Roule ma poule !". Tout cela ne sollicitera au final que cent-quarante et deux secondes de votre précieuse attention. Merci pour lui.