Santé. Une école des métiers de service à la personne pour faire face au manque d'aides à domicile

Comme partout en France, le département de la Charente peine à recruter du personnel pour accompagner les personnes âgées dépendantes ou handicapées. Une école départementale des métiers de service à la personne doit voir le jour en octobre prochain.

Allongée sur son fauteuil, Renée ne va pas tarder à retomber dans le sommeil. Souffrant de la maladie d'Alzheimer, c'est Marine, auxiliaire de vie de l'Association Familiale de la Charente, qui est venu, comme tous les matins, prendre soin d'elle. A ses côtés bien sûr, son époux Guy qui désire à tout prix la garder à domicile. "Je suis bien réglé, le matin, à 15 heures et le soir. Je me suis organisé pour ça. Quand j’ai besoin de repos, je mets mon épouse en hébergement temporaire. Ce n’est pas que ça me plaise, mais c’est comme ça. Mais dans l’ensemble, il ne faut pas que je me plaigne", semble s'excuser l'octogénaire.

Tous les jours, trois personnes viennent l'aider à s'occuper de son épouse. La situation semble s'être quelque peu améliorée, car Guy aussi a dû faire face au manque de personnel. "Un jour, je suis tombé d’épuisement et je suis resté deux heures dans le coma. Quand on est fatigué et qu’on a dépassé le stade, on tombe", explique-t-il, "j’ai la chance d’avoir mon fils qui n’est pas loin et qui me rend grand service. C’est un avantage mais il a aussi son travail et je ne peux pas toujours l’ennuyer. C’est vrai qu’un peu plus d’aide, ça serait mieux".

Mais voilà, le bilan chiffré est sans appel : 120 postes à pourvoir et 200.000 heures d'aides à domicile non effectuées faute de professionnels. Pour le conseil départemental, le constat est simple et lapidaire : "Aujourd'hui en Charente, le secteur des services de l’aide à la personne est sinistré". Une situation qui évidemment ne date pas d'hier, mais qui a cruellement été mise en lumière pendant la pandémie. C'est que le métier, difficile et peu rémunéré, manque toujours autant de reconnaissance. Les aides à domicile sont même encore rarement considérés comme faisant partie du "monde du soin". Et pourtant...

Une augmentation des salaires de 13 à 15 % en octobre 2021

"Avec la crise, on a beaucoup parlé de ces métiers", constate Isabelle Lagarde, vice-présidente en charge des solidarités pour les personnes âgées et handicapées, "au début du confinement, les salariés de l’aide à domicile sont allés travailler, au départ, sans gestes barrières, sans matériel adapté. Parfois, elles nous l’ont dit, elles partaient travailler la boule au ventre. Mais elles souhaitaient être au plus près des personnes à accompagner dans les gestes essentiels de la vie. Quand il s’agit d’aider une personne à la toilette, pour la prise de repas, pour faire les courses, pour le ménage, etc…"

Démographie et augmentation de l'espérance de vie obligent, le secteur est en tension partout en France. Le premier avril dernier, Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’autonomie, annonçait une augmentation de 13 % à 15 % au 1er octobre 2021 des salaires des personnels qui interviennent auprès des personnes âgées dépendantes ou handicapées, du moins pour ceux du secteur associatif dont la branche venait de signer un avenant à sa convention collective. Nombre de départements ont décidé, de leurs côtés, de mettre la main à la poche.

"L’avenant 43 de la branche de l’aide à domicile qui va très concrètement augmenter les salaires des salariés d’aides à domicile dès l’automne", confirme Isabelle Lagarde. "Pour financer ces augmentations de salaires, l’Etat va prendre sa part et les départements aussi. C’est une attractivité et une des raisons pour lesquelles on peut avoir un peu plus encore envie de venir travailler auprès des personnes", espère-t-elle.

Pour susciter de nouvelles vocations, le département a également annoncé la création d'une école départementale des métiers de service à la personne. Cette formation de huit mois sera mise en oeuvre par le campus des Valois. Cours théoriques et pratiques seront notamment dispensés sur un plateau technique ambulant qui permettra d'acquérir au mieux les bons gestes. Par ailleurs, une bourse pouvant atteindre 1.000 euros par mois sera attribuée aux stagiaires en fonction de leurs revenus. 

"Sur le contenu, on a fait du sur mesure notamment sur les métiers liés à la perte d’autonomie pour que les gens soient bien préparés avec, en plus six semaines de stage", explique Jérome Sourisseau, président du Conseil Départemental de La Charente, "en échange, on leur demande de faire au moins cinq ans d’équivalent temps plein dans une structure d’aide à domicile. S’ils ne le font pas, on leur demande de rembourser la bourse perçue pendant le temps de formation. Mais on se dit que les gens vont venir, y goûter, apprécier ce métier et vont faire leur carrière".

Si au bout de cinq ans, les personnes souhaitent se reconvertir, le département s'engage à les accompagner dans leur évolution de carrière vers d'autres métiers comme aide-soignante ou animateur de vie sociale. La formation sera ouverte à tous public à partir de 18 ans, aussi bien en recherche d'emploi que désirant une reconversion professionnelle.

 

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