Vaccination contre les papillomavirus : un accueil chaleureux des médecins, et plus mitigé chez les parents d'élèves

Ce mardi 28 février, Emmanuel Macron a annoncé la vaccination gratuite de tous les élèves de cinquième volontaires contre les papillomavirus, à partir de la rentrée 2023. Cette décision, attendue par le corps médical, a été prononcée à Jarnac en Charente, alors que la Nouvelle-Aquitaine est une région pilote contre cette infection sexuellement transmissible.

Il promettait "une annonce décisive pour éradiquer le papillomavirus". Depuis le collège Jean Lartaud de Jarnac, Emmanuel Macron a annoncé qu'à partir de la rentrée 2023, tous les élèves en classe de cinquième pourront bénéficier gratuitement du vaccin contre les papillomavirus, s'ils sont volontaires.

En plus de ce rendez-vous vaccinal en cinquième, Emmanuel Macron annonce que les élèves des classes supérieures pourront bénéficier de rendez-vous médicaux et d'injections gratuits en ville, chez leur médecin, mais aussi dans les pharmacies, ou auprès d'infirmiers, d'infirmières et de sages-femmes.

Entre 11 et 14 ans, seules deux doses du vaccin Gardasil 9 sont nécessaires.

Satisfaction du côté de la communauté médicale

Pour Tyffanie Houpert, médecin légiste et coordinatrice du CEGIDD (Centre Gratuit d’information, de Dépistage et de Diagnostic des infections par les virus de l’immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles), cette décision est une bonne nouvelle, bien que tardive. Alors que 80 à 90 % de la population sera en contact avec un papillomavirus au cours de sa vie, aujourd'hui, 37 % des filles et 9 % des garçons sont vaccinés à l'âge de 15 ans.
Longtemps réservés aux adolescentes, ces vaccins qui sont recommandés de 11 à 14 ans, et idéalement avant les premiers rapports sexuels, sont également administrés aux garçons depuis 2021. 

Or, c'est avant le début de la vie sexuelle que le vaccin est le plus efficace. 

La cinquième c'est un très bon âge, plus tôt on le fait, mieux c'est.

Tyffanie Houpert

médecin

Les papillomavirus sont responsables chaque année de 30 000 lésions précancéreuses du col de l’utérus et de 6 000 nouveaux cas de cancers. Il s'agit principalement de cancers du col de l'utérus (qui causent un millier de décès annuels), mais également du vagin, de la verge, de l'anus, ou encore de la gorge et de l'œsophage.

Outre ces cancers, les papillomavirus causent chaque année 30 à 50 000 cas de lésions précancéreuses qui présentent des risques obstétriques pour les patientes, ainsi qu'environ 100 000 condylomes, ou verrues génitales, dont le traitement est douloureux et le coût psychologique important pour les personnes qui en souffrent.

La Nouvelle Aquitaine, région pilote

En Nouvelle-Aquitaine, 42 % des filles âgées de 15 ans sont vaccinées contre les papillomavirus, c'est plus que la moyenne nationale, mais les garçons sont en retard, avec seulement 6,2 % de couverture vaccinale.

L'Agence régionale de santé s'est positionnée pour être à la pointe de cette démarche préventive. Elle travaille depuis six mois avec les rectorats sur des dispositifs de vaccination en milieu scolaire, et lance un appel à candidature pour identifier des centres de vaccination publics. L'idée est de faire intervenir en milieu scolaire des soignants et soignantes issus de la médecine de ville.

L'autre mission de l'ARS, entamée il y a un an, consiste à informer les adolescents et leurs familles, puisque l'administration de ce vaccin sera uniquement basée sur le volontariat : "Il y a toujours une inquiétude de la part des parents, nous, on travaille avec un centre de pharmacovigilance, et il faut savoir qu'il y a 200 millions d'enfants qui ont été vaccinés depuis la mise en service [du Gardasil] en 2006."

Des parents d'élèves vigilants et surpris

Si les représentants de parents d'élèves accueillent bien la nouvelle de cette mesure de prévention sanitaire, ils restent toutefois prudents. "Je suis plutôt content qu'on prenne en compte la vaccination contre les papillomavirus, c'est la source de pas mal de cancers, mais pourquoi le faire aujourd'hui ?" s'interroge Guillaume Brun, président de la FCPE en Charente. "Depuis la pandémie en 2020, la FCPE demande des actions pour la santé psychologique des enfants et il n'y a pas de moyens. Aujourd'hui, le Président de la République trouve des moyens pour vacciner."

Selon lui, la prévention contre ces virus est très importante, mais il se demande si c'est vraiment une priorité : "est-ce que l'urgence, ce ne serait pas de sauver une génération d'élèves en souffrance ?"

De plus, après les vifs débats soulevés par la vaccination des enfants contre le Covid-19, d'autres parents d'élèves s'inquiètent : "Il risque d'y avoir un sentiment de défiance chez certains parents", confie Karine Ollier, représentante de la FCPE en Charente-Maritime. 

Même si le vaccin contre les papillomavirus est inoculé à travers le monde depuis 17 ans, la communication sera sans doute la clé pour élargir la couverture vaccinale, et tenter d'éradiquer ces virus au cours des prochaines années, voire décennies.

L'actualité "Société" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Nouvelle-Aquitaine
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité