L’Anses et Santé publique France lancent le 29 octobre l’étude Pestiriv dans 6 régions viticoles, dont la Nouvelle-Aquitaine. Objectif : comprendre la façon dont l’utilisation de produits phytosanitaires affecte les riverains. L’association charentaise Phyto-victimes applaudit cette annonce.
Habiter à proximité d’un vignoble est-il dangereux pour la santé ? Pour répondre à cette question, Santé Publique France et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ont annoncé le lancement d’une étude dans six régions viticoles pour mesurer l’exposition de la population aux pesticides. Baptisée Pestiriv, elle débutera le 29 octobre, notamment en Nouvelle-Aquitaine.
Les premiers résultats ne sont pas attendus avant 2024, mais le lancement de l’étude a déjà fait réagir les professionnels comme les associations. A l'instar de Phyto-Victimes, fondée en Charente, qui salue l’initiative. Structure associative, Phyto-Victimes apporte une aide matérielle et juridique aux professionnels atteints de pathologies liées à l’usage de produits phytosanitaires.
"Comprendre ce qu'il se passe sur nos territoires"
"Notre association a toujours voulu montrer qu’il y avait des dangers", a expliqué Annie Vaissière, administratrice de l’association Phyto-victimes, à France 3 Poitou-Charentes. "Cette étude va nous permettre de comprendre réellement ce qu’il se passe sur nos territoires. Il faut une utilisation plus raisonnée de ces produits. Tout en conciliant les intérêts des riverains et des agriculteurs."
[Enquête] ? Santé publique France et l'@Anses_fr lancent #PestiRiv, la première étude menée à l’échelle de la France métropolitaine pour explorer l’exposition aux #pesticides en zones viticoles et non viticoles
— SantépubliqueFrance (@SantePubliqueFr) October 19, 2021
? Pour lire le communiqué https://t.co/unJoHTEaK9 pic.twitter.com/ejfC3zPHFL
Dans le Poitou-Charentes, le vignoble s'étend surtout dans les départements de Charente et de Charente-Maritime, connus pour leur production de Cognac et leur usage record de glyphosate, un herbicide classé cancérogène probable depuis 2015.
Selon l’association de défense de l’environnement Générations futures, la Charente-Maritime est le département qui en achète le plus en France par rapport à sa surface cultivée. La Charente arrive juste derrière, en quatrième position.
De quoi nourrir des inquiétudes chez de plus en plus de riverains, sans jamais pouvoir s’appuyer sur des réponses scientifiques exhaustives. L'étude Pestiriv est la première de cette ampleur. Au total, plus de 3.000 riverains âgés de 18 à 79 ans feront l’objet d’un suivi biologique et environnemental. De l’urine, des cheveux ou encore des fruits et des légumes du jardin seront prélevés. "Jusqu'à présent, les études se concentraient uniquement sur les professionnels", a précisé Annie Vaissière de Phyto-victimes sur France 3. "
Le combat de Paul François, symbole de la lutte contre les pesticides
L’association Phyto-victimes a longtemps porté le combat de Paul François, céréalier à Bernac (Charente) contre Monsanto. Premier président de Phyto-victimes, l’agriculteur avait été intoxiqué en utilisant du Lasso, un herbicide alors commercialisé par la transnationale.
Avec l’association, il décide de poursuivre la firme en justice en 2007. Une longue bataille judiciaire démarre : il gagne son procès cinq ans plus tard, en 2012, et en appel en septembre 2015.
En octobre 2020, la responsabilité de Monsanto, racheté par Bayer est reconnue par la Cour de cassation. Une décision qui marque la fin de plus de 13 ans de combat pour Paul François, symbole de la lutte contre les pesticides.