Le club de rugby de Cognac, pensionnaire de Nationale 2, est en grande difficulté financière. Repris il y a moins d'un an par Jean-Charles Vicard, entrepreneur et ancien joueur, le club doit trouver 500 000 euros en urgence pour terminer la saison. La solidarité de tout le territoire est demandée par le président.
Faire front, serrer les rangs pour éviter la banqueroute. Fondé il y a 125 ans, le Cognac Rugby Charente est menacé de disparition. 500 000 € manquent dans les caisses du club pour finir la saison. La survie de l'un des bastions du rugby néo-aquitain ne tient plus qu'à un fil.
"Moi qui suis un enfant du club, ça fait mal de voir le club ici. Parce que quand on était petits, c’était l’équipe fanion qui nous faisait rêver, témoigne Léo Sauvètre, ailier du Cognac Rugby Charente. Il faut qu’on reste positifs. Nous, on doit s'occuper du sportif : il faut qu’on fasse le boulot sur le terrain. Après, on verra."
"Il faut que l'on continue"
Pourtant, l'été dernier, le rugby cognaçais pensait tenir son sauveur. Entrepreneur reconnu, Jean-Charles Vicard débarque avec ambition. Champion de France de deuxième division avec le club en 1995, en tant que joueur, il a aussi brillé dans l'élite avec le stade rochelais, comme talonneur. Aujourd'hui, il se sent esseulé.
"J’ai fait une lettre ouverte à tout le territoire : élus, institutions et grosses entreprises, pour qu’ils se mobilisent, rappelle Jean-Christophe Vicard. Le club de Cognac a toujours été un gros pourvoyeur de joueurs au niveau national. Il faut que l'on continue la formation et que l'on continue à éduquer les jeunes."
Des problèmes financiers auxquels s'ajoutent des sanctions sportives. La Fédération a prononcé il y a quelques jours la relégation en Fédérale 1. Le club de Nationale 2 a depuis fait appel. En coulisses, les dirigeants espèrent aussi récupérer les 6 points retirés sur tapis vert il y a quelques mois.
Préserver 50 emplois et 460 licenciés
“La pression de tout ce qu'il se passe... Ça impacte parce que tu as des joueurs avec familles, enfants, qui viennent de loin, d’autres joueurs jeunes qui aimeraient continuer leur carrière ici, parce qu’ils viennent du territoire, soupire Adrien Buononato, manager du Cognac Rugby Charente. Il n'y a pas de joueurs qui ont fait part de leur volonté de partir."
Lors du succès face à Saint-Jean de Luz, le week-end dernier, l'union a fait la force. Deux mille personnes réunies au parc des Sports. Un soutien également palpable dans les commerces. "On va essayer de se battre pour le remonter : pour moi, c'est même impensable, soutient Christian Cormenier, bénévole et supporter du club. Je connais le club depuis 45 ans." "Disparaître après 125 ans, ce n'est pas possible", abonde Cédric Sauvètre, gérant du bar-restaurant Le Galopin.
Une fois n'est pas coutume, le club se retourne vers les politiques. L'enjeu ? Préserver 50 emplois et 460 licenciés. "Si le club devait malheureusement être rétrogradé ou disparaitre, la structure pour les jeunes continuerait, promet Xavier Triouillier, vice-président de l'agglomération de Grand-Cognac, en charge de la politique sportive. La ville de Cognac et la communauté d'agglomération de Grand Cognac travaillent main dans la main pour essayer de sauver la situation du club."
Le 21 mars prochain, l'avenir du club sera à l'ordre du jour du Conseil de l'agglomération. Avec l'espoir d'une aide d'urgence, pour éviter le dépôt de bilan.