L'US Cognac, club charentais historique : une finale de championnat de France, une victoire en challenge du Manoir et plusieurs joueurs internationaux. L'époque du professionnalisme est plus difficile. Après une saison blanche en 2022/2023, un enfant du pays reprend les rênes : Jean-Charles Vicard, ancien talonneur de Brive, finaliste de la coupe d'Europe.
Au bord de la Charente tranquille, quelques péniches remontent paresseusement l'onde. À l'arrière-plan, l'imposante façade d'une grande maison de spiritueux. Presque une carte postale.
Le promeneur aurait pourtant bien tort de s'arrêter à cette impression de calme et de douceur : Cognac peut être féroce, toute la France du rugby le sait depuis bien longtemps.
En 1898, alors que ce sport n'est joué que dans quelques villes comme Paris et La Rochelle, un élève vient au collège avec un ballon ovale ramené d'Angleterre par son père. L'histoire d'amour entre Cognac et le rugby commence, elle ne s'arrêtera jamais :
Un an plus tard, le club est fondé : l'US Cognac commence par osciller entre première et deuxième divisions. L'apprentissage est rapide puisque dès 1922 un premier joueur cognaçais est sélectionné par le XV de France : le troisième ligne René Lasserre.
L'âge d'or
Au fil des décennies, les Cognaçais s'implantent solidement en première division jusqu'à ce qu'arrive une génération de joueurs en or, avec les internationaux René Biénès et Jacky Meynard. Les qualifications en phases finales se suivent, ils arrachent même une victoire en demi-finale du championnat de France contre le grand FC Lourdes de Jean Prat en 1954. Le titre leur échappe au profit de Grenoble, mais l'ambition reste : vingt ans plus tard, les charentais reviennent au sommet et remportent le prestigieux challenge du Manoir 1965 en direct à la télévision, accompagnés par les commentaires de Roger Couderc. C'est la consécration.
/regions/2023/10/13/rugby-3-6529652d51e10261895165.jpg)
Le club reprend ensuite les allers-retours entre première et deuxième division, mais la formation reste d'élite. Elle donne plusieurs internationaux dont un certain Gérald Merceron, l'un tout meilleurs demis d'ouverture du XV de France.
En 1995, alors que le jeune prodige Merceron fait partie de l'armada toulonnaise, l'US Cognac est en mission : gagner le titre de champion de France de deuxième division. Une mission accomplie le 4 juin sur le terrain d'Ussel face à Annonay. L'USC est sacrée avec un troisième ligne aile arborant une coupe mohawk impressionnante : Jean-Charles Vicard.
/regions/2023/10/13/rugby-2-65296547d0552158538157.jpg)
Sa performance impressionne et le CA Brive finit par lui proposer de rejoindre son effectif en 1997... en tant que talonneur. Il accepte et ce sont les débuts d'une belle carrière : une finale de coupe d'Europe avec Brive, avant de rejoindre La Rochelle puis Bourgoin Jallieu.
L'Us Cognac, elle, ne peut prendre le virage du professionnalisme et trouve sa place dans le rugby amateur. En 2017, c'est la fusion avec le voisin Saint-Jean-d'Angely. Les Charentais jouent les premières places de poule en fédérale 1, mais jamais la montée, malgré un manager général de choix : Fabrice Landreau, ancien talonneur et entraîneur des avants du XV de France.
Remonter la pente
L'entente finit par s'essouffler dans la nouvelle formule de nationale 1. Après deux saisons de maintien, elle finit par une campagne 2022/2023 difficile : tous les matchs sont perdus, un changement radical s'impose.
Les dirigeants cognaçais décident de mettre fin à l'entente, le club évoluera sous couleurs originelles en nationale 2 avec un tout nouveau président : Jean-Charles Vicard revient.
À 53 ans, le talonneur reprend les rênes. Plus de coupe de cheveux mohawk, mais un retour aux sources avec une volonté : insuffler une nouvelle dynamique.
Jean-Charles Vicard mène le club comme il mène l'entreprise de tonnellerie familiale :
- responsabilisation de l'équipe
- anticipation
- engagement.
Une certaine culture de la gagne, mais surtout l'envie de bien faire les choses, en intelligence avec le staff. C'est peut-être Benjamin Abbadie, l'entraîneur des avants, qui le décrit le mieux :
C'est un passionné de rugby, un amoureux de Cognac.... quand on gagne, c'est le plus heureux, et quand on perd, c'est le plus malheureux
Benjamin Abbadie, l'entraîneur des avants US Cognac
Nouveau départ, donc, pour l'US Cognac, avec un enfant du pays aux affaires. Et pour l'instant le courant semble bien passer avec le groupe : Cognac a gagné ses trois premiers matchs à domicile en ce début de saison. 2023/2024.
Retrouvez Rugby Magazine Nouvelle-Aquitaine sur la plateforme france•tv
