Contraception gratuite jusqu'à 25 ans : "c'est une avancée mais elle n'est pas suffisante" pour le Planning Familial

Olivier Véran, le ministre de la santé, a annoncé que la contraception sera désormais gratuite pour les femmes jusqu'à 25 ans. Cette gratuité était jusqu'alors réservée aux mineures. Pour le Planning Familial de Charente, il s'agit d'une réelle avancée mais il faut aller plus loin.

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"Il y aura une prise en charge de la contraception hormonale, du bilan biologique qui peut aller avec, de la consultation de prescription et de tous les soins qui sont liés à cette contraception pour toutes les femmes jusqu'à 25 ans", a déclaré le ministre de la Santé. Olivier Véran a ajouté que "cet élargissement de la gratuité représente un effort de 21 millions d'euros" par an. Le ministre de la Santé explique notamment, qu'il "a fait le constat, en lien avec les autorités scientifiques, d'un recul de la contraception chez un certain nombre de jeunes femmes, et le premier motif c'est un renoncement pour raisons financières".

"Les jeunes sont confrontés à problème d'accès à l'information sur la contraception"

Au lendemain de l'annonce du ministre de la Santé, nous avons joint une représentante du Planning Familial de Charente. Elle estime que cette mesure "est une avancée qui va dans le bon sens" mais ajoute "qu'il ne faut pas s'arrêter à mi-chemin". Elle explique, également, que les problèmes financiers n'expliquent pas à eux seuls les difficultés d'accès à la contraception. Pour Christine Mauget, le problème de l'information est tout autant déterminant.

"Il y a un double problème de diffusion de l'information. Tout d'abord auprès des professionnels de santé, médecins, pharmaciens et laboratoires qui, pour certains, ne respectent pas toujours la confidentialité. C'est d'autant plus vrai en milieu rural. On constate aussi que beaucoup de jeunes ne connaissent pas leurs droits. On demande une application stricte de leurs droits en matière d'accès à la contraception et la sécurité de la confidentialité est essentielle mais aussi la connaissance des réseaux qui peuvent les aider.

Christine Mauget, Planning Familial Charente.

Une délégation de tâches pour la première prescription

Pour bénéficier de cette gratuité des moyens de contraception promise par le gouvernement, les jeunes filles devront toujours être munies d'une ordonnance établie par un médecin, ce qui peut représenter une difficulté. Certaines d'entre-elles ne souhaitent pas avoir recours au médecin de famille mais elles sont trop éloignées des centres urbains où l'offre médicale est plus abondante. Pour multiplier les moyens d'accès à une première contraception, le Planning Familial demande depuis longtemps "qu'une délégation de tâches " soit accordée par le ministère de la Santé. 

Surtout en milieu rural, on a un vrai problème de confidentialité. Cette délégation de tâches permettrait de couvrir plus efficacement tout le territoire. Il faudrait que les infirmières, les conseillères conjugales des Centres de planification et d'éducation familiale puissent prescrire, une première contraception pour trois mois. Ensuite, il faudra consulter un médecin et cette délégation ne concernerait que la contraception hormonale donc les pilules". 

Christine Mauget, Planning Familial Charente.

 

"Le nombre des avortements restent stable "

La gratuité de la contraception était déjà accordée depuis 2013 aux jeunes filles de 15 ans à 18 ans, dont le taux de recours à l'IVG (interruption volontaire de grossesse) a nettement baissé depuis, passant de 9,5 à 6 pour 1.000 entre 2012 et 2018. Depuis août 2020, elle a été étendue aux moins de 15 ans. Le gouvernement avait alors indiqué, à la fin de l'année 2019, que "chaque année, près de 1.000 jeunes filles de 12 à 14 ans sont enceintes en France" et que "parmi ces grossesses, 770 se concluent par une IVG".

Pour le Planning Familial, l'effet de la gratuité de la contraception sur la baisse du nombre d'avortements n'est peut-être pas aussi évident.

C'est un levier mais ne n'est pas le plus efficace car les situations des femmes qui ont recours à un IVG  sont très variées. Les femmes qui ont un IVG n'ont pas forcément été confrontées à un problème de contraceptif. Il faut savoir que depuis 30 ans, le nombre des IVG pratiqués en France est quasi stable. L'avortement est avant une solution à un problème auquel les femmes sont confrontées. Il n'est pas un moyen de contraception.

Christine Mauget, Planning Familial 16        

 

Et pourquoi pas rendre gratuite la contraception masculine ?

Au nom du Planning Familial 16, Christine Mauget regrette aussi que cette gratuité, annoncée par le gouvernement, ne concerne que la contraception hormonale à l'exception d'autres moyens contraceptifs comme les anneaux, les préservatifs féminins et les patchs. Elle va même plus loin en soulevant la question des moyens contraceptifs à destination des hommes.

Ils pourraient aussi être gratuits car, aujourd'hui, nous constatons l'arrivée d'une nouvelle génération de garçons qui se posent la question de savoir comment contrôler leur fécondité. Ils souhaitent assumer la même part de responsabilité que les femmes. Là encore le problème de l'information est essentiel. Pourquoi n'avons nous plus de campagnes nationales sur le sujet" regrette-elle . "Il faudrait à nouveau des campagnes nationales et qui intégreraient aussi les hommes. Les campagnes nationales ont souvent plus d'impact que la diffusion au niveau local."

Christine Mauget, Planning Familial Charente

La mesure gouvernementale sur la gratuité des contraceptifs hormonaux, pour les jeunes filles jusqu'à 25 ans, entrera en vigueur au 1er janvier 2022.


Pour joindre la permanence du Planning Familial concernant les questions de contraception, sexualité ou d'avortement, un numéro vert (gratuit) est mis en place au niveau national. il faut composer le : 0800 08 11 11 
   

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