A Jarnac, la propagation du virus de la Covid-19 est allée très vite au sein de l'EHPAD de la Résidence Médico-Sosiale de la petite ville charentaise et le bilan s'est alourdi. Depuis la semaine dernière, on comptabilise, ce dimanche 25 octobre 2020, quatre décès et 68 cas positifs.
Les premiers cas de Covid ont été signalés le 19 octobre 2020 avec onze personnes testées positives et déjà vendredi 23 octobre, le virus avait touché 66 personnes dont 50 résidents. Deux étaient décédés au cours de la semaine dernière.
Ce dimanche, l'ARS (Agence Régionale de Santé) indique que deux autres personnes résidant à l'EHPAD sont décédées ce week-end, portant à quatre le nombre des victimes. Au total, 68 cas positifs ont été diagnostiqués, soit 50 résidents et 18 professionnels. D'autres résultats d'examen sont toujours en attente.
La proportion de personnes contaminées est particulièrement élévée dans l'établissement. L'ARS Nouvelle-Aquitaine précise aujourd'hui que plus de la moitié des résidents est touchée par le virus.
Pour Martine Liège, la directrice adjointe de l'ARS en Charente, la relative autonomie des résidents de cet EHPAD installé au sein de la Résidence Médico-Sociale peut expliquer la rapidité de la contamination.
Il s'agit d'un public relativement autonome qui participe à beaucoup d'activités et reçoit beaucoup de visites.... Nous avons des résidents autonomes qui se déplacent, qui mangent ensemble et participent à des activités, en portant le masque certes, mais avec une proportion importante de personnes en capacité de se croiser et de se rencontrer. La diffusion a été probablement plus rapide que dans certains établissements où les résidents sont plus statiques.
Du personnel médical venu en renfort
Le Plan Blanc a été déclenché dans l'établissement et les résidents placés à l'isolement dans leur chambre alors que les visites des familles sont toutes suspendues. L'activation de ce plan a permis à la structure, qui dépend du Centre Hospitalier de Cognac, de bénéficier de personnels supplémentaires.
Cet établissement est passé de trois postes d'infirmières à huit aujourd'hui dont deux postes de nuit. Des médecins et des infirmiers provenant de différents centres hospitaliers lui viennent en aide. Des médecins se sont proposés, aussi bien des gériatres, que des médecins coordinateurs ou même des libéraux qui sont venus renforcer l'équipe.
Deux médecins supplémentaires sont arrivés et demain matin, lundi 26 octobre, un autre médecin va arriver sur place. L'ARS précise que de nombreux résidents bénéficient d'assistance respiratoire à l'aide d'oxygène mais que, malgré tout, la situation devrait s'améliorer dans les prochains jours.
On voit que finalement très peu de personnes sont en détresse respiratoire aigüe. Il reste une personne en détresse respiratoire aigüe mais la situation commence à être vraiment bien maîtrisée.
La ville de 4.500 habitants sous le choc
La Nouvelle-Aquitaine compte d'autres clusters dans des établissements (Ehpad ou Esat) où le niveau de contamination est aussi élevé qu'à Jarnac mais la propagation parmi les personnes âgées s'est développée assez récemment. "A la fin de l'été, la contamination touchait plutôt les 15-40 ans et là depuis quelques semaines, nous avons à nouveau des cas positifs dans un population beaucoup plus âgée et notamment chez les plus de 65 ans." explique la directrice adjointe de l'ARS en Charente.A l'heure actuelle, la contamination est encore largement limitée à l'EHPAD mais dans la petite ville de 4.500 habitants, tout le monde est sous le choc et se demande comment cette situation a pu se produire alors que le département est parmi les plus épargnés par l'épidémie. Le maire de la commune avoue se sentir un peu démuni aujourd'hui alors que toutes les mesures de précaution lui semblaient respectées.
Ça montre que le virus est vraiment vicieux pourtant on a pris toutes nos précautions, nous avons prévenu la population, on leur a demandé de respecter toutes les règles sanitaires, ce que les Jarnacais ont fait. Malgré tout, le virus s'est niché dans cette Résidence Médico-Sociale à l'EHPAD.
Pour les familles séparées de leurs proches, ce moment est particulièrement difficile à vivre. La période du premier confinement avait déjà été pénible mais alors aucun résident n'était malade. Aujourd'hui au manque de contact direct engendré par l'isolement de leurs aînés s'ajoute la peur de la maladie.