En Charente, le petit coin de paradis de Benoit Delépine

Nouvel épisode de notre série estivale sur les "jardins secrets" des personnalités de Nouvelle-Aquitaine avec Benoit Delépine. Le réalisateur et créateur du Groland nous emmène dans sa Charente d'adoption.

Sous la frondaison luxuriante, seule une rafraîchissante petite brise tente en vain de couvrir le bruit de la Charente qui coule paisiblement à ses pieds. "Le paradis !", s'exclame bras levés au ciel l'homme de Picardie, Benoit Delépine. C'est ici qu'il a finalement posé ses valises après de trop longues années à Paris. En arrivant, l'ancien propriétaire de la ferme du village de Vars où il s'est installé l'avait emmené là au bord du fleuve.

"Quand je suis arrivé ici, je me suis dit « c’est là, c’est bon. Je peux finir ma vie ici ». C’est une petite presqu’île à l’intérieur de la Charente, tout le monde peut y aller, mais c’est sauvage et quand on se balade en canoé, en cinq minutes, on se retrouve dans une terre totalement vierge, en communion avec la nature et les animaux et on peut même se perdre avec une facilité déconcertante. La Charente fait beaucoup de méandres et finalement il n’y a pas beaucoup d’êtres humains qui  s’aventurent là-dedans et c'est juste là à portée de chez soi", s'extasie le réalisateur.

Les cinéphiles auront tout de suite reconnu l'endroit. Ils se rappeleront non sans émotion cette scène d'anthologie où Gérard Depardieu alias Serge Pilardosse dans le film Mammuth barbotte en caleçon dans la rivière, moment de grâce s'il en est. "Dès qu’il y a quelque chose de singulier, Gérard est toujours partant", nous explique Delépine, "c’était un moment très émouvant tout simplement. On était tous dans le silence comme ça et lui a pris, je crois, réellement du bon temps à nager dans une eau pourtant polluée au dernier degré ! (rires) A l’époque bien sûr ! Maintenant la Charente est complètement claire !"

Dans l'arrière cour de la ferme, trone fièrement un étrange silo transformé en fusée à la Méliès. Pour y accéder, il faut grimper une échelle, entrer dans le cylindre de métal et, en haut, bénéficier du calme et d'une vue à 360 degrés dans une improbable rotonde que le cadastre qualifie d'abri de jardin. C'est là qu'il s'isole pour écrire scénarios de films et sketches du Groland. Benoit appelle ça sa "fusée mentale". "C’est un endroit qui me permet de trouver des idées ailleurs dans les étoiles. Puisque ma mère me disait toujours que j’étais dans la lune, autant y aller vraiment !"

"Je suis originaire de Picardie, fils d’agriculteur, donc la campagne, pour moi, c’est très important et à Paris, je n’en pouvais plus", raconte Delépine, "à  deux heures et quart de Paris, je pouvais espérer télé-travailler en partie ici et on est tombé sur une maison incroyable avec des palmiers ! Moi, je croyais que les palmiers, c’était en Espagne, mais on était en Charente ! J’en avais deux en arrivant maintenant, j’en ai douze. On a flashé sur cette maison et on ne le regrette pas une seule seconde. Je suis très heureux et je crois que je « mourirai » ici, comme on dit au Groland".

En attendant de mourir, le Charentais d'adoption sillonne le département en voiture sans permis, arborant bien sûr fièrement un autocollant "GRD" sur la carosserie. "D’habitude, je suis plutôt en vélo électrique, mais cette voiture je l’adore. Je suis un peu le Elon Musk Charentais avec ma voiture pas électrique et ma fusée mentale. Comme le disait si bien Jacques Séguéla, quand t’es Grolandais, si a cinquante ans, t’as pas ta voiturette sans permis, c’est que tu as raté ta vie".

Evidemment, impossible de ne pas faire un détour de 40 kilomètres par Montemboeuf pour aller voir l'incontournable Charly Nebout, président du festival de l'imprévu. Le créateur du Groland vient souvent en pélerinage ici pour honorer la mémoire de la regrettée Mamie, figure tutélaire du village et ancienne tenancière du café sur la place de l'église qui faisait office du très sérieux consulat de la présipauté. "C’était la mamie universelle avec son petit caractère quand même", se souvient Delépine, outré que les nouveaux propriétaires de l'établissement aient pu effacer les fresques qui ornaient la façade du bistrot, "elle aimait beaucoup les artistes, elle accueillait tout le monde les bras grands ouverts et elle a tenu son bar jusqu’au bout. Elle est morte sur les planches derrière son comptoir !"

De la même façon, hors de question de ne pas aller se recueillir devant l'Hériboeuf, totem et emblème du village sur le "terrain neutre du Groland". Ce jour-là, une famille de touristes passe par là dans le cadre d'un jeu de piste lancé récemment sur le thème de l'univers absurde de l'émission de Canal. "Bœuf, c’est pour Montemboeuf et Héri, c’est pour Pougne-Hérisson dans les Deux-Sèvres", explique-t-il aux rejetons en vacances, "deux villages qui se sont jumelés sous la houlette de notre président et ça a donné cette magnifique bestiole qui a une particularité mais on n’en parlera un peu plus tard quand il n’y aura pas d’enfant…" Pour votre gouverne, la légende dit qu'une caresse bienveillante à l'endroit des testicules protubérantes de l'Hériboeuf porte bonheur.

Retour à Vars où Benoit Delépine a organisé une petite fête à l'occasion de la fin du tournage 100 % charentais de la série grolandaise "Plus belle l'eau de vie". Une façon sûrement de nous remercier de cette visite filmée et néanmoins fort sympathique. "Il faut dire qu’on a tout pompé à France 3. Groland et les informations régionales, maintenant « plus belle l’eau de vie », vous êtes nos collègues, vous êtes des pionniers !". Merci monsieur Delépine.

 

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