Dix-huit ans de réclusion criminelle ont été requis vendredi devant la cour d'assises des Vosges contre un Charentais et un complice, qu'il avait rencontré sur internet, pour les viols de leurs enfants.
Deux hommes et une femme comparaissent dans ce dossier depuis mardi à Epinal. Le parquet a assorti ses réquisitions d'un suivi socio judiciaire de 10 ans contre les deux hommes et un retrait total de l'autorité parentale. Les trois accusés, un couple originaire des Vosges, parents de deux garçons, et un homme domicilié en Charente, père de deux fillettes, étaient entrés en contact via un site de rencontres échangistes en 2012.Peu après, le père charentais des petites filles, divorcé, aurait livré à plusieurs reprises son aînée, 5 ans à l'époque, à l'homme en "échange" de sa femme. Âgés de 37 et 35 ans, le couple vosgien est accusé d'agression sexuelle de ses deux garçons, aujourd'hui âgés de 11 et 14 ans. Le Charentais est poursuivi pour complicité de viol. Il est aussi accusé d'agression sexuelle de ses deux filles, et de viol de la plus grande. La cadette avait 2 ans à l'époque des faits.
Sept ans d'emprisonnement ont également été requis contre l'épouse du couple, domicilié dans les Vosges, assortis d'un suivi sociojudiciaire de 5 ans sans déchéance de l'autorité parentale. Le parquet a relevé une "altération du discernement" de l'accusée, en estimant que celle-ci avait souffert du "syndrome de l'otage". "Victime du syndrome de l'otage, l'accusée était tombée amoureuse de son geôlier au point d'en oublier le tabou de l'inceste", a expliqué l'avocate générale, Alice Mazière.
En septembre 2012, le Vosgien avait confié son attirance pour les mineurs au cours d'une discussion sur un site internet échangiste. L'administrateur du site avait alerté la gendarmerie à l'issue de cette conversation, ce qui avait permis l'ouverture d'une enquête. L'avocate des enfants du Charentais, Me Danièle Trimoulinard, a estimé que les réquisitions étaient "adaptées à la gravité des faits", tandis que l'avocate de l'élément féminin du trio, Me Béatrice Founès, a dénoncé des "réquisitions injustes et inadaptées". Elle a insisté sur le fait que cette femme, "dans un état d'endormissement sous influence au moment des faits, s'était rendue compte du mal qu'elle avait fait à ses enfants".
L'accusé charentais "a conscience de la souffrance qu'il a infligée", a dit son avocat, Me Rémi Stephan, estimant que son client était "récupérable ". "Il a identifié ses démons et cherche à les combattre".
Le verdict est attendu dans la soirée.