32 millions de touristes ont séjourné dans notre région en 2019.
Combien seront-ils cette année ? Impossible de le prévoir. La filière est quasiment à l'arrêt à cause de la pandémie de Coronavirus.
Priorité : sauver la saison estivale. Mais comment ?
C'est dire l'inquiétude des acteurs de la filière en cette fin mars, après 10 jours d'un confinement sanitaire bientôt prolongé.
Les professionnels du tourisme voient déjà s'envoler tout espoir de lancer la saison en avril. Dans une France (et une Europe) confinées pour freiner la pandémie de Coronavirus, les vacances se passeront à la maison.
Au pays basque par exemple, 82 % des entreprises d'hôtellerie et de restauration sont actuellement fermées, selon une étude de la Chambre de commerce et d'industrie de Bayonne.
Et la filière tourisme se demande bien maintenant quelle sera la fréquentation estivale.
Michel Durrieu est directeur général du Comité régional du tourisme et conseiller spécial à l'Organisation mondiale du tourisme :
Ne comptons pas sur les vacances d'avril et certainenement pas sur les ponts du mois de mai. Aujourd'hui, il faut savoir comment gérer la saison estivale, en clair du 15 juillet au 15 septembre.
J'ai une certaine inquiétude. Sur la clientèle internationale, on aura un impact très important. Et combien de français partiront vraiment en vacances ?
Les frontières seront-elles ouvertes ?
Le chiffre d'affaire de la filière tourisme en France va baisser de 25 % cette année selon le cabinet Protourisme.
Son directeur général, le bordelais Didier Arino, estime déjà à 40 milliards d'euros les pertes financières pour l'ensemble des acteurs.
Le problème c'est le manque de lisibilité. Il y a beaucoup d'incertitudes.
Les frontières seront-elles ouvertes aux voyageurs cet été ?
En Europe, la situation épidémique est très variable selon les pays. Quid par exemple de nos voisins espagnols, l'un des principaux marchés pour la Nouvelle Aquitaine ?
Même constat au Comité régional du tourisme : la fluidité des déplacements aux frontières cet été est incertaine en fonction de la situation épidémique. Les capacités de vols seront réduites dans les compagnies aériennes.
L'an passé, 4 millions de touristes étrangers sont venus en Nouvelle Aquitaine. La donne risque de changer en 2020.
Miser sur les vacanciers français
Pour Didier Arino, si les français ne peuvent pas partir en vacances à l'étranger (pour raison sanitaire ou par manque de pouvoir d'achat à cause du confinement), ce pourrait être une chance pour le tourisme régional, principalement sur le littoral.
Les gens auront envie de sortir, de profiter du grand air. Cela pourrait atténuer l'impact de la crise sur la filière. Mais tout dépend de la fin du confinement : la fréquentation au pont de l'ascension (fin mai) pourrait être primordiale pour le lancement de la saison. Mais le risque, c'est que les professionnels du tourisme sur le littoral se retrouvent débordés cet été par un afflux de vacanciers
Mais difficile de prévoir où se rendront en priorité les vacanciers cet été selon le Comité régional de tourisme :
Les vacanciers vont privilégier les séjours dans les espaces naturels ou avec les membres de leur famille qu'ils n'auront pas vu durant le confinement.
Littoral, intérieur des terres, difficile à dire.
Mais je pense que les sites touristiques "confinés" seront touchés tout comme les lieux où se regroupent beaucoup de monde, explique Michel Durrieu
Attention à l'excès de promotion
Communiquer dès aujourd'hui ne servirait à rien concèdent les acteurs régionaux car les français n'ont pas la tête à partir en vacances, peut être pas les moyens non plus.
Quant à la communication à l'internationale, l'incertitude autour de la sortie de crise rend diffile toute action efficace.
Malgré tout, dès maintenant, une campagne de sensibilisation est lancée par le Comité régional du tourisme sur le thème de la solidarité.
Son nom : solidarité-tourisme.
Elle sera déclinée en vue d'aider les différents acteurs du tourisme dans la région explique le directeur général du Comité régional du tourisme :
28 millions de français séjournent en Nouvelle Aquitaine pour les vacances. On compte sur eux. Les touristes ont l'habitude de se rendre dans les mêmes endroits, les mêmes établissements.
Et on souhaite qu'ils réservent le plus tôt possible. On leur dit : n'annulez pas vos séjours, réservez maintenant en signe de solidarité.
Le principal problème, c'est l'excès de communication qu'il y aura après la période confinement pour relancer le tourisme.
Chaque région va promouvoir ses atouts pour attirer les vacanciers français. Au risque d'éclater un marché très incertain.
La crise de l'emploi saisonniers
La crise dans la crise : l'emploi saisonnier.
Les travailleurs qui feront la prochaine saison estivale ne seront pas recrutés au 1er mai. Leur droit au chômage sont prolongés exceptionnellement précise le Comité régional de tourisme.
Mais beaucoup d' entreprises de la filière tourisme, en manque de trésorerie après des semaines de fermetures, vont ajuster leurs besoins au maximum. Et l'emploi des saisonniers va en souffrir explique Michel Durrieu.
Des mesures d'accompagnement seront nécessaires pour ces salariés précaires selon la Région.
Les saisonniers représentent environ 25 % des 140 000 emplois de la filière tourisme en Nouvelle Aquitaine.