Coronavirus : explosion de la demande de tissus et de machines à coudre pour fabriquer les masques

Le masque, nerf de la guerre de la protection sanitaire. D’inutiles pour les personnes non malades du COVID -19, le masque artisanal est devenu recommandé. Vendredi 3 mars, l’Académie de médecine a finalement encouragé le port de ces masques en tissu.
 

En Gironde, certains n’ont pas attendu ce changement de cap.
C’est le cas de Michel Barbosa, concessionnaire Singer à Bordeaux et franchisé Mondial Tissus à Biganos. Dès le début du confinement et la fermeture de ses deux magasins, il a décidé de distribuer gratuitement du tissu et des élastiques au Centre communal d’action sociale de La-Teste-de-Buch, sur le Bassin d’Arcachon.

Même fermé, on a décidé d’être solidaires et on a réuni quelques couturières bénévoles pour assembler ces coupons de tissus avec des élastiques. Très vite, les gens nous ont réclamés des machines à coudre. Je leur en ai donc prêtés une vingtaine avec des kits de tissus , moyennant chèque de caution et obligation de retour du matériel à la fin du confinement.
 


Puis les militaires de la base aérienne de Cazaux ont également passé commande ainsi que le centre hospitalier d’Arcachon (uniquement pour la fabrication de masques barrières et non pas chirurgicaux).
 


Autant d’initiatives solidaires encouragées par les municipalités du bassin d’Arcachon.
Exemple : La Teste de Buch où 1 500 masques ont ainsi  été fabriqués. Puis distribués aux aides ménagères, et aux autres habitants les plus exposés.

Cette semaine, nous allons même nous lancer dans la fabrication de masques en tissu pour les enfants.
Jean-Jacques Eroles, maire de la Teste de Buch
 


En tant que pharmacien, il a été l’un des premiers sur le bassin d’Arcachon à se montrer favorable à ce genre d’initiative. Tout en rappelant :

Ces masques doivent être lavés régulièrement.

Et de préciser qu’ils ne peuvent en aucun cas remplacer les règles barrières recommandées par les autorités sanitaires (distanciation physique et lavage des mains).
 


Le retour de la machine à coudre 


Après les masques, bientôt les blouses pour les soignants ? Qui pour fournir le tissu et le matériel de confection adapté ? Philippe Leruth est le président du SITEMAC, syndicat professionnel représentant les importateurs et distributeurs de machines à coudre ( il est aussi le président de Singer, Pfaff et Husqvarna France ) :

Nous constatons que, suite aux mesures de confinement, de nombreuses personnes se sont remises à coudre, et que des besoins spécifiques à cette activité domestique se font ressentir et ne peuvent être compensés par des achats sur internet.

Il a donc écrit une lettre en ce sens au ministère du travail pour obtenir une dérogation permettant aux revendeurs spécialistes de machine à coudre de pouvoir ouvrir leur commerce. Pas de réponse pour l’instant.
 

Demande de dérogation du SITEMAC permettant aux revendeurs de machine à coudre d'ouvrir leurs magasins



Des tutoriels de fabrication de masques ont été mis en ligne pour mettre en avant le savoir-faire des fabricants de machines à coudre.

Au siège social du groupe SINGER, nous avons beaucoup d’appels de personnes qui souhaitent s’équiper. Or, nos magasins sont fermés (300 points de vente en France), nos services techniques aussi. C’est donc très compliqué. En temps de crise, il s’avère que les machines à coudre font partie des produits très demandés, ce fut le cas en 1973 lors du premier choc pétrolier.  Mais aussi en 2008 lors de la crise bancaire et financière de 2008. Nous ne sommes pas des commerces de première nécessité mais nous pourrions le devenir si le confinement s’éternise.
Philippe Leruth - président du SITEMAC
 

Sur internet, aussi, les vendeurs de machines à coudre témoignent d’une augmentation de la demande.

Vendredi dernier, c’était comme un « Black Friday » pour ma société de vente en ligne.
Roch Fernandez, gérant de la société « Coudre et broder.com » 

" On ne s’attendait pas à un tel afflux de clients, heureusement que l’on avait du stock ! Les gens achètent surtout des petites machines à coudre pour fabriquer des masques. Il s’équipent ou se rééquipent.  Preuve que le marché de la machine à coudre est relativement préservé par temps de crise. "
 

Le tissu a la cote

Une augmentation de la demande qui se confirme chez Mondial Tissus, leader français de la vente de tissu au mètre (86 magasins en France. Une dizaine sur le territoire de l’ex-Aquitaine dont celles de Biganos et Bordeaux en Gironde. Bernard Cherqui, directeur général de la marque a, lui aussi, au même titre que Singer France, répondu favorablement à plus d’une centaine de demandes venant de la part de professionnels de santé, uniquement pour la réalisation de blouses et de masques barrière :

Nous travaillons en interne, avec des employés volontaires, car nos magasins ne sont pas ouverts au public. Face à la demande, nous avons décidé de rouvrir notre site internet d’ici à la fin de la semaine.  Nous venons même de nous associer avec une usine qui va carrément fabriquer ces masques en tissu. Des masques lavables de catégorie 2 qui permettent de faire barrière au virus.  Pour nous, l’enjeu n’est pas économique, il est d’abord de répondre à l’urgence sanitaire.

La marque n’a pas encore été contactée par le gouvernement français. Mais, dans un contexte de pénurie de masques chirurgicaux et FFP2, les experts ont finalement validé les masques barrières pouvant apporter une protection supplémentaire aux populations.
L’AFNOR, association de normalisation, rattachée au ministère de l’industrie vient de mettre en ligne un mode d’emploi pour les fabriquer. De quoi stimuler la créativité des entreprises de tissu et de machines à coudre.
 
A l’époque du tout numérique, cette crise inédite nous rappelle que la machine à coudre, inventée par un Français en 1830, est un bien d’équipement particulièrement utile. En effet, c'est au français Barthélémy Thimonnier que revient le mérite de la mécanisation de la couture.
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