Coronavirus. À la maternité d'Angoulême, les papas sont confinés avec les mamans

Alors que le Covid-19 a contraint de nombreuses maternités à interdire ou limiter les salles d'accouchement aux papas pour freiner la propagation du virus, l'hôpital d'Angoulême a fait un tout autre choix, les deux parents restent avec bébé. A Poitiers, la clinique du Fief de Grimoire fera de même. 

Bien calé dans les bras de son papa, le petit Jules a de la chance car ses deux parents ne le quittent pas un instant depuis sa naissance le 3 avril.

Jour et nuit, le couple s'occupe de son bébé. Ludovic et Nolwenn sont confinés dans leur chambre à la maternité mais ils ne s'en plaignent pas. 

Ludovic y voit même quelques avantages. "Ça permet de ressouder les liens, d'être plus ensemble et de reporter toute notre attention sur notre bébé" analyse-t-il, heureux d'avoir été présent jusqu'au bout de la grossesse de Nolwenn malgré la crise sanitaire liée au coronavirus.Contrairement à de nombreux établissements qui ont fait le choix d'interdire ou de limiter la présence des pères pour limiter la propagation du Covid-19 (lire notre encadré), l'hôpital d'Angoulême autorise les parents à rester ensemble, en famille, à la condition qu'ils adoptent des règles strictes.  

Dès les prémices de l'épidémie de coronavirus, l'établissement a mis en place un protocole pour la sécurité des patientes, des nourissons et des soignants. Depuis un mois, il y a par exemple un circuit d'admission spécifique pour les femmes qui seraient positives au Covid-19, avec une équipe soignante dédiée. 

"Le confinement n'a fait que renforcer un certain nombre de mesures déjà en vigueur" assure Mélanie Roblin, gynécologue-obstétricienne au sein de l'hôpital d'Angoulême où la nurserie a été fermée. 

Huis clos familial

Papa et maman en tête à tête avec bébé tout le temps du séjour à la maternité, le huis clos familial est donc la règle à Angoulême. Mais la souplesse s'arrête là. Toutes les visites extérieures sont bien évidemment interdites, une mesure qui, si elle est globalement bien acceptée, génère parfois quelques frustrations. 

"La famille va devoir attendre, tant pis" reconnaît Anne-Sophie. Sa petite Zélie née dans la nuit du 4 avril patientera un peu pour les présentations. "Heureusement on a des tablettes numériques, on peut envoyer des photos."

En dépit de toutes les précautions prises par l'hôpital, accoucher en pleine pandémie mondiale est une angoisse supplémentaire pour certaines.

À 21 ans, Sofia dit avoir passé "plusieurs nuits à ne pas dormir."

Le pire aurait été d'être toute seule, mais quand j'ai vu qu'ils acceptaient les papas ici, j'étais rassurée. Et puis, tout le monde porte des masques.
- Sofia, 21 ans 

Son compagnon Florian à ses côtés acquiesce : "C'est bien tout ce qu'ils ont mis en place. Je voulais être là quand même, c'est notre premier." 

Naissance en visioconférence

Et quand les pères ne peuvent être présents, les équipes de la maternité d'Angoulême tentent de trouver des solutions. C'est ainsi que le 26 mars, Mathieu a assisté à la naissance de son petit dernier en visioconférence. Elliott est né par césarienne sous les yeux de son papa, resté à la maison pour garder sa grande soeur.

C'était assez spécial mais cela a rendu le moment assez magique quand même malgré les circonstances.
- Mathieu, papa d'Elliott 

Des circonstances qui poussent certaines futures mamans à envisager de zapper la case "maternité" pour accoucher à leur domicile.

Le docteur Roblin affirme avoir reçu de nombreux appels téléphoniques de patientes prises de panique à l'idée de quitter leur maison pour venir à l'hôpital.

Une décision qu'elle qualifie de "précipitée et absolument pas justifiée"

Nous mettons tout ce qu'il faut en place pour que les patientes continuent de vivre leur grossesse et leur accouchement dans de bonnes conditions malgré la crise sanitaire, le confinement et l'anxiété.
- Mélanie Roblin, gynécologue-obstétricienne


Reportage de Florent Loiseau,Freddy Vetault et Martine Sitaud :
La clinique du Fief de grimoire à Poitiers revient sur sa position
Lorsque nous avions eu Martin au téléphone mercredi, ce futur papa se disait "scandalisé" de ne pas pouvoir assister à l'accouchement de sa compagne Alice le mois prochain à la clinique du Fief de Grimoire à Poitiers.

La clinique l'avait informé que les papas devaient quitter les lieux deux heures après la naissance. "C'est essentiel pour moi d'être là pendant et après l'accouchement. Je ne comprends pas cette volonté de séparer les parents" avait-il alors protesté "d'autant que si on applique les règles d'hygiène, il n'y a aucun risque."

La clinique avait expliqué suivre les recommandations du Collège national des gynécologues-obstétriciens, position appuyée par l'Agence régionale de santé qui indiquait avoir "comme seul objectif la protection de l'état de santé des futurs parents et de leur enfant, et celle de l'ensemble des autres familles et des professionnels de santé qui accompagnent et prennent en charge chaque famille."

Les courriels envoyés à l'Agence régionale de santé et à la clinique ont finalement permis à ce couple d'avoir gain de cause. Ce 11 avril, la clinique du Fief de grimoire fait savoir sur son site internet que les papas seront désormais admis en salle de naissance et pourront rester confinés en chambre avec la maman et le bébé tout au long du séjour.
 
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