Depuis plusieurs jours, l'augmentation du nombre de patients hospitalisés et en réanimation en Nouvelle-Aquitaine semble ralentir. Faut-il y voir un signe d'espoir ? Le pic de l'épidémie sera-t-il bientôt atteint dans notre région ? Rien n'est moins sûr...
Quand le pic de l'épidémie sera-t-il atteint ? C'est la question que tout le monde se pose.
En Nouvelle-Aquitaine, la situation est moins aigüe que dans d'autres régions. L'épidémie évolue plus doucement, selon les soignants et selon les chiffres de Santé Publique France, l'organisme chargé d'effectuer des statistiques sur la pandémie.
Depuis plusieurs jours, la courbe des hospitalisations dans la région (en rouge) voit apparaître un plateau. A la date d'hier, lundi 6 avril 2020, 783 personnes étaient hospitalisées. Depuis une semaine, ce chiffre augmente de seulement 10 ou 20 par jour, contre une centaine fin mars.
La courbe du nombre de personnes admises en réanimation dans les différents hôpitaux de Nouvelle-Aquitaine continue elle-aussi de s'aplatir, malgré l'arrivée de malades issus d'autres régions.
247 personnes sont en réanimation, à raison de 3 ou 4 patients supplémentaires par jour, contre 15 à 20 fin mars.
En Gironde, le département qui compte le plus de patients en réanimation (91 personnes), ce chiffre n'augmente presque plus depuis une semaine.
Il reste en revanche un point noir : l'évolution du nombre de décès, qui reste sur une hausse constante d'une dizaine de personnes par jour, et même 18 décès ces dernières 24 heures.
La Nouvelle Aquitaine moins touchée
Près d'un mois après le début de l'épidémie en France, la Nouvelle-Aquitaine semble toujours relativement épargnée. Le nombre de personnes hospitalisées ou en réanimation n'a rien avoir avec ceux du Grand Est (4 fois plus élevé) ou de la région parisienne (12 fois plus).
A cela, plusieurs raisons. La région n'a pas connu de "clusters" (regroupement de plusieurs cas sur un petit territoire), et la recherche des cas contacts s'est faite de façon systématique et poussée pendant assez longtemps.
La densité de population y est relativement faible, et dans une certaine mesure la région a bénéficié de son enclavement.
Enfin, le confinement est arrivé chez nous à un stade plus précoce de l'épidémie, et a donc été plus efficace.
Et maintenant ?
Selon Laurent Filleul, épidémiologiste à Santé Publique France à Bordeaux, il est encore impossible de prédire l'évolution de l'épidémie dans les prochains jours et les prochaines semaines.
Pour ce spécialiste, il sera possible de parler d'un pic ou d'une décrue uniquement quand tous les indicateurs iront dans le même sens, et ce n'est pas encore le cas. La courbe des décès, par exemple, poursuit une montée importante.On ne connaît pas ce virus, et par exemple, on ne peut pas comparer son évolution avec celle des années précédentes comme on le fait avec la grippe. Pour faire des projections épidémiologiques, on se base sur plusieurs indicateurs qu'on n'a pas aujourd'hui pour le Coronavirus : la vaccination, l'immunité collective etc...
Tous les scenarios sont encore possible : le pic peut être proche et la courbe s'infléchir, mais il peut aussi y avoir une aggravation. La fameuse vague tant annoncée peut arriver avec du retard en Nouvelle-Aquitaine. Ou une recrudescence des cas pourrait apparaître à la sortie du confinement.
Pour l'instant, le confinement semble fonctionner, et permettre d'éviter la saturation de nos hôpitaux, d'où l'importance de respecter cette stratégie.