Un réveillon de Noël tout particulier pour Oxana Kravets et sa fille Mariana : le premier qu'elles passent en France, à Bort-les-orgues, dans leur famille d'accueil.
Une table de fête installée à la dernière minute. Les petits plats dans les grands. Un joli plateau de fruits de mer et le tintement des verres qui trinquent. Une famille en apparence banale, si ce n'est le petit accent d'une des convives.
"A la vôtre ! A votre retour vous nous avez manquées !"
Oxana Kravets et sa fille Mariana de 8 ans reviennent de Kharkiv en Ukraine. Elles sont allés voir toute la famille restée là-bas. Les parents, le mari, Pacha, les frères et sœurs.
Un premier retour au pays après 10 mois d'exil. Ici à Bort les Orgues, après deux jours de voyage retour en bus, elles découvrent le traditionnel réveillon de Noël français avec leur famille d'adoption.
Muriel Jount avait quelques liens avec l'Ukraine. Elle a mis en relation des réfugiés avec des familles d'accueil pour trouver un logement et du travail. Une trentaine d'Ukrainiens sont ainsi hébergés dans la commune par la simple bonne volonté des habitants et hors de tout cadre associatif. C'est grâce à Muriel que Roland Trouche et sa femme Marianne jouent depuis 10 mois le rôle de grands-parents de substitution pour Oxana et sa fille.
"On ne peut passer deux ou trois fois dans la semaine sans y aller. Ça peut nous arriver pareil chez nous. On serait heureux d'être accueillis". "Un lien affectif réel s'est tissé" confirme Muriel.
Logées dans l'appartement de fonction de l'école primaire, la jeune femme et sa fille tentent de reconstruire leur quotidien. Derrière les sourires, l'inquiétude constante.
"Ici c'est mieux pour Mariana, ma fille. Là bas, il fait froid, -14°, pas de lumière ni de chauffage et le bruit des sirènes. C'est difficile. Ma fille avait peur" confie Oxana.
Pour garder le lien avec le Pacha, le papa, il y a internet et le téléphone. A condition qu'il n'y ait pas de coupure d’électricité.
Devant leur écran d'ordinateur, Oxana et sa Mariana tentent un appel. La sonnerie se répète mais personne ne répond.
"Pas d'électricité en Ukraine explique Oxana à sa fille déçue, c'est difficile".
Ce soir elles ne parleront pas à leur famille ukrainienne avant de se coucher. Mais elles gardent l'espoir de pouvoir au moins partager en ligne avec eux le jour de l'Épiphanie, le 6 janvier prochain : jour du Noël ukrainien.