Confinement : quand un rugbyman pro briviste devient livreur de fruits et légumes

Guillaume Galletier, 3/4 centre au CAB, vit son confinement chez lui, dans le Sud. Pour se rendre utile et tromper l'ennui, le rugbyman a décidé de venir en aide à un agriculteur du coin en s'improvisant livreur depuis une semaine.

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Habituellement, il distribue plutôt des plaquages virils sur les pelouses du Top 14. Mais coronavirus oblige, cette activité est en suspens, alors Guillaume Galletier, pas homme à rester sur son canapé toute la sainte journée, s'est trouvé un nouveau job, livrer des fruits et légumes à des particuliers.

La (belle) histoire est sortie un peu par hasard, un des néo-collègues de Guillaume étant voisin d'un journaliste de RMC, Julien Landy, qui bien sûr se saisit de l'aubaine et publie l'info. Joint par téléphone juste avant de remonter dans son fourgon, le 3/4 centre a bien voulu faire une entorse à sa discrétion et sa modestie naturelles pour nous raconter cette improbable reconversion temporaire.

"Depuis le début du confinement, je suis chez ma mère à Pignon, dans l'Hérault. Mais bon, on a plus l'habitude de rester ensemble aussi longtemps (rires) ! Donc au bout de quelques jours je commençais à saturer, il fallait vraiment que je bouge." Guillaume s'en émeut auprès de son parrain, qui lui parle d'un copain agriculteur débordé à Aimargues, dans le Gard, à 40 minutes de route. "Spontanément je lui ai dit, je suis chaud !"

Dans le quart d'heure suivant, Armand Tourvieille, le producteur, appelle et lui donne rendez-vous le lendemain matin à l'entrepôt. "C'était assez inattendu, mais génial à la fois", explique le maraîcher. "D'autant qu'on a tous les deux été biberonnés au rugby, on se comprend facilement. Et on avait vraiment besoin de main d'oeuvre depuis qu'on a lancé notre système de livraison à domicile, qui cartonne !"

Après avoir bien sûr demandé l'autorisation au CAB, qui l'a plutôt encouragé, le joueur de 23 ans est donc embauché sur le champ, et muni d'un vrai contrat de travail pour être en règle. Equipé d'un masque et de gants, il prend donc le volant d'un fourgon, et c'est parti pour des livraisons de fraises ou autres salades dans la région. "J'ai mon bon de commande et un GPS, je galère un peu parfois avec les adresses mais on finit toujours pas réussir à sonner chez les clients." Armand, ravi de son nouvel employé, confirme : "il n'a pas eu besoin de formation. C'est un très, très bon gars. Il prend son rôle très à coeur, un peu comme sur un terrain de rugby quoi."
 



Guigui, comme le surnomme son nouveau patron, est donc engagé sur le front de la lutte contre le virus en "deuxième ligne, même s'il est 3/4", souligne l'agriculteur avec malice. "Ce n'est que du positif", abonde Guillaume. "Ca me permet de sortir et de me rendre utile. Moi je suis jeune et en pleine forme, je peux et je veux aider !"
 

Le rugby reste en toile de fond


Pour l'instant, aucun client ne l'a reconnu, et "c'est tant mieux, ce n'est pas du tout le but." On l'aura compris, Guillaume ne cherche surtout pas à se faire de la pub. Et le rugby dans tout ça ? "Je suis bien obligé de continuer à suivre les exercices physiques envoyés par le CAB. Mais parfois après une journée complète de boulot, c'est pas évident. C'est là qu'on se dit que rugbyman, c'est un beau métier (rires) !"

"Je n'avais jamais connu la double journée. Des fois on se moque un peu des anciens quand ils nous racontent leurs souvenirs, mais là je comprends. Je ne sais pas comment ils faisaient ! Mon père jouait en 1re division (à Nîmes, entre autres), tout en bossant dans une banque, chapeau !"

"Son papa, je le connaissais bien. Du coup, je suis la carrière de Guillaume depuis le début, je suis allé le voir jouer à Montpellier par exemple. Le pauvre, il ne marque pas beaucoup d'essais, mais c'est un grand défenseur", chambre Armand. Grâce notamment à sa recrue de luxe, le producteur, installé à Aimargues depuis 1979, parvient à écouler toute sa production, ce qui était au départ loin d'être gagné.
 


Un autre Galletier dans les champs ?

Pour l'instant, pas de date de fin prévue au contrat de Guillaume, qui enchaîne les tournées, de 8h du matin jusqu'à épuisement des stocks. Et qui a réussi à entraîner dans l'aventure son cousin Kélian Galletier, lui aussi joueur professionnel à Montpellier. Le 3e ligne internationnal a promis de venir sur l'exploitation cette semaine aider à planter les melons. "J'ai hâte de voir son 1m90 plié dans les champs", conclut Armand dans un ultime sourire.

Quant à Guillaume, il reviendra à Brive dès que les entraînements reprendront, avec désormais une nouvelle corde à son arc, et ses valeurs de solidarité toujours chevillées au corps. Sans oublier une bonne dose d'humour, comme en atteste son dernier tweet !
 


 
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