Nouvel épisode de notre série consacrée aux quartiers prioritaires du Limousin. Direction Brive et le quartier des Chapélies. C’est là qu’à la fin de la guerre, le ministère de la recontruction a décidé d’implanter une importante cité d’habitations. Elle a beaucoup évolué depuis, mais la tradition perdure…
À l’est de Brive, le quartier des Chapélies compte un peu plus de 1600 habitants. On y trouve des habitations collectives sous la forme de traditionnelles tours HLM qui portent le nom de « Vénus », « les Genets », mais aussi des pavillons individuels et des bâtiments, plus modernes, issus de la rénovation urbaine. Cette variété d’habitats donne une image agréable et aérée au quartier.
Les Chapélies, contrairement à certains quartiers prioritaires, compte également encore plusieurs commerces. Parmi eux, une boucherie "historique" est installée depuis une soixantaine d’années à la même adresse.
Mes grands-parents faisaient partie des premiers habitants des Chapélies. Ils ont connu les premiers bâtiments et mon grand-père a construit la boucherie.
Alexandre TillardArtisan boucher
Le quartier compte aussi de nombreuses infrastructures publiques : deux écoles, un centre social, une résidence pour personnes âgées, une crèche, un city stade, etc.
Un peu d’histoire
Au début du XXe siècle, les Chapélies sont un paisible hameau rural de la commune de Brive. Jusqu’en 1939 où se produit une première transformation importante : « Chez Issier, l’armée réquisitionne quatre hectares pour y construire des baraquements pour ses soldats trop nombreux pour la caserne », rappelle le bailleur Brive Habitat dans un livret d’accueil destiné aux nouveaux habitants en 2022.
Dix ans plus tard, nouveau bouleversement. Le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme décide de créer « une importante cité d’habitations à bon marché » pour faire face à l’explosion démographique. Dans la foulée, un groupe scolaire est créé pour accueillir 800 élèves.
À partir de 1954, Brive Habitant est en charge des vastes travaux d’aménagements : ouverture de l’avenue Dautry, construction de cinq barres d’immeubles, soit plus de 300 logements. Ces infrastructures sortent de terre dans les années 60 et 70. Les derniers bâtiments, Pluton, Saturne, Jupiter et Mercure, sont construits en 1997. Mais dans les années 2000, comme dans la plupart des cités, l’ambiance de la ZEP des Chapélies s’est dégradée. Les immeubles ont vieilli, la population s'est paupérisée et les problèmes d’insécurité empoisonnent régulièrement la vie des habitants.
Le renouveau du quartier
À partir de 2010, les Chapélies, devenues quartier prioritaire de la ville (QPV), bénéficient d’un vaste programme de rénovation urbaine : 176 logements sont démolis et une partie de la population est relogée à l’extérieur. De nouveaux logements voient le jour dont une quarantaine de pavillons individuels.
D’importants aménagements publics sont également réalisés pour redynamiser la vie du quartier. Autour de la place Mandela, une aire de jeu est installée, de nouveaux bâtiments aux normes environnementales accueillent la médiathèque municipale et le centre social Raoul Dautry. « Ça a vraiment changé la physionomie du quartier, notamment l’artère principale, l’avenue Dautry qui traverse le quartier, offre maintenant une vue très dégagée », observe Cécile Hironde, la présidente du conseil de quartier 7 dont font partie les Chapélies.
Un jardin collectif et intergénérationnel
Pour poursuivre ce renouveau du quartier, le conseil de quartier a lancé en 2022 le projet d’un jardin collectif. « Au cours de la première mandature, on avait fait beaucoup de « béton », réfection des routes, des trottoirs, etc. On souhaitait faire quelque chose d’avantage au service du collectif. On a posé cette idée et on a fait un sondage auprès des habitants », explique Cécile Hironde. Sur une parcelle d’un peu plus de 700 m², mise à disposition par la mairie de Brive, le conseil a installé 45 arbres fruitiers, des aromates et un potager, issus de pépiniéristes du bassin de Brive.
On voulait un projet collectif, intergénérationnel et au cœur du quartier.
Cécile Hironde, présidente du comité de quartier 7
Le jardin est situé à deux pas du foyer résidents "les Genets" et du centre social. Le comité a financé le projet et la gestion a été confiée au centre Raoul Dautry. "C’est le centre qui fait vivre le jardin en proposant des ateliers et des animations en lien avec les écoles, le foyer logement et les habitants", poursuit la présidente. Inaugurées en mai 2024, les plantations sont faites au fur et à mesure des saisons et la petite cabane de jardin est devenue un lieu de rencontre pour les habitants. "On voulait un lieu où les gens peuvent se poser ou gratter le sol s’ils le souhaitent. L’aspect potager nous paraissait important aussi". Cet été, une partie des fruits et les légumes récoltés ont ainsi été mis à disposition gratuitement grâce à un « frigo solidaire » installé au centre Dautry.
Dans la même veine, le conseil de quartier a décidé de participer à un nouveau projet d'envergure, la désimperméabilisation de la cour de l’école primaire Thérèse-Simonet. De quoi encore améliorer l'image du quartier.
En juillet 2024, nous sommes allés à la découverte du quartier et à la rencontre des habitants. Voici le reportage de cette petite visite.