Les défaillances d'entreprises ont augmenté de près 25% en France en un an. Une situation qui touche les petites comme les très grandes sociétés. À cette occasion interviennent alors des administrateurs judiciaires, dont l’activité est, souvent dans l’ombre, pourtant primordiale. L’une des professionnelles les plus réputées du pays est une Corrézienne, Hélène Bourbouloux, dont la discrétion n’a d’égal que l’influence.
Il n’est jamais bon, pour une entreprise, d’avoir affaire à un administrateur judiciaire, car c’est alors signe qu’elle est en (grande) difficulté.
Le métier d'administrateur judiciaire
Lien entre la société et le tribunal, il intervient en effet lors des procédures de sauvegarde et de redressement judiciaire, pour, au mieux, préserver l’activité et l’emploi, ou, au pire, trouver des solutions pour chercher des repreneurs et régler les créanciers.
Alors que le taux des défaillances d'entreprises a augmenté de près 25% en France, entre mai 2023 et mai 2024, tous secteurs confondus, autant dire que la profession, elle, se porte à merveille ! Et l’une de ses stars est une Corrézienne, Hélène Bourbouloux.
Une star de la profession
Née à Tulle, mais ayant passé son enfance et ses premières études à Brive, Hélène Bourbouloux est diplômée d’HEC, et titulaire d’une licence de droit Panthéon-Sorbonne.
C’est, presque paradoxalement, lors d’un stage d'administrateur judiciaire au sein d’un cabinet qui fait lui-même une faillite frauduleuse, que sa vocation naît.
Elle obtient son diplôme d’administratrice en 2001, et s’associe dans un cabinet, dont elle prend les rênes en 2004.
Depuis, elle est considérée comme l’une des plus influentes de la profession, s’étant occupée, entre autres, de Solocal, Petroplus, Casino, Orpéa, Brandt, La Redoute ou encore Atos.
En 2015, le magazine Challenges lui décerne le prix de la femme d’influence de l’année et, en 2021, le magazine Marianne la désigne femme la plus influente de France, ce qu’elle a tendance à réfuter.
Elle dirige aujourd’hui, avec d’autres associés, FHBX, un cabinet qui compte 110 salariés, et qui possède 18 implantations sur le territoire.
Une rencontre avec France 3 Limousin
Bien que discrète, elle a reçu une de nos équipes, pour parler d’elle, de la situation économique, de sa profession et de ses passions.
Son métier, elle le compare volontiers au monde médical, adapté aux entreprises.
"On intervient un peu comme un docteur des entreprises, ou plutôt urgentiste. Parce qu’on agit avec pas beaucoup de temps et, en général, pas beaucoup de moyens. Mais la loi offre pas mal d’outils dans les procédures, pour accompagner les entreprises en difficulté."
Les milliers de dossiers qu’elle a traités, des petits anonymes de PME aux plus médiatiques de grandes entreprises ; le fait qu’elle connaisse et parle avec les plus hautes autorités économiques et politiques du pays… Tout cela lui fait porter une vision accrue et sur la situation économique.
"Ce qui est particulièrement dur aujourd’hui, c’est qu’on sort d’une période où les entreprises ont été massivement soutenues. Et c’est heureux. Mais certaines étaient déjà en difficulté. On n’a pas fait de différences et, statistiquement, on a eu raison. Mais elles se retrouvent maintenant, quatre ans plus tard, avec une grosse dette à rembourser, parce que la France a fait le choix de soutenir les entreprises par le prêt, et non pas par la subvention. Elles n’ont pas forcément démérité, ce sont des entreprises qui peuvent être profitables, mais pour autant, elles le sont insuffisamment pour assumer toutes leurs dettes."
Une "fille du rugby", dont le cœur bat en Corrèze
Selon ceux qui la connaissent bien, Hélène Bourbouloux se caractérise par son authenticité, héritée de la Corrèze. Preuve de son attachement, et de son influence, on dit que la future implantation d’un casino à Pompadour lui doit beaucoup. Mais, plus encore, sa terre natale, omniprésente dans son bureau, est à nouveau son fief. Lorsqu’elle n’est pas à son cabinet, implanté à quelques centaines de mètres de la Défense, à Neuilly-sur-Seine, elle est à Lubersac.
"Inexorablement, on revient en Corrèze. Pour moi, le Covid, je le reconnais, a changé complètement ma façon de vivre et de travailler. Parce que mon conjoint n’est pas revenu depuis le confinement ! Depuis le 15 mars 2020, il est installé en Corrèze, et donc moi, je rentre le jeudi soir, pour remonter le lundi. Avec internet, le wifi, le téléphone, je travaille en distanciel, et je vois les arbres en fond d’écran. Et d’avoir un fond d’écran vert, qui ralentit un peu la frénésie professionnelle, c’est pour moi indispensable."
D’autant plus que cela lui permet de concilier son travail avec sa passion, le rugby, elle qui est abonnée au CA Brive.
"Je suis une fille du rugby. Mon père a fait beaucoup de rugby, et cela l’a amené à se promouvoir. Professionnellement. Socialement. À rencontrer ses meilleurs amis. C’est un vrai ciment en Corrèze le rugby ! Et je suis par ailleurs très proche, la vie est bien faite, de notre actuel président de la Fédération Française de Rugby, Florian Grill. On partage les valeurs, et on voit dans le rugby une capacité à cimenter la société."
