Après les deux nuits de gel début avril, les viticulteurs de Corrèze font le bilan et espèrent encore atténuer les pertes de raisins. Pas couverts par le régime des calamités agricoles, ils pourront toutefois bénéficier d'un coup de pouce de l'Etat et attendent des précisions.
Alors que le mercure va redépasser les 20 degrés en Corrèze jusqu'à ce week-end, René Maury repense aux 27 degrés enregistrés autour de Donzenac en mars. "Le bouleversement climatique, c'était cette chaleur en mars qui a fait pousser rapidement la vigne trois semaines en avance" précise le responsable de la coopérative des côteaux de la Vézère, 23 hectares de vignes (en blanc, rouge et rosé) désormais en bio qui emploient une dizaine de personnes.
Dans la nuit du 7 avril, le gel s'est alors abattu sur ces parcelles : - 2,6 degrés. "Grâce à nos trois stations météo, on a pu évaluer en direct la situation. C'est à – 4 degrés que tout aurait été détruit" dit-il. Au final, près de 40 % des vignes ont été touchées.
C'est à peu près le même constat pour Jean Mage, producteur de vin paillé à Brivezac. Dans ce secteur au sud du département, les pertes sont importantes à cause des - 3 degrés surtout sur les cépages de blancs, plus précoces que les rouges.
Il y a de gros écarts entre les parcelles. Normalement sur ces épisodes de gel, celles qui sont les plus basses au fond de la vallée sont les plus touchées mais là ce fut plutôt les coteaux.
Le président de la fédération des vins de Corrèze avait allumé des braseros sur ses quatre hectares. "Par rapport à l'investissement, je ne suis pas forcément convaincu de l'efficacité."
Pas de régime de calamité agricole
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé mi-avril une aide d'un milliard d'euros pour le secteur agricole touché par le gel dont des enveloppes d'urgence. Mais contrairement aux producteurs de pommes et d'autres fruits, très touchés aussi dans le département par l'épisode climatique, les viticulteurs ne sont pas couverts par le régime des calamités agricoles qui donne droit à des indemnisations (dans la limite de 40 % des récoltes perdues).
Pour autant, ils bénéficieront comme les autres de reports et d'exonérations de charges ainsi que des mesures de chômage partiel si nécessaire. "Ce n'était pas le cas lors du gel de 2017 donc c'est bien mais ça devrait rester limité. Nous attendons des précisions sur les aides promises aussi au secteur viticole par le gouvernement" indique Jean Mage.
"Pour faire face aux intempéries, il reste la possibilité d'assurer le vignoble mais je pense qu'un vigneron seulement sur dix l'est car les primes sont trop élevées" explique Jean Mage. "Cela représenterait pour moi entre 10 et 15 000 euros d'assurance par an pour quinze hectares", selon René Maury.
Pour lui et les autres, il faudra vraiment faire les comptes à l'automne au moment des vendanges. D'ici là, il espère une stabilité du temps dans les semaines à venir.
"Dans les parcelles sinistrées, l'espoir se porte sur les contre-bourgeons. De nouveaux bourgeons qui pourraient refaire des pousses et compenser en partie la perte des rameaux principaux perdus" conclut René Maury.