Quelle actualité a marqué 2024 ? On a posé la question à Gaël Faye, Amélie Nothomb et Maylis de Kerangal à la Foire du livre de Brive

La Foire du livre de Brive est l’occasion de rencontrer des auteurs et autrices aux paysages littéraires différents. On a posé trois questions à Gaël Faye, Amélie Nothomb et Maylis de Kerangal sur l'écriture, la place des femmes dans la littérature en France et les actualités qui les ont marqué cette année.

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La Foire du livre de Brive bat son plein depuis ce vendredi et jusqu'à ce dimanche soir 10 novembre. Chaque année ce sont jusqu'à 80 000 visiteurs qui déambulent dans les allées de la Halle Georges Brassens et de l'Espace des 3 Provinces. Ce dernier accueille la BD et la littérature jeunesse.

Plus de 400 auteurs et autrices viennent dédicacer leurs ouvrages. Parmi eux, Amélie Nothomb - elle vient de publier "L'impossible retour" - Gaël Faye, prix Renaudot 2024 avec son second ouvrage "Jacaranda" et Maylis de Kerangal avec "Jour de Ressac".

Quelle actualité de l’année 2024 pourrait inspirer un texte ?

Gaël Faye : "La jeunesse, ça me parle beaucoup. Qu’est-ce qu’on dit à la jeunesse dans ce monde dans lequel on vit ? Les montées d’extrêmes… Comment trouver les mots pour consoler et pour donner l’envie de rester digne, debout et résister ? Ça serait des textes qui porteraient, en eux, ces sentiments-là."

Maylis de Kerangal : "C’est quelque chose d’assez dramatique : l’énorme coulée de boue qui a eu lieu en Espagne. À la fois sur le plan de l’imaginaire comme une espèce de cataclysme qui interroge sur l’état du monde. J’ai été extrêmement impressionnée par les images que j’ai vues la semaine dernière. Ça serait un texte réaliste."

Amélie Nothomb : "Il se passe tellement de choses en ce moment ... Peut-être suis-je en train de tomber enceinte sans même m’en apercevoir ? Il y a beaucoup de choses très belles et beaucoup de choses très inquiétantes comme la réélection de Trump. Allez savoir ce qu'il va naître de tout cela."

Les grands prix littéraires sont-ils réservés aux hommes ?

Amélie Nothomb : "Ça se discute. Il y a eu de très beaux prix avec Julia Deck et le prix Médicis. Ça change très lentement, mais ça change quand même. On n’est pas encore au niveau qu’on devrait atteindre, mais à mon avis dans 20 ans, on y sera."

Maylis de Kerangal : "Est-ce que tous les livres ont les mêmes chances que les livres des hommes ? Il y a quand même quelque chose de bizarre qui se passe. Ce sont des mondes longs et lents à faire évoluer sûrement."

Gaël Faye : "Oui, à tous les niveaux de la société, on a besoin de cette parité, égalité et effectivement, je crois que oui, il manque encore. Je voudrais simplement dire que concernant le Burundi et le Rwanda, ce ne sont pas des histoires que l’on entend souvent et quand j’ai obtenu le prix Renaudot, la première personne à laquelle j’ai pensé est Scholastique Mukasonga (pour "Notre-Dame du Nil", NDLR), Renaudot 2012, première femme rwandaise à avoir remporté le prix. Bien entendu, il y a encore du travail à faire, mais il faut entendre les voix qui se sont déjà exprimées et qui ont également été primées."

Comment devient-on un écrivain ?

Amélie Nothomb : "Ma réponse va vous décevoir, mais c’est celle qui me vient à l’esprit. Il faut vraiment profondément aimer les gens, je n’ai jamais trouvé d’autre façon de faire."

Gaël Faye : "Pour écrire il faut déjà trouver sa propre langue. Chacun porte en lui une langue intime et puis ne pas trop avoir peur du silence, de s’interroger, de l’introspection. De continuer à douter. Ce n’est que du doute, de la remise en question, de la curiosité."

Maylis de Kerangal : "Il faut lire. Je pense que c’est très important de lire. On écrit parce qu’on lit. La lecture et l’écriture commencent à être deux vases communicants."

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