Le rêve s'effondre pour Nora et Clément Aurières. Ce couple d'apiculteurs vient de s'installer en Haute-Corrèze. Ils ont investi toutes leurs économies dans une propriété proche d'Eygurande. Mais après l'achat, ils ont appris que leur exploitation serait entourée de panneaux photovoltaïques.
Le rêve de leur vie, un écrin de verdure au pied des volcans d'Auvergne. Le paradis pour ces apiculteurs venus du Gard. Pour acquérir une propriété en Haute-Corrèze, ils ont investi tout ce qu'ils avaient : 400 000 euros d'économies.
Une semaine après la vente, ils découvrent qu'un projet d'agrivoltaïsme de 130 hectares pourrait presque entièrement cerner leur exploitation.
De l'agrivoltaïsme, c'est tout nouveau. C'est des panneaux solaires à 3,6 mètres du sol. Pour laisser passer les tracteurs et les vaches dessous. Tout ce champ de deux hectares qui surplombe notre maison va être couvert de panneaux gris photovoltaïques.
Nora Aurières, apicultrice
Pour le couple, c'est la sidération. La construction de leur miellerie, la rénovation d'un gîte... tous leurs projets sont à l'arrêt.
"On est apiculteurs et cela dénature totalement le site. On voulait faire du tourisme, se désole Nora Aurières. C'est toute notre entreprise, l'exploitation apicole qui part en éclats !"
Sur le site du producteur d'énergie renouvelable, les apiculteurs découvrent que quatre de leurs voisins éleveurs, mais aussi certains élus, étaient au courant de cette étude depuis plus de deux ans. L'apiculteur Clément Aurières est dépité : "On s'est présentés à la chambre d'agriculture, à la direction départementale des services, à la mairie, à Pôléco à Ussel. On s'est présentés partout et personne ne l'a jamais évoqué. On a demandé à Pôléco s'il y avait des projets éoliens ou autres aux alentours et ils nous ont dit non."
À la mairie d'Eygurande, le maire regrette, après coup, de n'avoir pas été plus explicite.
On aurait dû le faire. Moi, j'étais persuadé qu'ils étaient au courant de ce projet puisqu'ils avaient rencontré Haute-Corrèze Communauté, leur propriétaire qui vendait... Pour moi, franchement, c'est un trou dans la raquette.
Didier Beaumont, maire d'Eygurande (SE)
Défavorable à l'implantation de panneaux solaires sur des terres cultivables, le conseil municipal n'a qu'un avis consultatif. Une fois le permis de construire déposé, ce sera au préfet de trancher.
Les apiculteurs, eux, espèrent négocier avec le porteur de projet pour ne pas avoir d'installation directement sous les antennes de leurs abeilles.