Le Conseil Départemental parle d'élagage le long des routes mais la pression est telle que les propriétaires forestiers abattent leurs arbres. Depuis quelques semaines, ce ne sont plus que des souches décapitées que l'on peut voir au bord des routes corréziennes. Explications.
Après 2 courriers reçus du Conseil Départemental aux propriétaires d'arbres le long des routes corréziennes, certains d'entre eux ont décidé de couper carrément leurs arbres. "Un massacre" aux yeux des professionnels de l'élagage.
Un élagage sous contrainte...
Pascal Coste, Président du Conseil Départemental, reste ferme sur le principe annoncé dans son premier courrier du 8 Septembre 2017 : élagage, sinon mise en demeure et travaux réalisés aux frais du propriétaire.
Courrier du Conseil Départemental de la Corrèze du 8 Septembre 2017
Le Département estime que l'élagage permet d'augmenter la durée de vie du réseau routier, en évitant notamment que les feuilles qui tombent ne pourrissent sur la chaussée. L'installation de la fibre optique par voie aérienne (lorsqu'elle est souterraine dans d'autres départements) contribue également à prendre cette décision.
Consternation des propriétaires
Les propriétaires d'arbres longeant les routes départementales ne savent plus quoi faire : élaguer peut représenter un budget conséquent pour certains. Et ils craignent les mises en demeure et les factures si les travaux sont réalisés par le Conseil Départemental. Alors ils préfèrent abattre carrément leurs arbres, même centenaires.
confie une habitante de Soudeille en Corrèze, propriétaire elle-même d'arbres à élaguer. Elle ne veut pas se résigner à en arriver là. Sauf qu'elle estime que la pression du Département est importante. Elle se dit désemparée.C'est à pleurer !
Pour les professionnels de l'élagage, c'est une hérésie
Ils sont nombreux à dénoncer cet abattage massif. Ils ont même monté un collectif pour faire entendre leur voix. Le collectif AGIRR19 regroupe 15 arboristes grimpeurs corréziens. Ils dénoncent les méthodes d'élagage préconisées par le Conseil départemental auprès de 28.000 propriétaires riverains pour un réseau routier de 3.700 km. Non pour obtenir plus de travail, ils disent en avoir assez, mais pour expliquer les conséquences que va avoir cet abattage massif.
L'émotion grandit...C'est comme si pour construire un building, vous ne faisiez pas appel à un architecte... ça ne peut pas marcher ! affirme Benoït Gillie du collectif AGIRR19
L'émotion grandit devant les souches décapitées. De nombreux articles sont déjà en ligne, comme celui de Reporterre qui dénonce le massacre ou celui de la Société pour la protection des paysages et l'esthétique de la France
Une pétition en ligne a déjà recueilli 23 209 signatures pour suspendre la campagne d'élagage du Conseil Départemental.