Le maire de Nogent-sur-Oise, Jean-François Dardenne, placé en garde en vue dans une enquête pour "enfouissement illégal de déchets"

Le maire de Nogent-sur-Oise a été placé en garde à vue mardi 4 décembre. Il est soupçonné d'être impliqué dans un trafic de déchets. Au total, douze personnes ont été placées en garde à vue dans cette enquête.

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Les suspects ont été interpellés mardi 4 décembre en Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis, dans le Val-d'Oise, la Somme et l'Oise. Parmi eux, Jean-François Dardenne, le maire sans étiquette de Nogent-sur-Oise et des membres du club de motards, les Hells Angels. Plusieurs motos ont été saisies à ce titre, ont précisé des sources proches de l'enquête à l'AFP.

Jean-François Dardenne a été interpellé mardi 4 décembre vers 6h30 du matin chez lui. Des perquisitions ont été menées à son domicile et à la mairie. Il est soupçonné d'avoir délivré de faux permis d'enfouissement. Sorti de garde à vue, jeudi 5 décembre, il n'a pas souhaité s'exprimer.

Un accord entre le maire et des sociétés du BTP

Au cœur de l'enquête, une société de BTP qui employait des membres des Hells Angels et qui est soupçonnée de se livrer à de "l'enfouissement illégal de déchets", "sous couvert de permis d'aménager délivrés par des autorités locales", a précisé une source proche du dossier.

Les enquêteurs ont constaté de "nombreuses allées venues de camions chaque jour" sur un site de Nogent-sur-Oise arrivant "chargés de divers déchets, végétaux, béton, pylônes, gravats, cailloux", a détaillé le parquet de Paris à l'AFP. Ces déchets, "non pesés, étaient repoussés dans une zone du site préalablement creusée" et les camions repartaient "ensuite à vide ou chargés de calcaire", a-t-il ajouté.

"Avant, il y avait des cultures, un joli plateau, avec des sentiers de randonnées, des bois... Et depuis trois ans, ce que l'on a vu, ce sont des camions, des rondes de camions qui venaient tous les jours sur le plateau et qui déversaient des tonnes et des tonnes de déchets, confirme Jean-Baptiste Rieunier, habitant de Nogent-sur-Oise. On est un certain nombre de Nogentais à avoir été surpris. Mais le maire nous a expliqué qu'il s'agissait d'une revalorisation du plateau."

Nous avons voté contre cette délibération et on nous a dit que ce n'était pas inquiétant, que c'étaient des déchets inertes, mais il s'avère qu'on ne sait pas du tout ce qu'on a déversé dans ce trou.

Loïc Pen, conseiller municipal d'opposition

"Tout cela remonte à août 2021 avec un arrêté d'aménagement qui est pris par le maire avec une société, explique Loïc Pen, conseiller municipal d'opposition. Cela s'est passé sous les radars, l'été, en plein mois d'août. Et puis il y a à peu près un an et demi, on nous dit que les travaux vont commencer, que c'est un aménagement, qu'on va nous amener du remblai sur un creux, sauf qu'en fait c'étaient des déchets. Donc on s'est opposé en disant qu'il fallait une autorisation. Le groupe de gauche, nous avons voté contre cette délibération et on nous a dit que ce n'était pas inquiétant, que c'étaient des déchets inertes, mais il s'avère qu'on ne sait pas du tout ce qu'on a déversé dans ce trou, que les sociétés sont douteuses, qu'il n'y avait pas d'autorisation, que c'est un enfouissement illégal et pas un aménagement simple."

"Si on nous avait écoutés à l'époque quand on a signalé ce danger de cette décision, on n'en serait pas là, poursuit-il. Après, est-ce que c'est de l'incompétence ou de la malversation, on ne jugera pas là-dessus. Par contre, ce qui m'inquiète, c'est ce qu'on va faire maintenant. Le préjudice, il va falloir l'évaluer, il va falloir un expert pour voir ce qu'il y a dans ce dépôt et savoir comment on récupère cela et c'est des sous à sortir et on n'a pas aujourd'hui une situation financière qui nous permet d'être très large."

Soupçons de criminalité organisée

Les investigations, ouvertes par le pôle régional de l'environnement du tribunal de Paris, sont menées par les gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp) et les policiers de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF). Elles portent sur une période allant d'août 2021 à juillet 2024, a précisé le parquet.

Après une phase d'enquête préliminaire, une information judiciaire dirigée par la Juridiction spécialisée contre la criminalité organisée (Jirs) de Paris a été ouverte en juillet 2024 sur de nombreux chefs de poursuites.

L'enquête porte ainsi sur plusieurs infractions dans le domaine de l'environnement : défrichement illicite de bois et forêt, abandon ou dépôt illégal de déchets par leur producteur ou leur détenteur ou encore l'exploitation de carrières sans autorisation ou d'une installation classée pour la protection de l'environnement sans autorisation.

Le chef d'abandon ou dépôt illégal de déchets par leur producteur ou leur détenteur fait encourir huit ans d'emprisonnement et 500 000 € d'amende. L'affaire contient également un volet blanchiment, lui faisant encourir cinq ans d'emprisonnement et 375 000 € d'amende.

Avec Dominique Patinec / FTV et AFP

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