Corrèze : des méthaniseurs et des questions

En pleine campagne, c'est un chantier impressionnant qui est en train de se dérouler : l'enfouissement de conduites de gaz d'un nouveau genre. Des conduites utilisées pour relier les méthaniseurs, le plus souvent situés dans les exploitations agricoles, au réseau des agglomérations.

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Le biométhane pourrait s'affirmer comme une "énergie prometteuse", à en croire l'Agence de la transition écologique. Sans oxygène, et sous l'influence de la chaleur, les matières organiques issues des activités agricoles, se transforment en partie en biogaz, une source naturelle d'énergie. D'après l'Ademe, la moitié de ces matières organiques sont issues des animaux et l'autre, des végétaux.

32 kilomètres de canalisations

L'installation d'un méthaniseur ne va pas sans son lot de travaux. Pour preuve, cette trancheuse en pleine action à La Porcherie (Haute-Vienne). La machine est en train de creuser la terre pour déposer en profondeur une conduite de gaz. Jusqu'à 800 mètres de tuyaux peuvent être enfouis en une journée. 

Toute une équipe est mobilisée pour surveiller le processus. Il faut protéger l'installation en la recouvrant de sable et de remblai. Mais les conditions météorologiques ne sont pas toujours au rendez-vous. "Aujourd’hui, on n’a pas trop de chance, le sable est humide, et on doit être deux pour faire le travail", rapporte le chef de chantier Stéphane Panneau.

Mais avant cela, il y a une étape préalable et indispensable, l'étude du terrain pour ne pas abîmer les routes ou les canalisations existantes. 

On est attentif, on fait des sondages et de la géo-détection.

Michel Berthet, chargé d'affaires Gramani

"Beaucoup de réseaux ne sont pas signalés, et ils sont en grande partie situés là où ce n’est pas prévu", ajoute Michel Berthet. La canalisation s'étendra sur 32 km pour relier le réseau de Limoges à une ferme située à Meilhards (Corrèze), dans le nord de la Corrèze. Un important méthaniseur y est en cours de construction. Avec les apports de cinq exploitations agricoles, il produira du bio-méthane à partir des effluents d'élevage.

Une méthanisation qui ne va pas sans inconvénients

L'exploitation du biométhane a cependant quelques revers. L'un d'entre eux, l'impact sur l'effet de serre, est signalé par l'Observatoire des énergies renouvelables. "Le biogaz est constitué pour deux tiers de méthane, un gaz qui engendre un effet de serre 21 fois plus puissant que le CO2", explique l'institution. Il est donc important de pouvoir le récupérer pour limiter les conséquences de cette méthanisation.

Selon l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), "les différentes étapes de la méthanisation sont susceptibles d’être à l’origine d’émissions gazeuses non maîtrisées." Parmi ces sources, on trouve le stockage des intrants, digestion et stockage du digestat. Le résidu de cette méthanisation est composé à la fois de matières organiques, de minéraux et de bactéries. Il est épandu sur les champs pour servir d'engrais.

Un avis partagé par la Chambre haute du Parlement. Un rapport publié en 2020 par le Sénat a beau qualifier la méthanisation "d'outil essentiel pour le verdissement et la souveraineté de notre système énergétique", le document s'inquiète aussi de l'impact du digestat sur l'environnement. 

Pour Christophe Gatineau, agronome spécialisé en permaculture et agroécologie : « Quand on prend du fumier pour le mettre dans un méthaniseur, on en extrait le carbone pour en faire du méthane. Dans cette boue noirâtre qu’est le digestat, il va encore rester du carbone, mais il n’est plus assimilable par la biodiversité ».

Une méthanisation en plein essor

Dans un contexte de crise énergétique, la biométhane a les mêmes usages que le gaz naturel. Une "alternative" qui doit donc être considérée, d'après Cyprien Delhoume, chargé d'affaires GRDF. "Forcément, aujourd'hui, il y a des surcoûts mais dans le futur, ce sont des dossiers dont le coût sera amorti et bien moindre, proche de celui du gaz naturel que l’on consomme actuellement." 

Cyprien Delhoume souligne également une augmentation importante des projets biométhane. Ils répondent aux besoins des grandes agglomérations, en faisant circuler le gaz depuis les exploitations agricoles.

150 sites de méthanisation ont vu le jour en France en 2021, plus de 1000 projets sont à l'étude.

Selon GRDF, le biométhane pourrait couvrir 20% des besoins du pays avant 2030.

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