En Corrèze, la commune de Tarnac traverse une situation inédite puisque l'école est officiellement ouverte avec un enseignant affecté, mais il n'y a pas d'élèves ! La conséquence d'une lutte intestine entre certains parents conduisant à la mutation forcée de la dernière institutrice.
À Tarnac, une douzaine d’enfants est scolarisable dans l'école du village. Toutefois, les parents ont choisi, depuis quatre ans, de les inscrire ailleurs. Les habitants ne disent pas pourquoi, le maire ne s’exprime pas. Cette situation ubuesque démontre les clivages qui traversent le village et qui se résument, à gros traits, par les locaux contre les néoruraux.
Pourtant, il y a 12 ans, ils étaient main dans la main pour sauver l’école. Ils obtenaient gain de cause puis voyaient se succéder près de vingt instituteurs et institutrices avant de trouver la bonne candidate. Sauf que cette institutrice prônant la pédagogie coopérative faisait éclater le consensus. Après des dénonciations, du harcèlement, des mutations, il n'y a plus de candidat. Mais l’école reste ouverte.
L'école "en dehors de la politique"
"Ce public, en particulier de parents d’élève sur Tarnac, en a fait un combat politique. L’école doit rester en dehors de la politique", réagit Franck Cutillas, inspecteur académique de la Corrèze.
C'est important pour nous, pour l’État, à travers l’éducation nationale, en accord avec monsieur le préfet, de maintenir l’école de la République ouverte sur ce territoire.
Franck CutillasInspecteur académique de la Corrèze
L'école n'est aujourd'hui plus que l'ombre d'elle-même, le souvenir de ce qu’elle aurait pu être : un lieu qui fédère et non qui divise. Pour Lara, c'est un gâchis énorme. Elle habite en face de l'établissement. À Tarnac depuis 18 mois, elle n’est dans aucun clan, aucun groupe.
Elle scolarise pourtant sa fille de cinq ans à Faux-la-Montagne en Creuse et rêve d’une possible solution : "On cherche un instituteur ou une institutrice qui ait envie de remplir le rôle d’être à la fois directeur/directrice de l’école, instituteur multi-niveau de petite section jusqu’au CM2 et qui ait envie de vivre sur le plateau... Et les enfants reviendront."