L'Agence Régionale de Santé a annoncé la fermeture de deux des 17 centres de vaccination corréziens. Ceux de Lubersac et de Corrèze. Deux centres situés en zone rurale, sur des territoires où leur présence est essentielle. Les élus des deux communes sont dans l'incompréhension la plus totale.
La nouvelle a sonné comme un poisson d'avril de très mauvais goût. Malheureusement loin d'être une blague cette décision aberrante a bel et bien été prise par l'Agence Régionale de Santé. Les centres de vaccination de Corrèze et de Lubersac vont devoir fermer leurs portes.
"L'ARS nous a dit que la stratégie est de privilégier les centres qui font au moins 1000 vaccinations par semaine, une règle nationale dictée par des décideurs complètement déconnectés de la réalité. On ne gère pas Paris comme on gère la campagne corrézienne. Et ce qui m'étonne le plus c'est que nos parlementaires, les partis politiques ne s'emparent pas de cette affaire." Confie désabusé Jean-François Labbat le maire de Corrèze.
Il y a un décalage entre l'urgence annoncée et les moyens mis en place, c'est dramatique.
Un système qui fonctionnait parfaitement
À Corrèze ce sont les deux médecins et les cabinets infirmiers qui ont mis en place ce centre de vaccination. Conscients des besoins de la population de ce territoure rural, ils ont minutieusement préparé leur dossier, l'ont soumis à l'Agence Régionale de Santé afin d'obtenir l'autorisation d'ouvrir un centre qui couvrirait les besoins de Corrèze mais également des communes avoisinantes (tout l'ancien canton de Corrèze : Corrèze, Bar, Chaumeil, Eyrein, Meyrignac-l'Eglise, Orliac-de-Bar, Saint-Augustin, Sarran, Vitrac-sur-Montane et même jusqu'à Gimel-les-Cascades). En collaboration avec les élus ils ont établi des listes de publics prioritaires. Le maire de Corrèze a mis, gratuitement évidemment, à leur disposition une salle toute neuve, avec deux entrées et deux sas, permettant une circulation la plus sécurisée possible.
Ensuite les élus, les employés municipaux et des bénévoles ont organisé l'acheminement des personnes cibles ne pouvant pas se déplacer seules. "C'est comme ça que ça se passe dans les petits villages, énormément de choses se font bénévolement, on connaît tout le monde." Ajoute le maire.
Pourquoi une telle décision ? On ne sait pas
Une décision d'autant plus incompréhensible car il ne s'agit même pas de faire des économies, le centre fonctionne de manière totalement autonome avec du personnel municipal, des bénévoles et des médecins qui ne pourront pas intégrer de grands centres de vaccination car ils doivent s'occuper de leur patientèle sur place.
Ce centre de vaccination ne coûte pas un sous à l'Etat, on s'occupe de tout, il ont juste à nous mettre les doses à disposition et on fait le reste gratuitement.
"On nous parle toute l'année de la difficulté de trouver des médecins en zone rurale et lorsque nous en avons qui se donnent du mal, qui s'investissent pour la population, qui prennent des initiatives, on leur dit non, s'ils voulaient les dégoûter ils ne feraient pas mieux." Jean François Labbat, maire de Corrèze.
Pas de différence entre la campagne Limousine et Paris
Même incompréhension du côté de Lubersac où les élus et les professionnels de santé ont également appris que leur centre de vaccination devait fermer ses portes au profit des vaccinodormes.
A Lubersac depuis le 16 mars 250 personnes (de plus de 75 ans ou avec facteurs de risque) ont déjà reçu une première dose de vaccin grâce au petit centre de vaccination. "Ici beaucoup de personnes vivent éloignées du centre bourg, des personnes âgées notamment. Notre système fonctionnait parfaitement. Une fois de plus les décideurs oublient les zones rurales. Si une politique est mise en place pour vacciner un maximum de personnes que l'on nous laisse un maximum de lieux pour le faire, c'est une vérité de La Palice. Mais au contraire, de façon aberrante on préfere déplacer les gens vers des lieux éloignés de leur domicile où il rencontreront beaucoup de monde et des personnes qu'ils n'auraient jamais rencontrées." Explique Philippe Gonzalez le maire de Lubersac.
Il faut décidemment que l'ARS et les décideurs se rapprochent des élus qui sont au fait de la réalité du terrain. Plus de communication, plus de cohérence, nous maires de petites communes on est là pour cela.
"Vous imaginez que pour certains de nos concitoyens le centre de vaccination le plus proche sera maintenant à Tulle, soit à plus de 40 kilomètres de chez eux. Ils se rendent compte ce que c'est à 95 ans de reprendre sa voiture pour faire plus de 40 kilomètres quand on vient de se faire vacciner ?" Renchérit Jean-François Labbat.
L'Agence Régionale de Santé a signifié aux médecins sur place qu'ils pourraient réaliser les rappels de vaccins aux personnes ayant reçu la première injection dans leurs centres de vaccination, mais personne ne semble à l'abri d'une décision contradictoire de dernière minute.
Et peut être que comme le suggère le maire de Corrèze : "Quand il y aura pléthore de vaccins ils nous demanderont de faire ce que l'on a fait et qu'ils nous empêche de faire aujourd'hui."