Seule commune corrézienne ayant élu une majorité écologiste aux municipales 2020, Naves lance son projet de centrale villageoise. Une coopérative d'habitants se crée pour financer des panneaux photovoltaïques qui pourraient être installés sur les toits de bâtiments publics ou privés dès l'été 2021.
Une cinquantaine d'habitants a répondu présent à l'appel des élus pour lancer à Naves ce qui serait en Nouvelle-Aquitaine la première "centrale villageoise". Clément Vernédal, président de Centrales Villageoises Navaroises en explique le principe : "Le proprétaire loue son toit et la société va installer sa centrale villageoise sur ce toit et elle va revendre l'électricité. Les bénéfices qu'elle va dégager permettront à la fois de rembourser les emprunts, de louer les toits et de payer le fonctionnement".
Dans le village qui compte 2320 habitants (selon le recensement 2017) et qui a élu un maire écologiste aux municipales 2020, les belles toitures ont déjà été repérées: grandes et bien exposées. La mairie et les bâtiments communaux seront le fer de lance de ce projet qui se veut aussi éminemment citoyen : chaque participant pèsera le même poids.
C'est une gouvernance coopérative : un sociétaire = une voix pour que ça reste tout-à-fait démocratique
Pour Nicolas Bachellerie, habitant du hameau de Peyrelevade, cette centrale villageoise est une évidence puisqu'il s'apprête à refaire sa toiture, soit plus de 200 m2 à louer, entre 1 et 2 € : "C'est vraiment un projet citoyen, un projet d'investissement pour notre territoire local. En Corrèze, on a souvent peu d'investisseurs et ça peut permettre de beaux projets en collectif et en collaboratif".
L'argent que je vais placer, car c'est un investissement comme un autre dans cette société, il sera rémunéré à un tout petit taux, entre 2 et 3% mais ce sera toujours plus que sur un livret A".
Les premiers panneaux photovoltaïques seront probablement installés d'ici l'été 2021, peut-être même sur les toitures de bâtiments d'une zone artisanale au nom prédestiné: Soleilhavoup.
La bonne santé du photovoltaïque
En Limousin, le photovoltaïque se porte bien. Son usage a commencé vers 2008. A l'époque, il a surtout intéressé les particuliers pour sa rentabilité. Les panneaux étaient plus chers à l'époque, mais la région apportait une aide financière. Et une fois équipés, les habitants passaient un contrat très avantageux avec EDF : le prix de rachat de l'électricité était bien supérieur au prix de vente par le fournisseur.
Ce n'est plus le cas aujourd'hui, mais les installations ne cessent d'augmenter.
7825 sites raccordés
Fin 2020, Enedis annonce avoir raccordé 7825 sites, pour une puissance de 270 MW. Ca représente une augmentation de 8% du nombre de sites en un an. Aujourd'hui, l'électricité produite par le photovoltaïque en Limousin permet de fournir de l'électricité à 60 000 habitants.
Selon les chiffres de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, en 2019, la production solaire représentait 12% de la production d’électricité du Limousin.
Elle a permis de couvrir près de 7% de la consommation d’électricité du Limousin.
Le nombre de parcs photovoltaïques avait alors progressé de 12% en un an.
Et ce n'est pas fini.
En développement
Car les projets d'envergure ne manquent pas. Comme par exemple, le parc solaire de la ZAC de la Montane à Tulle en pleine expansion, il devrait atteindre les 45 hectares, ce qui en fera le plus important de Corrèze. Il va produire l’équivalent de la consommation de 22 000 habitants, c’est deux fois Saint-Junien.
En Haute-Vienne, sept projets d’installation de parcs photovoltaïques sont à l’étude sur les anciens sites des mines d’uranium du côté de Bessines.
Et dans la Creuse, un projet de 21 hectares est prévu vers Aubusson.
Des détracteurs
Le photovoltaïque comme l'éolien a ses opposants. Certains se demandent ce que deviennent les panneaux solaires en fin de vie.
"c'est de la silice, ils sont recyclables à 98%", précise Emilie Rabeteau, ingénieur à l'ADEME. Et les filières de recyclage existent en France.
Mais les détracteurs dénoncent surtout les développeurs photovoltaïques, ceux qui installent des panneaux à perte de vue dans des champs, alors qu'ils sont destinés à être cultivés. C'est l'artificialisation des sols.
Là encore, il y a une solution. C’est l’agrivoltaïsme, ou comment faire cohabiter photovoltaïque et agriculture. Les panneaux solaires sont installés en hauteur sur des plots, et les terres situées en dessous sont cultivées, voire protégées.
L’idée vient du Japon et commence à faire son chemin en Limousin.
Le cadastre solaire
Pour les particuliers ou des professionnels qui souhaitent installer des panneaux photovoltaïques sur le toit de leur maison, sur une grange, il existe un outil qui permet d'estimer le potentiel solaire de son bâtiment. C'est le cadastre solaire. Certaines collectivités du Limousin le mettent à disposition de leurs administrés :