Rester enfermé quand le gouvernement lève les restrictions. L'enfer quotidien d'un corrézien immunodéprimé.

Ils sont 230.000 en France, les plus fragiles dans la pandémie : ceux qu'une maladie prive de toute immunité. En Corrèze, l'un d’eux implore la population de ne relâcher aucun geste barrière : sa vie en dépend.

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Il se dit "serein", David Scala. "Parce que nous sommes auto-confinés. Mais je sais que dès que les enfants seront amenés à retourner à l’école, je ne serais plus tranquille du tout".  

David est relié à une machine. En dialyse à la maison depuis 2017, à cause de ses « deux reins qui sont atrophiés ». C’est un lève-tôt, qui petit-déjeune vers 7h, et puis après « je me branche jusqu’à 11h, 11h30. Pendant deux heures et demi, assis dans le fauteuil. La machine récupère mon sang, car mes reins sont défectueux, à vie". A risque, surtout durant cette période de pandémie, il a fait un choix radical depuis deux ans : l’auto-confinement.

Avec Émilie, sa compagne, ils sont même allés jusqu’à retirer leurs enfants de l’école de peur qu’ils ne ramènent le virus à la maison. Surtout qu’en Limousin, la circulation virale reste très élevée.

Plus de 210 000 nouveaux cas de Covid ont été identifiés fin janvier en Nouvelle-Aquitaine, un record depuis le début de l’épidémie. Dans son dernier communiqué, l’ARS indique d’ailleurs que « l’activité de dépistage se maintient à un niveau élevé dans la région : 1/10ème de la population a effectué un test. Parmi les personnes testées positives, 57 % étaient symptomatiques ».

L’intensification de la circulation virale concerne « toutes les tranches d’âges et notamment les moins de 20 ans où les taux d’incidence et de positivité sont en forte hausse ». Les taux les plus élevés sont observés en Gironde, en Haute-Vienne et dans les Pyrénées-Atlantiques. 

Vaccin

"J’ai même eu 4 doses", sourit David, quand on lui demande s’il est vacciné.

"Ma compagne en a eu 3. Clément, notre grand garçon, a eu ses deux doses de Pfizer. Pour la petite histoire, c’est le seul qui a eu deux doses dans sa classe et c’est le seul qui ne peut pas aller à l’école !", regrette le père de famille.

Et pourquoi ? "Parce qu’on a peur qu’il chope un truc à l’école, et qu’il nous l’emmène ici". Ce taux d’incidence qui ne cesse d’augmenter n’est pas là pour les rassurer. "Il n’a pas école depuis janvier, regrette David Scala. D’ailleurs, la décision de rouvrir les écoles alors que les cas ne baissent pas, a provoqué un vrai carnage". 

Mes fils ne vont plus au rugby non plus, alors qu’ils adoraient y aller. Le petit a 3 ans, il adorait aller à l’école. C’est traumatisant pour lui de ne plus s’y rendre, mais on n’a pas tellement le choix.

David Scala, corrézien immunodéprimé

Pour occuper les enfants, le couple redouble d’imagination. "Pour ne pas perdre complètement le contact avec l’extérieur, on essaie de faire faire les devoirs que nous envoient les instituteurs : les amis nous les déposent au bout de la rue. On se débrouille comme on peut," détaille David. 

Injustice

 

Sa compagne Emilie vit cet autoconfinement, "injustement. C’est mon ressenti de tous les jours, avoue-t-elle, on est mis à l’écart de la société. On ne vit plus, c’est injuste." Ne lui parlez pas des antivax, elle fulmine. "J’ai un discours très dur sur les personnes qui ne se vaccinent pas : s’ils ne le font pas pour eux, qu’ils le fassent pour les autres". En arrêt de travail jusqu’à fin février, elle vit le retrait des enfants de l’école comme un « sacrifice ».

Ils habitent la petite commune de Saint-Bonnet L’Enfantier. « On a la chance d’avoir un grand terrain, on fait des activités, on va marcher dehors, là où il n’y a personne", se console la mère de famille. Pour les courses ? "Je ne fais que des drives, mais jamais aux heures de pointes, ou alors je m’approvisionne à l’épicerie du coin. L’été dernier il a fait beau, donc on a pu recevoir un couple d’amis dehors, mais on avait le masque tout le temps", se souvient-elle, nostalgique alors que les températures sont basses dehors.

Au village et dans leur entourage, "on nous accuse d’être parano, lâche-t-elle. On nous dit que la Covid n’est qu’une petite grippette. La vérité, c’est que les gens sont devenus égoïstes." 

Moments de rires

Pour tromper le temps, heureusement qu’il y a les jeux de société, ou les contacts avec les proches. "Mes beaux-parents sont à la pointe technologie, sourit Émilie. Des fois on s’attend pour faire un Skype, et dix minutes après l’heure du rendez-vous ils ne sont toujours pas prêts, ça nous fait tous hurler de rire. Et puis on a la chance d’avoir deux enfants, ils peuvent jouer ensemble." 

Sans chercher à être rabat-joie, David insiste : "Je ne me bats pas que pour moi, aujourd’hui, car j’ai la chance de vivre dans un petit village de 300 habitants. Je pense à tous et à toutes celles qui sont comme moi et qui vivent dans des grandes villes et qui ne peuvent pas sortir". Au quotidien, "je trouve qu’il y a du relâchement sur les gestes barrières alors que la crise sanitaire n’est pas terminée. Il est courant de voir les gens se faire la bise au mépris de toutes les précautions d’usage". Une situation révoltante pour le père de famille. Il ne sort plus qu’avec son masque FFP2. 

Masques FFP2 gratuits pour les immunodéprimés sévères

 

Un arrêt paru au Journal officiel ce mercredi 2 février autorise la distribution de masques FFP2 "aux personnes à risque de formes graves du covid-19 et immunodéprimées" sur présentation d'une prescription médicale à un pharmacien. Les personnes pour lesquelles "la vaccination n'induit pas la production et le maintien d'un titre d'anticorps à un niveau suffisant, ou chez lesquelles une maladie ou un traitement entraîne une baisse rapide du niveau des anticorps", pourront retirer 20 masques pour deux semaines ou 50 masques pour cinq semaines.

Ils sont plus protecteurs que les masques chirurgicaux. 

Sur son site, l’association Renaloo se félicite de la nouvelle. "Il s’agit d’une avancée que Renaloo réclamait de longue date, et que nous avions relayée avec d’autres associations comme Ellye, Transhépate, France Rein, Vaincre la mucoviscidose et SOS hépatite, auprès du Président de la République, voici quelques semaines. Elle a aussi été soutenue par le conseil scientifique. Le Ministère de la santé nous a tout récemment informés que nous avons été entendus".

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