Rosiers d’Egletons : la serre à tomates construite sur une zone humide continue de faire polémique

Sur le plateau de Millevaches, à Rosiers d’Egletons en Corrèze, un gigantesque projet agricole a vu le jour. Un projet sur 8 hectares qui fait polémique depuis le début.
 

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40 000 plants de tomates répartis sur 3,6 hectares de serres et une production qui devrait déjà dépasser cette année les 1 000 tonnes.

Le projet, retardé par de lourdes démarches administratives et un incendie criminel sur des engins de chantier survenu en juin 2019, démarre.

Construite sur 5 hectares de zone humide et 20 hectares de forêt, ce modèle agricole fait débat du côté des associations de protection de l’environnement. Antoine Gatet, juriste et membre de l’association "Sources & Rivières du Limousin" déplore la destruction de cette zone à caractère écologique.

La zone humide était là… pour nous c’est le pire endroit où on aurait pu mettre quelque chose comme ça. L’agence française pour la biodiversité l’a dit, le conseil national pour la protection de la nature a aussi rendu un avis défavorable parce-qu’on a une destruction d’une zone humide qui est particulièrement importante, qui est une tourbière. Ces projets ne sont pas écologiques, ce sont des projets qui détruisent la nature et qui sont à contre-courant de toutes les politiques de protection de l’environnement.


Mais l’un des trois agriculteurs qui porte le projet "les tomates d'auïtou" Geoffrey Goutoule se défend.

Cette zone humide sur laquelle on a construit nos serres était déjà en train de mourir. C’est-à-dire que si le projet ne se faisait pas, en 10 à 20 ans, la zone humide était morte périclitait de par la pousse d’espèce indigène.

 

3,6 hectares de serre abritent déjà des milliers de plants de tomates et les premiers fruits devraient être récoltés en avril 2020. / © France 3 Limousin
 

 

Un modèle qui se veut "respecteux de l'environnement" montré du doigt par les associations


Geoffrey Goutoule et ses coéquipiers Simon Desbordes et Jacques Faurel exposent un modèle qui selon eux, « crée de l’emploi local, utilise ni énergie fossile, ni pesticide et n’impacte pas la ressource en eau ».

Ils mettent en place un système de chauffage vertueux grâce à l’usine d’incinération de Rosiers. Un hydrocondenseur a été installé pour chauffer la serre et permettre de transformer la vapeur d’eau en eau chaude. Elle rentrera à 50 degrés et ressortira à 30 degrés pour repartir vers l’usine d’incinération et la refroidir. 

Aujourd’hui, on a un impact positif, car on récupère l’énergie de cette chaleur perdue de l’usine d’incinération et qu’on fera à terme, lorsqu’on arrivera à 8 hectares, économiser à la planète 7152 tonnes de CO2 chaque année, qui participait au changement climatique.


La consommation en eau est elle aussi étudiée. L’objectif : récupérer l’eau de pluie, y compris celle de la toiture pour alimenter la serre. Pour ça, un bassin de 90.000 m3 a été construit.

"On stocke l’eau l’hiver pour s’en servir l’été et arroser les plantes suspendues ", explique Geoffrey Goutoule.


Mais c'est de l’eau qui n'ira plus dans la zone humide restante, condamnée à disparaître. La loi oblige alors les promoteurs à compenser cette destruction en investissant dans une autre zone sensible.

Une compensation non réalisée à ce jour, d'où la colère des associations, qui dénoncent une administration très complaisante à l'égard des promoteurs.

Mais, la mesure devrait prendre effet fin avril, avec la restauration d'une zone humide de 4,7 hectares sur la commune de Bonnefond.

 


Les subventions publiques alimentent la polémique

Les serres de Rosier d'Egletons ont-elles bénéficiées de trop de subventions publiques ?

Les promoteurs s'en défendent : ils auraient touché 574 000 € d'aides sur les 13 millions d'euros du projet. Quant au terrain aménagé par la Communauté de commune, ils devront rembourser celle-ci à l'euro près.

Mais au-delà de ces considérations, c'est avant tout le système de production qui est montré du doigt, notamment par la confédération paysanne comme un de ses membres corrézien Philippe Revel qui s’insurge contre le projet. Un modèle bio de serres-chauffées autorisé et voté en juillet 2019 par le Comité national de l’agriculture biologique. 

On est sur du projet industriel, qui est placé en face d’une usine d’incinération dans un département qui se dit pays vert, qui veut mettre en avant des appellations d’origine protégée sur ces veaux de lait, et à côté de ça, on nous construit un projet comme celui-là ?

Malgré cette discorde, l’exploitation agricole est lancée et récoltera ses premières tomates en avril 2020.

 

 
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