La télémédecine s’est propagée avec la pandémie, elle va s’installer dans nos habitudes

Avec la crise sanitaire médecins et patients se sont mis à la téléconsultation. Le président du conseil de l’ordre de Corrèze et un généraliste de Brive nous expliquent cette évolution sans précédent. Les 2 médecins estiment que la télémédecine va s’installer dans notre quotidien.

Consulter un médecin à distance, sans sortir de chez soi, c’est devenu, par obligation, une nouvelle manière de consulter. Le confinement a bousculé les habitudes des patients et des médecins.

Téléconsulter était encore hier une innovation, c’est devenu banal. Ce n’est pas encore une habitude, mais le président de l’ordre des médecins de Corrèze, Marcel Lewin, tout comme le docteur Philippe Courtade, généraliste à Brive, pensent que la pratique va s’installer durablement.
 

Télémédecine : un formidable outil pour faire  face au confinement

 
  • Docteur Jean-Philippe Courtade – généraliste à Brive :

" Cette crise sanitaire du Covid a fait faire un bond énorme à la télémédecine. Toutes les barrières réglementaires sont tombées extrêmement rapidement. Par visio ou par téléphone, avec n’importe quel médecin, pas seulement votre médecin habituel, les consultations sont devenues possibles et prises en charge par l’assurance maladie. "

Remboursement des actes de télésanté - Dispositions particulières prises dans le cadre de l’état d’urgence Au 15 avril 2020 : à compter du 20 mars 2020, les actes réalisés en téléconsultation, les actes d'accompagnement de la téléconsultation, ainsi que pour les actes de télésoin sont remboursés à 100 % par l’assurance maladie. HAS • Réponses rapides dans le cadre du COVID-19 Téléconsultation et télésoin • avril 2020

" Personnellement, parce que cela m’intéresse et que j’ai voulu me faire moi-même une idée de ce que c’était, avant la crise du Covid, je consultais déjà sur les plateformes de télémédecine et j’ai vu rapidement l’évolution, un véritable basculement."

Beaucoup de gens, patients et praticiens, ont testé la télémédecine pour la 1re fois, et je pense qu’ils ont trouvé ça très pratique


"Au début du confinement, il y avait beaucoup de demandes de rendez-vous et peu de médecins. Lorsque je m’inscrivais sur une plate-forme pour un créneau de trois heures, rapidement, en moins d’une heure, tous les rendez-vous étaient pris et depuis toute la France.

Au fil des jours, de plus en plus de médecins ont rejoint ces plateformes en ligne, et j’ai vu clairement qu’il y avait une baisse du nombre de mes consultations. C’était vraiment une baisse mécanique, du fait de l’augmentation de l’offre de soin, de la répartition des consultations sur davantage de médecins.  

Etant plus au fait de cette pratique, j’ai ainsi formé presque une vingtaine de de mes confrères. Beaucoup de gens, patients et praticiens, ont testé la télémédecine pour la 1ere fois, et je pense qu’ils ont trouvé ça très pratique.  Il faut aussi noter, et c’est très important, que la télémédecine ne règle pas tout. Il faut faire attention, ça a été une excellente solution pour éviter une contamination pendant la pandémie, mais, encore une fois, on ne peut pas voir tous les patients à distance. "
 

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Télémédecine : une nouvelle habitude dans le parcours de soins ?

  • Marcel Lewin – président du Conseil de l’ordre des médecins de Corrèze :
"C’est une  pratique qui va s’ancrer dans les habitudes. La télémédecine peut apporter des avantages, et pendant le confinement, ça a été très net, car ni les patients ni les professionnels ne voulaient multiplier les déplacements et les contacts. C’est une méthode qui est montée crescendo.

Du coup, le fait d’avoir testé ce système, même pour ceux qui étaient réticents, fait qu’aujourd’hui ce n’est plus quelque chose qui pose problème. Des médecins qui étaient plus rôdé à cette technique en ont formé d’autres. Indiscutablement, c’est une procédure qu’ils utiliseront à l’avenir.  C’est un mode d’exercice de la médecine qui va se développer."
 
  • Docteur Jean-Philippe Courtade – généraliste à Brive :

" Je crois que le réflexe a été pris pour certains et même si les médecins retournent à leurs pratiques habituelles, ce sont les patients qui vont nous obliger peut-être à évoluer. Pour eux évidemment c’est très commode, pas besoin de bouger et c’est rapide pour avoir un rendez-vous.  Pour le médecin, ça ne change pas grand-chose car une consultation à distance ou dans son cabinet ça prend le même temps.

Après, je pense aussi que les patients vont retrouver le chemin des cabinets, d’ailleurs c’est déjà fait, les carnets de rendez-vous sont pleins. Pour ma part, je vois de nouveau ma patientèle locale dans mon cabinet à Brive et je vais continuer les consultations en ligne, pour des patients partout en France, c’est une évolution de notre métier."

 
 

Ces patients en ligne, ils ont déjà médecin traitant, moi je suis leur médecin de secours


"Il existe déjà un bon nombre de plateformes de télémédecine, j’en ai testé plusieurs. Il y a celles pilotées par des mutuelles, réservées à leurs adhérents et puis celles ouvertes à tous. Parmi elles, celles déjà en place avant le Covid ont pris un sacré coup d’accélérateur.

Je perçois deux manières d’utiliser une plateforme, soit en demandant un rendez-vous avec un praticien que l’on a déjà contacté mais il faudra peut-être patienter un peu ou au contraire pour avoir un rendez-vous avec n’importe quel médecin.

Ces patients en ligne, ils ont déjà médecin traitant, moi je suis leur médecin de secours. Pour quelqu’un qui ne veut pas attendre un rendez-vous ou qui souhaite consulter plus tard, à 20h, avoir accès à une plateforme de télémédecine, c’est extrêmement pratique.

Maintenant j’attends de voir si d’autres confrères vont continuer à consulter sur les plateformes de télémédecine. Les patients qui ont trouvé ça commode vont eux, je pense, retenter l’expérience. "
  • Marcel Lewin – président du Conseil de l’ordre des médecins de Corrèze :

" C’est une  pratique qui va s’ancrer dans les habitudes. La télémédecine peut apporter des avantages, et pendant le confinement, ça a été très net, car ni les patients ni les professionnels ne voulaient multiplier les déplacements et les contacts. C’est une méthode qui est montée crescendo."

C’est un mode d’exercice de la médecine qui va se développer


"Du coup, le fait d’avoir testé ce système, même pour ceux qui étaient réticents, fait qu’aujourd’hui ce n’est plus quelque chose qui pose problème. Des médecins qui étaient plus rôdé à cette technique en ont formé d’autres. Indiscutablement, c’est une procédure qu’ils utiliseront à l’avenir.  C’est un mode d’exercice de la médecine qui va se développer."

 

Limites et dangers potentiels de la télémédecine

  • Docteur Jean-Philippe Courtade – généraliste à Brive :

"Il faut le noter, c’est très important, que la télémédecine ne règle pas tout. Il faut faire attention, ça a été une excellente solution pour éviter une contamination pendant la pandémie, mais, encore une fois, on ne peut pas voir tous les patients à distance. A simple titre d’exemples, douleur de poitrine, douleur abdominale ou otite, pour moi ce sont des exclusions pour les téléconsultations."
 
  • Marcel Lewin – président du Conseil de l’ordre des médecins de Corrèze
"Il faut rester mesuré. En ce moment, nous sommes en plein pic d’allergie, le nez ou le palais qui gratte, on peut prescrire des antihistaminiques ou des gouttes sans examen complémentaire. Mais des maux de tête, ça peut être banal, ça peut également masquer quelque chose de plus grave
Effectivement, la télémédecine, cela fonctionne, ça peut même d’ailleurs en partie combler des problèmes de désert médicaux, et puis il n’y a pas de perte de temps, mais ça également ses limites. Si les symptômes persistent ou si l’état de santé ne s’améliore pas, il faut absolument examiner, il faut voir le patient c’est important.

C’est peut-être un point de vue de vieux médecin, ce que je suis,  les jeunes, c’est certain, ont pris ça en main et ça fait gagner du temps. C’est une question de génération, pour ce qui me concerne on a été formé à examiner, à palper les patients, c’est ce que nous répétaient nos patrons.  Dans l’expression d’un visage, dans un regard avec les patients que l’on a l’habitude de voir on peut constater rapidement s’il y a un problème ou non,  et pour moi je trouve ça plus compliqué à travers un écran."
 

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C’est sûr qu’il y aura des modifications, des abus aussi, des dérapages mais tout de même, ça ne marche pas trop mal


"Un autre point pour lequel il faut raison garder, c’est la problématique des plaintes. Les patients sont plus procéduriers. Quand autrefois nous avions quatre ou cinq plaintes au niveau du département sur une année, désormais on peut atteindre ce chiffre sur un trimestre. Avec les plateformes de télémédecine, on ne sait pas où on tombe, ni avec quel médecin on consulte.

Pour ma part je crois que la télémédecine avec son médecin habituel c’est une bonne pratique, c’est quelqu’un qui vous connaît. Après c’est vrai que le week-end, la nuit, les jours fériés, quand on va voir un médecin de garde ce n’est pas non plus notre médecin habituel. Alors surement que  les choses peuvent évoluer, il faut voir à l’usage.  C’est sûr qu’il y aura des modifications, des abus aussi, des dérapages, mais tout de même, ça ne marche pas trop mal et les professionnels qui ont pu tester pendant cette période si particulière ne sont pas du tout mécontents."


 
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