L'annonce du verdict a sidéré la partie civile. Après 7h de délibéré, le jury de la Cour d'Assises de la Corrèze a fait profiter à l'accusé des doutes sur son intention de tuer son épouse quand celle-ci, également fonctionnaire de police en exercice, l'a désarmé. Il est condamné pour violences.
C'est donc un acquittement partiel de l’accusé qu'a prononcé le jury de la Cour d'Assises de la Corrèze, dans le procès pour tentative d’assassinat de ce policier à la retraite de 74 ans sur son épouse.
Sept heures de délibéré et des doutes qui profitent à l'accusé
Les trois hommes et les trois femmes jurés ont longuement délibéré après la clôture des débats. C'est à 19h45 que la Cour est revenue dans la salle d'assises. Ayant répondu aux questions qui leur étaient posées, l'intime conviction de ces jurés n'a pas reconnu la culpabilité de Jacques E., policier à la retraite depuis 1999, pour tentative d'assassinat sur la personne de son épouse. En revanche, ces jurés l'ont déclaré coupable des violences commises sur son épouse lorsqu’elle l’a désarmé. A ce titre, il est condamné à quatre ans de prison dont trois avec sursis. L’homme ayant déjà purgé 32 mois de détention provisoire, il est sorti libre de la Cour d'Assises de la Corrèze. Il pourrait même réclamer des indemnités pour le surplus de prison indûment fait.
Les jurés ont estimé que s'il n'est pas contesté que des menaces de mort ont été prononcées et réitérées par l’accusé, ces menaces n’ont pas été jugées suffisamment sérieuses pour que la victime, fonctionnaire de police, se débarrasse des autres armes présentes au domicile. Ils ont retenu également que le soir des faits, alors que de nouvelles menaces de mort venaient d'être proférées à table par l'accusé, personne, ni la fille du couple ni leur gendre, ne s’est inquiété outre mesure, ce qui démontre que ces menaces n’ont pas été prises au sérieux par les membres de la famille.
Il est également souligné qu'au moment des faits, la position de l’accusé assis face au mur de la chambre a traduit un abattement de sa part, corroborant ses intentions de suicide ainsi que son état dépressif, état confirmé par les médecins. Pour la Cour, cette position ne traduit pas une intention malveillante. Le départ de feu de l'arme, la balle allant se loger dans la baie vitrée, était peut être accidentel compte-tenu du désarmement de l’accusé par son épouse. La Cour n'a pas constaté qu'il était établi qu’il avait mis en joue son épouse. En conclusion, selon les jurés, des doutes sérieux demeurent sur l’intention d'homicide et la préméditation de cet homicide par l'accusé sur la personne de son épouse. Or, la loi impose de faire profiter tout doute à l’accusé. Celui-ci, depuis l'ouverture du procès, affirmait qu'il allait se suicider ce 16 janvier 2019, lorsque son épouse est entrée dans la chambre, se jetant sur lui pour le désarmer.
Le verdict a fait l’effet d’une bombe dans la salle d’assises, jetant le trouble et l’indignation chez la victime et ses proches. « C’est degueulasse, c’est injuste, il n’y a de la justice que pour les pourris » a lâché la victime désabusée.
Le Parquet général, qui avait requis plus tôt dans la matinée une peine de 13 années de réclusion criminelle, se réserve la possibilité d’interjeter appel de ce verdict.