C’est l'une des conséquences de la réduction du cheptel français et corrézien. Moins de vaches, ce sont moins de veaux. Moins de veaux, ce sont moins d'exportations de broutards. Selon l'Institut de l'élevage, les ventes vont baisser d'au moins 8% en 2025.
C'est le grand jour pour les soixante-huit broutards gardés dans une exploitation de Masseret, en Corrèze. Ces veaux de neuf mois, venus d'une vingtaine de fermes des environs, embarquent dans leur camion de transport. Leur destination : l'Italie. Dans des ateliers spécialisés de la région de Venise, les bêtes seront engraissées avant d'être consommées dans la péninsule. Pour la viande limousine, ce marché représente une filière historique.
"Il y a une collaboration depuis très longtemps avec les Italiens, raconte Philippe Bunisset, exportateur de bovins. Ils viennent chercher des animaux français, surtout du cœur du Limousin. Ils engraissent les animaux d'une certaine façon, et la région correspond bien à leurs attentes."
C'est la dernière semaine où nous allons honorer les commandes de nos clients.
Philippe BunissetExportateur de broutards
Ces clients de trente ans, ce professionnel se prépare à ne plus pouvoir les approvisionner aussi régulièrement qu'avant. Selon l'Institut de l'élevage, les exportations de broutards devraient chuter de plus de 8% en 2025. Cette baisse inédite s'explique par la diminution du cheptel français et corrézien, qui affecte mécaniquement le commerce extérieur.
"Là, c'est la dernière semaine où nous allons honorer les commandes de nos clients, poursuit Philippe Bunisset. À partir de la semaine prochaine, je pense que l'on va couper en deux pour pouvoir exporter en Italie. J'ai juste un collaborateur à mi-temps et un secrétaire à mi-temps, donc je vais pouvoir m'adapter. Mais il y a des grosses structures qui vont voir cela autrement..."
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Trop de travail pour trop peu de revenus
Spécialiste des veaux, le syndicaliste Laurent Boisset alerte depuis plusieurs années sur la situation de l'élevage en Limousin. Président de la section veau à la Fédération nationale bovine (FNSEA), il estime que la filière demande trop de travail pour trop peu de revenus. Selon lui, trop d'agriculteurs partent sans trouver de repreneurs. Les statistiques de l'érosion du cheptel se révèlent colossales : un million de bêtes en moins en sept ans.
"On a une campagne qui se vide, déplore-t-il. Et qui se vide en vaches... Si vous n'avez plus de vaches, vous n'avez plus de veaux. Si vous n'avez plus de veaux, vous n'avez plus de produits à exporter." Depuis deux ans, le prix du broutard remonte. Néanmoins, pour Laurent Boisset, le mal est fait. Selon lui, seul un sursaut de toute la filière pourrait un jour recapitaliser le cheptel français.