Pendant trois jours, les jurés de la Cour d’Assises de la Corrèze à Tulle découvrent les circonstances qui ont conduit cet homme de 74 ans à comparaitre pour une tentative d’assassinat sur la personne de son ex-épouse. Il soutient quant à lui une tentative de suicide empêchée par elle.
Aucun regard échangé entre l’accusé et la victime tout au long de la première journée du procès dans cette salle de la Cour d’Assises de Tulle.
Dans le box, l’homme de 74 ans est interrogé à plusieurs reprises par la Présidente. Il se défend avec véhémence. A une question de l’Avocate général, il répond « je ne lui ai pas tiré dessus, je voulais me tuer, ce geste ne s’adressait pas à ma femme ».
Les faits
Le 16 janvier 2019, dans un pavillon à Combresol en Corrèze, Jacques E., retraité de la police depuis 1999, tire un coup de feu avec un pistolet alors qu’il se trouve dans la chambre conjugale, au moment où son épouse entre dans la pièce. La balle de ce tir est retrouvée par les techniciens de la cellule d’identification criminelle dans la baie vitrée.
Des versions qui divergent
A-t-il voulu la tuer ? a-t-il voulu se suicider ? En tout cas c’est la thèse que l’accusé soutient devant la Cour, comme le confirme son avocat, Maître François Armand « il a pris son arme pour se suicider, pas pour la tourner contre qui que ce soit ».
L'ex-épouse de l'accusé, une fonctionnaire de police de 50 ans toujours en exercice, a une toute autre version. Elle affirme qu’il lui tournait le dos, assis sur le lit, quand elle est entrée dans la chambre et que c’est à ce moment là qu’il a saisi l’arme et l’a pointée sur elle. Elle ajoute qu’elle a réussi à le neutraliser, réussissant à dévier la trajectoire du tir.
A l’issue de l’instruction et pour le Parquet général, il y aurait dans le dossier criminel de nombreux éléments qui permettent de soutenir la thèse de la tentative d’assassinat sur la personne de l'épouse.
Le couple formé par cet homme et son épouse, 24 ans plus jeune que lui, ne s’entendait plus depuis de nombreux mois. Les conjoints faisaient chambre à part. La victime confie les sorties dans des clubs échangistes qu’elle ne supportait plus, l’alcoolisme de l’accusé, ses dépressions. Le directeur d’enquête parle à la barre des menaces de mort proférées par le septuagénaire à l’égard de son épouse.
Et puis il y a la scène du 16 janvier 2019 : sur question de la Présidente de la Cour d’assises, l’expert en balistique répond précisément que la trajectoire de la balle aurait pu atteindre l’abdomen de la victime, trajectoire confirmée par la victime elle-même qui soutient que le pistolet était orienté vers son ventre.
De son côté, la victime espère tourner la page par ce procès éprouvant, comme le souligne son Avocate, Maître Christine Marche « ce qu’on espère surtout c’est qu’il reconnaisse et dise la vérité, parce que ce qu’il dit à l’heure actuelle c’est je ne me souviens pas, c’est vrai qu’il a changé énormément de versions mais les dernières c’était je ne me souviens pas, donc ce procès est très important pour savoir aujourd’hui si il ne se souvient vraiment pas, s’il l’a fait, s’il ne l’a pas fait… c’est très important pour la reconstruction de ma cliente »
Le procès se poursuit jusqu’à mercredi. L’accusé encourt la réclusion à perpétuité pour tentative d’assassinat.