Le Limousin fait partie des régions qui comprennent le plus de passoires thermiques en France. Ces logements, mal isolés, laissent échapper la chaleur. Cela a des conséquences sur les factures d'énergie et sur l'environnement.
Dans quelques jours, Asghar Jafari emménagera dans sa maison à Tulle (Corrèze), achetée en janvier. Elle date des années 60, son confort aussi. Le nouveau propriétaire souhaite en améliorer la performance énergétique.
Il a donc fait appel à un technicien chargé de l'étude thermique. Olivier Bernard, le thermicien a l’œil sur tout, du sol au plafond en passant par les murs et les fenêtres. Après deux heures d'observation et de calculs, le bilan tombe. Classée G, la maison est ce qu'on appelle une passoire thermique, avec une forte perte d'énergie.
Pour y remédier, un seul moyen : l'isolation. "On va isoler toutes les parois possibles et imaginables. On va remplacer les menuiseries et on va ventiler la maison de manière artificielle. Le nerf de la guerre, c'est de faire en sorte que la maison consomme le moins possible", explique Olivier Bernard, responsable agence et thermicien Soliha -Terres Océan Corrèze.
À l'issue des travaux, en comptant en plus une pompe à chaleur, la maison grimpera de cinq échelons et sera classée B. L'émission de CO2, néfaste pour l'environnement, sera aussi divisée par dix.
L'ensemble des bâtiments représente 20% des émissions des gaz à effet de serre. Donc d'une certaine manière, c'est responsable de 20% des conséquences que l'on voit sur le changement climatique.
Michel Galliot, président de Limousin Nature Environnement
Un tiers des logements en Corrèze sont des passoires énergétiques
Mais les travaux de rénovation énergétique ont un coût : pour Asghar Jafari, subventions déduites, le reste à charge est estimé à 20 000 euros. "Ca me fait un choc", confie Asghar. "Aujourd'hui 20 000 euros c'est énorme pour moi, surtout avec les salaires qui ne bougent pas, il y a beaucoup d'augmentations sur le carburant, l'électricité, le gaz."
Par l'intermédiaire de Soliha, l’association qui a procédé à l'étude énergétique de sa maison, le jeune propriétaire peut bénéficier d'un prêt à taux zéro pour le financement de ses travaux. Des aides incitatives pour venir à bout des passoires thermiques, très répandues en Corrèze.
Sur la Corrèze, il y a un tiers de logements qui sont considérés comme des passoires énergétiques, classés en F ou en G. Sur le département, plus de 50% du parc immobilier date d'avant 1975, c'est un parc très ancien.
Grégoire Remark, directeur général délégué Soliha - Terres Océan Corrèze
La rénovation énergétique demande aussi de franchir un dédale des subventions, parfois décourageant, et leurs conditions d'attribution. Pour répondre aux habitants, l'agglomération de Tulle a créé un nouveau service public : la maison de l'habitat. En moins d'un an, 91 dossiers de rénovation énergétique ont été bouclés.
"Ces dossiers vont amener 54% d'économie d'énergie. C'est énorme" affirme Ana Maria Ferreira, vice-présidente à l'Agglo de Tulle en charge de l'habitat. "Ça veut aussi dire une diminution importante de la facture. Il faut que le dossier soit monté intelligemment, pour que la personne comprenne ce que ça va lui amener comme gain énergétique, et quelle économie cela va faire sur leur porte-monnaie."
Car le porte-monnaie reste la première motivation pour améliorer la performance énergétique de son logement. Selon une enquête de l'ADEME, seuls 14% des ménages ont effectué des travaux pour réduire leur impact environnemental.