Le Covid long est une des conséquences de l'épidémie. 10 % des personnes ayant contracté le virus présenteraient des symptômes persistants plus de trois mois après l'infection. Des symptômes variables, difficilement cernés et pour lesquels la prise en charge médicale est encore mal organisée.
Le Covid long est une des conséquences sournoises de l'épidémie de coronavirus. D'après les autorités sanitaires, il pourrait toucher des centaines de milliers de personnes en France, et près de 10 % des malades ayant contracté le virus auraient des symptômes persistants au-delà de trois mois après avoir été infectés.
Ces symptômes sont très variés : maux de têtes, palpitations, brouillard mental, troubles de la respiration, douleurs musculaires, la perte de goût et de l'odorat pendant des mois. Ils dépendent aussi de l'âge et du sexe du malade.
Face à cette nouvelle problématique, la prise en charge médicale est encore mal organisée et certains patients se sentent "seul face à cette situation".
Khadija a contracté le Covid en septembre dernier, alors qu'elle était enceinte de 7 mois, "je m'essoufflais très rapidement, au moindre effort". En quelques jours, son état s'est dégradé. Elle est hospitalisée en réanimation et accouche par césarienne en urgence. Elle est ensuite intubée pendant 17 jours et placée en coma artificiel.
Une épreuve traumatique pour cette maman de 35 ans, qui souffre encore de symptômes liés au virus, "j'ai beaucoup de pertes de mémoire, du mal à me concentrer et cette fatigue que je n'avais pas avant". Aujourd'hui, Khadija a la sensation de ne plus être la même personne, "je n'ai plus du tout l'énergie que j'avais avant, les choses banales de la vie deviennent un effort au quotidien".
Pour tenter de trouver des réponses, la jeune femme enchaîne les rendez-vous médicaux, "je vais voir mon médecin tous les mois voire plus". Son dernier scanner montre que ses poumons ont repris 100 % de leurs fonctions, mais elle doit subir d'autres examens à l'hôpital pour apprivoiser sa grande fatigue et ses essoufflements au moindre effort.
"Lors de ces crises, je ne suis pas totalement moi-même"
Pierre* découvre qu'il est atteint du Covid en novembre 2020, "c'était une forme assez légère, peu violente au départ". Atteint d'une bronchite, il se soigne. Peu de temps après, les symptômes se déclarent, "c'est arrivé tout doucement, avec un petit décalage", confie le retraité corrézien.
Pour la première fois, il ressent un "frisson", une sorte d'"énergie négative" qui a de véritables conséquences sur son organisme, "il était annonciateur d'une période de fatigue, de confusion mentale, de pertes de mémoire. Mon état lors de ces crises me fait dire que je ne suis pas totalement moi-même". Depuis, ce frisson intervient au moins une fois par jour, parfois deux, "ça n'est pas régulier, ça peut arriver à n'importe quel moment", confie-t-il, soulagé de ne pas avoir subi de nouvelle crise depuis deux jours.
Depuis peu, Pierre* a retrouvé l'odorat, "il y a deux jours, j'ai senti le café alors que j'avais perdu l'odorat en grande partie", mais ses craintes persistent, notamment sur ses problèmes de mémoire "ce qui me préoccupe le plus, c'est de savoir si je vais retrouver mes souvenirs passés, momentanément inaccessibles, ou sont-ils perdus à tout jamais ?" se questionne-t-il encore aujourd'hui.
* Le prénom de cette personne a été modifié
Vers des solutions pour les malades
Si la crise du Covid semble être sous contrôle actuellement, la prise en charge médicale des personnes atteintes de Covid long reste encore mal organisée. Jean-Marc Comas, endocrinologue briviste, lui-même atteint de Covid long, a lancé fin novembre, son association "Tous partenaires Covid" dans une démarche scientifique, "5 000 personnes ont répondu à notre questionnaire, nous allons devoir déterminer les données les plus utiles à extraire".
En effet, ce questionnaire a permis à l'association de recenser tous les symptômes du Covid long et leur évolution. Ils seront bientôt disponibles sous la forme d'un disque dynamique, "il devrait être en ligne prochainement et permettra d'identifier les tranches d'âges qui méritent d'être pris en charge plus rapidement, de s'orienter vers des médecins compétents en matière de Covid long".
Cette enquête inédite en France permettrait également aux patients, via un espace en ligne privé, de voir l'évolution de leurs propres symptômes sur le long terme, "le premier recours, c'est la porte d'entrée par les médecins généralistes. Il faut qu'ils soient informés et formés. Le second recours est hospitalier, où doivent s'organiser des filières de prise en charge pour les malades qui ont des pathologies spécifiques". Or, pour le moment, aucune filière n'est mise en place dans ce cadre précis.
Jean-Marc Comas, actuellement en lien avec le ministre de la Santé, espère que son étude (une fois complète) serve de base nationale afin que les patients atteints de Covid long soient mieux pris en charge.