Le livre "L'enfant qui aimait les vaches", ouvrage paru aux éditions Maïade, retrace la vie de Régis Coudert, un Corrézien qui a consacré sa vie à la sauvegarde de la race limousine. Il sera disponible le 10 mai 2021.
Régis Coudert a quasiment voué sa vie à la vache limousine, race bovine qui a pourtant failli disparaître dans les années 50. Dans ce livre, illustré de nombreuses photographies, l’éleveur corrézien nous immerge dans sa vie quotidienne, depuis son enfance, sa famille, en passant par l’Algérie, son combat pour la sauvegarde de la race bovine et l’amour pour son “pays”, le Limousin.
Notre métier c’est de nourrir les gens et donc de faire de la viande de bonne qualité
Né en 1934 dans la campagne corrézienne, l’éleveur est décrit comme un être passionné, rebelle, généreux, créatif, bref hors du commun.
Il affectionne la nature, les animaux et en premier les vaches dont enfant, il collectionne les miniatures avant de devenir éleveur bovin. Il va consacrer son existence à cette vache de couleur marron qui est désormais réputée dans le monde entier pour sa rusticité, ses qualités maternelles et sa viande.
Un livre hommage
Corrézien, qui naît et grandit à Saint-Pardou-le-Vieux, il parle aussi de ses racines, des traditions et de sa famille engagée pendant la guerre. En 1946, son papa sera récompensé pour ses actions pendant l'occupation par la Médaille de la Résistance, la Croix de guerre et la Légion d’honneur. Un père qui put acquérir en partie une propriété à Meilhards près de Chamberet, à 80 km de Loubeix. De retour de la guerre d’Algérie, Gilbert alors âgé de 21 ans, se retrouve à la tête de la ferme de cent hectares.
Eleveur-sélectionneur
Une terre est propice à l’élevage des races limousines, race bovine française destinée principalement à la production de viande.
Enfant, il assiste au rituel qui consistait à tuer le cochon. Il s’agissait d’égorger, puis récupérer le sang de l’animal pour le transformer en diverses charcuteries. Une tradition qui, comme il l’explique dans le livre, le marquera pour toujours. “Voir ces bêtes souffrir, leur vie sacrifiée à ceux qui les élevaient, me faisait poser beaucoup de questions. Habituellement, les vieux meurent de vieillesse ou de maladie, les jeunes d’accidents, et l’on élève et tue des animaux que l’on aime bien pour les manger : ce paradoxe me hante toujours”.
Alors quand il devient éleveur il décide qu’il ne ferait que de la sélection. Lui qui aime tant ses bêtes rêve d’abattoirs où les animaux sont traités dignement.
Des abattoirs plus humanisés
Une Limousine qui s’éteignait
Dans les années 50 l’agriculture traverse une grave crise dans la région Limousin. Une région rurale quelque peu délaissée par la nouvelle génération. L’agriculteur va tout faire pour inverser cette tendance.
Il cherche une méthode qui pourrait garder les jeunes dans la profession et qui serait rentable pour ceux qui voudraient en vivre.
Son idée, révolutionnaire et novatrice à l’époque, sera de faire sortir les vaches de leurs étables pour les mener dans les prairies toute l’année, été comme hiver, pour les faire brouter à volonté une bonne herbe de surcroît gratuite et abondante.
A l’origine des “broutards”
Il sera le premier à faire de l’élevage de plein air intégral. “Je m’étais caché pour sortir 3 vaches pour expérimenter ma méthode” explique Régis Coudert.
Même sous la neige les bestiaux sont désormais dehors. Un véritable séisme à l’époque dans le milieu agricole local où il ne fera pas l’unanimité. Ce sera le début des "broutards”. Les vaux ainsi nommés sont ainsi nourris de lait maternel et de bonne herbe jusqu’à leur sevrage.
Il sera le premier à gagner une médaille à un concours inter régional agricole avec ses animaux élevés en plein air.
C’était une fierté, je battais soixante-dix taureaux avec Danseur, animal de plein air intégral
Des hostilités, il y en eut. Mais il est encouragé et accompagné par tout un groupe de propriétaires éleveurs dynamiques. Il s’associe donc à ceux qui partagent ses valeurs et rejoint le CETA (Centre technique agricole) de Pierre-Buffière en Haute-Vienne. Un établissement fondé par Louis De Neuville, Corrézien qui œuvra pour la sauvegarde de la race limousine et fut son ambassadeur dans le monde entier.
Dans les pas de l'ambassadeur
Louis De Neuville c’était une locomotive, il avait un don pour la communication
C’est donc en toute logique que la préface du livre a été confiée à Christine De Neuville, maire depuis 2001 de Vicq-sur-Breuilh dans la Haute-Vienne et fille de Louis De Neuville. Né et éleveur à Vicq-sur-Breuilh, il est la figure de l’élevage limousin et de la culture, fondateur de La Borie et du pôle de Lanaud il met en place un plan de développement international de la race limousine.et en devient l'ambassadeur à l'étranger.
Une race adorée
Deux homme unis par la même passion. Alors dans ce recueil, le Corrézien parle longuement de ses vaches qu’il chérit tant. Il leur parle, veille sur elles et sait immédiatement repérer si l'une de ses vaches ne va pas bien. Agora figure parmi les stars de son cheptel. Il lui donne la parole dans son recueil. ”J’étais, moi, une des préférées, un caractère en or, j’ai toujours fait naître mes enfants sans assistance. A sept ans, j’avais eu sept petits, dont deux fois des jumelles”. Une complicité quotidienne avec ses bestiaux.
Collectionneur d’outils
D’ailleurs, Gilbert est passionné par la nature et les animaux depuis toujours. Enfant, il collectionne des figurines de toutes sortes mais surtout des vaches miniatures.
Mon parrain m’avait offert mes premières vaches en bois achetées dans le Cantal
Un engouement qui va le suivre toute sa vie par plaisir mais aussi pour compléter les fins de mois difficiles. Il revend de vieux objets et outillages qu’il trouve en chinant dans les brocantes ou en récupérant des objets jetés
Avec mon épouse on avait pas le smic
Le temps du témoignage
Malgré les difficultés de la vie, aujourd’hui âgé de 87 ans, l’homme de la terre a toujours la même énergie. Intarissable sur son sujet. Après le décès en 2019 de sa femme Alix dont il ne tarit pas d’éloges, l'éleveur décide d’immortaliser dans un ouvrage les événements de sa vie.
C’était une perle, elle était magnifique, je lui dois tout
Et c’est par le biais d’une maison d’édition locale, Maïade, qu’il se livre. Ce sont Claudine Evrard et Marie-France Houdart qui ont successivement recueilli ses mémoires. “Il était venu me voir il y a à peu près huit ou dix ans il m’avait raconté tellement de choses, je m’étais dit qu’il faudrait que je fasse quelque chose sur lui un jour” explique Marie-France Houdart directrice de Maïade éditions”. Une vie intense qu’elle prend le temps de retranscrire. "Cette année j’y suis allée maintes fois car il y avait toujours des choses à corriger mais maintenant que le livre est terminé il est satisfait" ajoute l’éditrice.
Régis Coudert est aussi à l’honneur en image grâce au documentaire intitulé “L’engrangeur”, l’un des films de la trilogie de Sylvain Tousselle tourné en 2019.
Un éleveur corrézien fier d’avoir fait de la viande de bonne qualité pour nourrir les gens. “Je suis le dernier des mohicans” explique-il. L’un des derniers de son groupe d'amis à transmettre ses valeurs pour sa terre natale.