Quand l'insurrection débute le 18 mars 1871, de nombreux maçons creusois se trouvent à Paris pour le travail. Epris de justice sociale, ils prennent part à la Commune de Paris, cet élan républicain contre le pouvoir. Ils en paieront le prix.
Le XIXème siècle voit l'apogée de la migration saisonnière des maçons de la Creuse vers Paris : chaque année, du Printemps à Noël, ils sont 35 000 à quitter leur campagne pour travailler dans la capitale.
Parmi les premiers fusillés : un Creusois
Quand l'insurrection éclate, le 18 mars 1871, ils sont donc nombreux à avoir rejoint Paris, certains même avec leur famille. Des milliers d'ouvriers évidemment sensibles aux arguments d'égalité sociale prônée par le peuple contre le pouvoir en place.
Et comme les Prussiens encerclent Paris, et qu'il n'y a plus de travail, de nombreux saisonniers creusois s'enrôlent dans la garde nationale, par conviction ou pour la solde.
Les Creusois paieront cher cet engagement. Ainsi, un des tout premiers fusillés de la Commune est originaire de Saint-Maurice-la-Souterraine. Gédéon-Jean-Baptiste Lechapt est fusillé à Chatou le 3 avril 1871. Sans jugement. Enterré dans le plus grand anonymat, avec deux autres fédérés, le capitaine du 175eme régiment de la garde nationale a été indentifié quelques mois plus tard.
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La semaine sanglante
Du 21 au 28 mai 1871, la semaine sanglante est la répression qui met fin aux 71 jours de la Commune de Paris.
Parmi les Communards arrêtés, 1 314 sont des migrants limousins (953 viennent de Creuse, 388 de Haute-Vienne et 173 de Corrèze).
D'après l'association "les amies et amis de la Commune de Paris 1871", la Creuse est le troisième département pour le nombre des arrestations après la Seine, Paris et la proche banlieue, (8 939) et la Seine-et-Oise (1 257).
487 Creusois sont déportés en Nouvelle-Calédonie. Ils seront amnistiés en 1879.
L’historien Alain Corbin évalue entre 380 et 400, le nombre des Creusois tombés ou fusillés au cours de la Semaine sanglante. D'après une autre source, entre 1500 et 3000 Creusois sont morts pendant le siège prussien et la Semaine sanglante.
La mémoire
Depuis deux ans, le Comité creusois de la Commune de Paris oeuvre pour la mémoire de ces hommes et femmes qui ont pris part à l'un des plus grands combats populaire de l'Histoire de France. Qui pour certains y ont laissé leur liberté, pour d'autres la vie.
Le Comité a ainsi retrouvé la trace d'une Creusoise déportée aux côtés de Louise Michel vers la Nouvelle-Calédonie, et la tombe d'un maçon creusois enterré sur l'île alors qu'il est mort noyé en tentant de s'échapper.
"Ces hommes et ces femmes ont ouvert la porte aux grandes réformes qui ont suivi, comme la laïcité, le fonctionnement de la démocratie, l'abolition de la peine de mort", explique Bernard Bondieu, le secrétaire du comité creusois de la commune de Paris.
Pour ne pas les oublier, l'association propose une exposition, avec des oeuvres d'artistes de l'Indre et de la Creuse. Elle a également lancé une souscription pour une tapisserie "Es jorn", actuellement entre les mains de Françoise Vernaudon, lissière à Nouzerines.
L'exposition s'accompagne d'un spectacle et de débats. Trois communes se sont montrées interessées pour accueillir cet événement, Felletin, La Souteraine et Saint-Vaury. Les dates ne sont pas encore déterminées en raison de la crise sanitaire.
La Commune a été trop longtemps occultée
"Cet épisode de notre Histoire de France et de Creuse a été trop longtemps occulté des livres scolaires. Il est grand temps d'en parler", estime le secrétaire du Comité creusois de la Commune de Paris, Bernard Bondieu.