Au printemps 1871, l'Histoire a été marquée par un grand mouvement populaire : la Commune de Paris. En province, Limoges fait partie des rares villes à avoir également proclamé la Commune. Quelques habitants s'en sont souvenus ce 4 avril 2021.
Longtemps absente des livres d'histoire, ou réduite à quelques lignes, la Commune de Paris célèbre cette année son 150ème anniversaire.
Le 18 mars 1871, alors que deux mois plus tôt la France a perdu la guerre qui l'opposait à la Prusse, à Paris, les ouvriers, les artisans, les professions libérales se soulèvent contre le gouvernement d'Adolphe Thiers, qui quitte Paris pour Versailles. Dix jours plus tard est proclamé le Conseil de la Commune, que l'on appelle la Commune de Paris.
L'éphémère Commune de Limoges
En France, des villes proclament aussi la Commune : Marseille, Lyon, Saint-Etienne, Narbonne et le 4 avril 1871, Limoges.
Une Commune de courte durée : 24 heures. Elle débute à la gare, alors que les ouvriers veulent empêcher le régiment de 9eme ligne de rejoindre Paris pour s'opposer aux Communards.
Le maire Casimir Ranson veut éviter toute effusion de sang, et demande au préfet de retenir ses troupes prêtes à assaillir les insurgés. Des conseillers municipaux proclament la Commune de Limoges. La gare est occupée, des barricades montées.
Les Communards se dirigent vers le Présidial, la préfecture de l'époque. Le préfet prend la fuite. Mais des cuirrassiers s'opposent aux gardes nationaux, partisans de la Commune. Le colonel Billet est touché, et meurt peu après. La seule victime de la Commune de Limoges.
Après un accord, les Communards se dispersent. "Le mouvement s'est délité tout seul par manque d'organisation, explique Georges Châtain, auteur du livre 1871, les Limousins et la Commune. Ils n'avaient aucun mot d'ordre."
Le lendemain a fait place à la répression. "35 Communards sont passés devant le Conseil de guerre, raconte Georges Châtain. Il y a eu deux condamnations à mort par contumace". Les deux condamnés, Rebeyrolle et Duboys, conseillers municipaux, avaient pris la fuite pour la Suisse.
Hommage aux Communards
150 ans après, ce 4 avril à Limoges, une poignée d'habitants a symboliquement rebaptisé l'impasse Thiers en "Voie de la Commune de Limoges".
Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif de la République française, a réprimé dans le sang l'insurrection de la Commune.
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Pourquoi Limoges ?
La Commune a trouvé un écho favorable à Limoges, alors que 7 ans auparavant, les ouvriers s'étaient soulevés contre le patronat.
En 1864, la colère monte chez les porcelainiers, qui s'opposent à la pratique de la "fente". Quand de la porcelaine se fend à la cuisson, la perte est retenue sur la paie des ouvriers. Le mouvement commence dans sept manufactures, puis quinze, puis vingt-cinq. 4000 ouvriers se mettent alors en grève.
Le mouvement s'étend aux tisserands, aux teinturiers. A Limoges, c'était la grève générale.
"Depuis 1848 le prolétariat à Limoges était déjà organisé, raconte Georges Châtain. L'échec de la grève générale de 1864 a laissé une rancoeur, qui explique le mouvement communard."
Le tribut des Limousins
Au delà de la journée du 4 avril 1871 à Limoges, les Limousins ont joué un rôle dans la Commune de Paris. Très présents dans la capitale, notamment les Creusois qui travaillaient comme maçons en saison.
Les Limousins ont participé aux barricades. Dans quelle proportion ? difficile à dire. Entre 2000 et 3000, estiment certains historiens.
Ce qui est sûr, c'est le nombre d'arrestations de Limousins après la semaine sanglante du 21 au 28 mai qui a mis fin à la Commune. 953 Creusois, 388 Hauts-Viennois, 173 Corréziens.
Certains ont été fusillés, d'autres déportés en Nouvelle-Calédonie.
La Commune de Paris aura duré 71 jours, du 18 mars au 28 mai 1871.
