Premier épisode de la série sur le patrimoine d'exception du Limousin. Près de Chénerailles et d'Aubusson en Creuse, se dresse le château d'Etangsannes. Construite entre le XIIe et le XVe siècle, l'imposante demeure a été acquise par un couple il y a 15 ans. Une bâtisse qui se visite sur rendez-vous.
Quand on arrive de Chénérailles ou d'Aubusson, en pleine campagne, les restes d’une forteresse initiale. Un château marchois accompagné d'une grange fortifiée, reliés entre eux par des murs de courtine.
"Le mur ouest, explique Thibault de Mesmay, propriétaire du château d'Etangsannes, a disparu. Il s’ouvrait par un porche fortifié doté d’un pont-levis. Cette forteresse était entourée de douves dont une bonne partie subsiste. Au sud se trouve un quadrilatère de granges et bâtiments d’habitation."
Des bâtiments en cours de restauration et de sécurisation qui ne se visitent pas encore, malgré leur grand intérêt historique.
Détail important, le donjon est du XIIᵉ siècle. "On avait au XIIᵉ siècle une forteresse qui était basée sur la tour carrée et puis un premier manoir. Et ce qu'on aperçoit date de la construction du XVᵉ, après la guerre de cent ans qui a été assez sanglante dans le secteur."
Des clochetons en bardeaux
De magnifiques tours atypiques dans ce pays marchois. Ainsi qu'une toiture spécifique. "Oui, on peut le voir avec les clochetons en bardeaux, c'est une façon de rehausser les tours de façon pas trop coûteuse. Avoir les tours les plus hautes possibles, c'était le plus de prestige possible, ça permettait de faire le travail à faible coût. Car ce que vous voyez là, ce sont des bardeaux en bois de châtaignier, qui n'est pas scié. Normalement, c'est imputrescible, on en a normalement pour un siècle", confie l'hôte des lieux.
À l'achat en 2010, tout était vide ?
Oui, nos prédécesseurs avaient acheté une maison vide, ils nous ont vendu une maison vide, c'est tout à fait normal. Et on a fait le choix de rendre une pièce par ambiance. On a essayé de recréer une chambre sous Louis XV et on a mis des tapisseries d'Aubusson, parce qu’on est près d'Aubusson".
"Il faut lever la tête !"
Dans une chambre du château d'Etangsannes, la propriétaire Elisabeth de Mesmay incite le visiteur à lever les yeux au plafond. Il a été peint dans la deuxième moitié du XVIᵉ siècle, par des artistes de la deuxième école de Fontainebleau.
"Ce qu'on voit, c'est plus de 1250 figures, représentants des hommes, des animaux. Les peintures sont en très bon état de conservation, avec des couleurs encore assez vives, puisqu'on peut voir de très beaux rouges, notamment. Nous ne savons rien des artistes qui ont composé ce plafond, car il n'y a pas d'écrits, pas de signatures. Ces figures font partie des choses sur lesquelles nous investiguons. Il y a des scènes de tortures, il y a des scènes de danse. Il y a énormément de choses, et il faut juste regarder", s'enthousiasme la maîtresse des lieux.
Autour d'Etangsannes, des bâtiments agricoles. Un travail de tous les instants pour ces passionnés qui ont acquis le château il y a quinze ans.
"Il y a des gens qui nous ont dit, vous auriez pu refaire tous les toits d'un seul coup, ce serait plus joli ! Et figurez-vous que mon banquier, m'a dit non ! C'est pour ça qu'on a fait par tranche, en fonction des endroits où c'était plus important. On a ici ou là des problèmes de charpente, il a fallu refaire non seulement le toit, mais la charpente, et ça coûte tout de suite très cher. Même en étant monument historique, ça coûte extrêmement cher, n'achetez jamais un château, ça coûte une fortune !" sourit le châtelain.
Un château d'Etangsannes qui vaut le détour, ouvert à la visite sur rendez-vous.
Notre reportage sur le château d'Etangsannes :