L’affaire du petit Gabin devant les Assises de la Creuse : « Vous n’avez pas vu qu’il y avait urgence ? »

Un couple de Creusois est jugé depuis mardi 12 novembre, jusqu’à vendredi, pour avoir privé de soins et de nourriture son enfant de 2 ans. Gabin est mort à 22 mois, le 7 juin 2013 à Aubusson. Les témoignages se succèdent à la barre mais personne ne semble avoir pris la mesure de la situation
 

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Un premier signalement par une enseignante

Le laisser-aller et le manque d’hygiène ont d’abord été soulevés à l’école, là où le frère de Gabin, âgé de 6 ans, était scolarisé. Vêtements inappropriés, hygiène déplorable, retards scolaires. Un suivi avec le CMPP (le centre médico-psycho-pédagogique) est alors mis en place courant 2012 pour le jeune Melvin. Les parents l'amènent une fois par semaine rencontrer les professionnels du centre. Mais il y a essentiellement un suivi scolaire, pas encore une enquête sur les conditions de vie de l'enfant.
 

Un second signalement, par le père de l'accusé

Le père d'Edouard R. va faire un signalement à l'Aide Sociale à l'Enfance le 27 mai 2013, inquiet pour le devenir des deux enfants. Il a vu le laisser-aller de son fils et a connaissance des absences répétées de Céline V. Celle-ci découche souvent. Le couple ne se parle plus et ne fait que se croiser. Il renouvelle ce signalement le 30 mai 2013. Gabin meurt le 7 juin, huit jours plus tard.

Les enquêteurs découvriront un appartement à l'état si déplorable que le carnet de santé du petit Gabin sera trouvé sous des détritus. Ils constateront également ici et là la présence de bouteilles d'alcool consommées par Edouard R., et d'aliments périmés dans le réfrigérateur, ils trouveront des poubelles non vidées, des wc bouchés. Le lit du petit Gabin portait des tâches d'urine et des traces d'aliments.  Les jurés découvrent les photos de l’appartement prises lors de la perquisition, la saleté y est repoussante.
 
 

Un dysfonctionnement ?

Le médecin légiste a constaté « des carences, une dénutrition et une déshydratation chronique sur plusieurs mois, qui devaient se voir ». A son arrivée aux urgences, le 7 juin 2013, l’enfant pesait 5,8 kg. Un enfant de cet âge pèse normalement plus du double. Gabin avait les organes d’un enfant de 4 à 6 mois.
 
« Vous n’avez pas vu qu’il y avait urgence ? » Cette question revient auprès des témoins, lors des assises. Certains expliquent n'avoir pas beaucoup de liens avec le couple, le parrain des deux enfants les a vus quatre fois en un an, la mère de l'accusé a elle rompu les liens au fil des années. D'autres, comme les grands-parents de l'accusée, ne nient pas qu'ils connaissaient les difficultés économiques du couple et les aidaient comme ils pouvaient, mais tous avancent qu'ils n'avaient pas pris la mesure de la situation, trompés par le fait que Céline V. et Edouard R. consultaient tous les deux mois pour leur petit garçon.

Le médecin de la famille a reçu les parents et le petit Gabin à sept reprises, la dernière 1 mois et demi avant le décès, mais n’a pas non plus fait de signalement, il s'en expliquera à la cour ce jeudi 14 novembre. Le petit Gabin était soigné pour un défaut de fixation de calcium.
 
Le procès se poursuit jusqu'à vendredi . Le médecin de famille, lui, est renvoyé devant le Tribunal Correctionnel pour non assistance à personne en péril en 2020. Il est entendu ce jeudi comme témoin. 

L'avocat de l'association "L'enfant bleu - enfance maltraitée" seule partie civile - le Conseil départemental ne s'étant pas porté partie civile au nom des intérêts de l'enfant Melvin pourtant placé en famille d'accueil - plaidera ce jeudi. Vendredi est attendu le verdict, la plaidoirie de l'avocat des deux accusés et le verdict.








 
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