Après l'enrubannage de sa permanence par les Jeunes Agriculteurs , la députée de Creuse Catherine Couturier se dit ouverte au dialogue et n'a pas l'intention de déposer plainte. Elle attend de rencontrer les responsables agriculteurs dès qu'ils en auront fait la demande.
"Je suis assez surprise par cette façon de faire," témoigne Catherine Couturier jointe au téléphone au lendemain de l'attaque de sa permanence, alors qu’elle est encore à l’Assemblée nationale. "Je suis visée dans cette affaire, vous vous rendez compte, je n’ai toujours pas signé de bail et on s’en prend à mon local. Ils me reprochent quoi au juste ?" s’interroge l'unique députée creusoise (La France Insoumise, NUPES). Quand on lui demande si elle se préoccupe de la situation des agriculteurs, moment d’étonnement au téléphone, tant la question lui semble "surréaliste". Elle démarre avec un grand soupir : "je suis allée à la rencontre de la FDSEA, j’ai assisté à au moins quatre évènements agricoles depuis mon élection, par exemple à la fête de la montagne Limousine à Felletin, au Comice agricole, j’ai rencontré des éleveurs à Cressat, à l’occasion du 32ème championnat des chevaux de Trait pour ne citer que ces exemples-là. A mon sens, envahir ma permanence de cette manière n’est pas la meilleure façon d’engager le dialogue", regrette-t-elle.
"Malheureusement pour moi, explique la députée, le président de cette organisation (FDSEA ndlr) a passé la main, le nouveau président vient d’être élu, je le rencontrerai volontiers", affirme-t-elle malgré tout.
Quand on lui demande si elle souhaite déposer plainte, elle répond : "ça ne sert à rien ! Qu’ils m’écrivent s’ils veulent dialoguer, je les accueillerai volontiers. Je sais bien que l’agriculture pèse 18% des richesses du département, je sais la force qu’ils représentent. Mais ce n’est pas une façon de faire !"
Pour rappel, dans la nuit du lundi 26 au mardi 27 septembre, les futurs locaux de la députée Catherine Couturier ont été enrubannés par les Jeunes Agriculteurs de la Creuse. Ils expliquent leur action par l'absence de réponse à leurs sollicitations.
"Nous n'avons rien contre les Forêts Follies mais la députée a fait le choix d'aller là-bas et pas à Terres en fête, qui brasse aussi du monde, déplore Fabien Périgaud, le président des Jeunes agriculteurs de la Creuse. Quand on est élue, il ne faut pas choisir ses déplacements sur le territoire."
Vexés par ce choix, et par l'absence de réponse (satisfaisante, selon eux) de Catherine Couturier, les JA ont décidé de se faire entendre à défaut d'être écoutés.
Depuis trois mois, nous sommes sans nouvelles. Si, il y a eu un courrier il y a 3 semaines pour nous dire qu'elle reviendrait vers nous mais rien. Alors, nous lui avons fait une petite visite.
Fabien Périgaud, président des Jeunes Agriculteurs de la Creuse
Pourquoi les JA veulent-ils rencontrer la députée à tout prix ? Ils veulent faire remonter des doléances, en particulier sur la sécheresse. "Elle implique des pertes de rendement, d'un tiers pour le blé ou le maïs parfois, des hausses de coûts de production aussi, liées à la flambée des prix de l'énergie. Du simple au double chez certains", tance le président des JA 23. Ils veulent savoir s'ils auront droit aux aides compensatrices de ces pertes.
"S'il faut, on durcira le ton. On est jeunes, têtus. Nous avons des idées... On veut la rencontrer !", insiste Fabien Périgaud, président des JA de la Creuse
Au fond, il regrette son prédécesseur, l'ancien député Jean-Baptiste Moreau (La République en Marche/Renaissance) : "il était ce qu'il était mais au moins il discutait, il nous recevait, même si nous n'étions pas souvent du même avis". Il faut dire que ce dernier s'y connaissait en agriculture : il est lui-même éleveur.