Dans les campings de la Creuse, la saison estivale est d'ordinaire déjà lancée début mai et les carnets de réservation se remplissent. Mais le troisième confinement en avril 2021 a perturbé les perspectives saisonnières dans l'hôtellerie de plein air. Les touristes hésitent à réserver.
Le dernier calendrier de déconfinement progressif pourrait laisser présager en décollage des locations dans les campings mais qu’en est-il réellement dans la Creuse ? Depuis ce lundi 3 mai, les déplacements interrégionaux sont désormais possibles. Le couvre-feu toujours en vigueur est progressivement décalé, les commerces, terrasses et lieux culturels rouvriront le 19 mai et le télétravail sera assoupli à partir du 9 juin.
A la suite de ces annonces, les touristes commencent tout doucement à réserver dans la Creuse pour leurs vacances d’été. Certains établissements de plein air sont déjà ouverts et reçoivent quelques réservations pour la période estivale. D’autres structures ont renoncé à ouvrir en avril et même en mai pour les ponts de l’Ascension et de la Pentecôte. Ils évoquent notamment les complications du couvre-feu et les risques liés à la pandémie.
Les campings de la Creuse préparent malgré tout leur saison estivale. Dans ce département du Limousin, tous les types d'hôtelleries de plein air sont proposés. Les vacanciers peuvent trouver les campings à la ferme et familiaux en passant par les hébergements insolites, les 4 étoiles ou encore les structures naturistes.
Des demandes d’information
Tous attendaient les annonces du gouvernement et sont aujourd’hui suspendus à leur téléphone et sites de réservation en ligne. Même si certains reçoivent depuis une semaine quelques réservations pour d’autres il ne s’agit encore que des demandes d’information.
Pour certains, le début de la saison démarre traditionnellement dès le mois d’avril. Un retard déjà pris sur les autres années qu’il sera impossible de combler.
Un début de saison retardé
Le camping de la Cazine, situé sur la commune de Noth est une structure familiale de vingt-huit emplacements, ouverte depuis 2012 et qui accueille une clientèle française composée de beaucoup de Normands, Bretons et Nordistes. Les étrangers sont souvent de passage.
Et ces jours-ci, le cœur n’y est pas. "La saison s’annonce aussi mauvaise que l’année dernière" explique Thierry Couraud, directeur du camping.
Le camping ouvre seulement cette semaine alors que d’ordinaire, il accueille les premiers vacanciers dès avril. Un manque à gagner pour ce jeune établissement touristique de plein-air qui rembourse encore ses crédits.
A cette période de l’année le planning des réservations est rempli
Or il y a seulement quelques réservations pour les semaines à venir et pour les mois d’été. "Il y a 30 % de remplissage pour les mois d’été alors que d’habitude à cette période de l’année c’est complet" explique Thierry Couraud. "Les réservations se feront peut-être à la dernière minute" ajoute le propriétaire. Un manque de visibilité préjudiciable à l’établissement creusois : "Nous n’avons pas de perspectives donc nous ne pouvons pas investir". Le propriétaire est très pessimiste sur l’avenir de son établissement.
Pour moi cela se passe très mal, j’ai divisé mon chiffre d’affaires par 2. C’est dramatique.
Autre lieu, autre ambiance, sur la commune de Boussac, au pied d’un château de la Renaissance du XVe siècle se loge le camping de Poinsouze qui ouvrira le 1er juin.
En activité depuis plusieurs décennies, l’été dernier l’établissement classé 4 étoiles a pu accueillir du public seulement deux mois entre juillet et août avec 30 % de remplissage. "Cela a été difficile mais cela aurait été une erreur de ne pas ouvrir" explique Hugues De Houdetot, futur repreneur du camping de Poinsouze.
Une année presque en berne : "Les autres années nous accueillons trois cent familles par an et l’an dernier 15", ajoute Hugues De Houdetot.
Des étrangers craintifs
Car ici, au bord de l’étang, que ce soit en chalets, roulottes, gîtes, camping-car ou sous la tente, c'est une clientèle à 60 voire 70 % étrangère qui y séjourne, Hollandais et Anglais en grande majorité.
L’an dernier, certaines agences de voyage d’Outre-Manche ont carrément boycotté la Creuse selon les propriétaires. Et cette année la reprise est encore poussive.
Depuis une semaine il y a une réservation environ par jour ce qui n’était pas le cas avant les annonces.
Il y en a cependant actuellement très peu par rapport à une période normale. "Nous sommes actuellement à 5 % de réservations dont 30 % de clientèle étrangère".
Les gens vont se décider au dernier moment
La clientèle étrangère pourra revenir à partir du 9 juin mais est craintive face aux possibles fermetures des frontières et éventuelles mesures de quarantaine de retour dans le pays.
A titre d’exemple, Hugues cite une famille d’habitués belges qui ne peuvent pas prendre le risque de venir pour le moment par crainte de devoir rester dix jours en quarantaine à leur retour en Belgique.
Alors c’est en majorité des Français qui réservent actuellement. La crise sanitaire c’est malgré tout l’opportunité d'accueillir une nouvelle clientèle qui pourrait revenir cette année.
Des aménagements liés à la pandémie et aux besoins de distanciation sociale vont perdurer et cela peut s’avérer un atout supplémentaire pour la clientèle. Ici c’est l’aménagement de la terrasse du restaurant. Et cet été des sanitaires individuels sur les emplacements "nus" du camping seront installés pour les campeurs.
Le camping de la Forêt, l’ancien camping municipal repris par un couple en 2019 est situé sur la commune de Chénérailles.
Contrairement à d’autres établissements du même type, 2020 a été une excellente saison pour cette structure. "L’an passé, ça été énorme. Tous les logements qui étaient proposés à la location ont été loués" explique Christel Blanchard, co-gérante du camping de la Forêt.
Des touristes qui ont séjourné beaucoup plus longtemps que d'habitude dans ce petit écrin de verdure. "Les séjours allaient de dix nuitées à cinq semaines et demi" précise la co-gérante.
Une clientèle française pour la plupart attirée par l’hébergement de plein air et les vacances à la campagne après le premier confinement traumatisant.
Des réservations de dernière minute
En ce début de semaine, le téléphone se remet à sonner et l’espoir est là. "Pour le moment nous ne recevons pas d'appels pour des réservations mais énormément de demandes de renseignements sur le type d'hébergement que nous proposons mais aussi sur la date d’ouverture du camping", explique Christel Blanchard, co-gérante du camping de la Forêt.
Les gens attendent de savoir quand l'établissement touristique va ouvrir avant de réserver et se décideront à la dernière minute.
Le camping surfe sur la vague du "glam bling", des habitats dits glamours comme l’indique Christel Blanchard. Peut-être l’une des raisons supplémentaires du succès de ce lieu la saison dernière.
Pourtant tous s'adaptent aux normes sanitaires en vigueur dans la Creuse comme sur tout le territoire national.
La fédération Régionale de l’Hôtellerie de Plein Air du Limousin (FRHPAL) met l'accent sur les mesures prises par les établissements (fermeture des piscines, des restaurants, des structures gonflables...).
Elle constate une baisse régionale de l’activité de 25 à 30 % l’an passé. "Il y en a qui ont fait une bonne saison et d’autres des mauvaises", soulignant que les campings qui reçoivent une clientèle française s’en sont mieux sortis que ceux recevant un public étranger.
La fédération observe également une reprise des réservations mais sur juillet et août et une hausse des demandes de renseignements sur les éventuels remboursements en cas de nouvelles restrictions liées à la crise.
Des saisonniers qui manquent à l’appel
Autre constat, ce sont les saisonniers qui manquent à l’appel. La fermeture des stations de ski laissait présager une recrudescence des demandeurs d’emploi saisonniers pour l'été mais ce n'est pas le cas selon Christian Graffeuil, président de la fédération régionale de l’hôtellerie de plein air du Limousin.
Pour l’heure peu de réservations définitives mais de plus en plus de demandes de renseignements pour des touristes encore inquiets sur l’avenir de leurs vacances d’été.
Si l’an passé la clientèle française avait été séduite par des séjours en hôtellerie de plein air dans le Limousin, les indicateurs semblent s’orienter vers une clientèle encore française cette saison. Les hôteliers de plein air les attendent avec impatience.