Plusieurs milliers de personnes sont attendus samedi de toute la France, pour protester contre de grands projets de l’industrie du bois. Les collectifs ne contestent pas l’exploitation du bois, mais la méthode et la quantité de cette exploitation.
Le paysage du Limousin évolue. La pratique de la coupe rase, légale et encadrée, prend de l’ampleur d’année en année partout en France et le Limousin n’y échappe pas. Les randonneurs le constatent, ils tombent régulièrement sur des parcelles de plusieurs hectares où il ne reste que des souches.
Une exploitation forestière essentiellement de résineux en Limousin, avec des plantations de pins douglas. Mais même pour cette monoculture, la pratique par prélèvement sélectif, laisse de plus en plus la place à une coupe massive et radicale.
Mais ce sont aussi désormais des forêts de feuillus, où se côtoie une diversité d'essences, chênes, hêtres, châtaigniers, charmes... et où la biodiversité est importante, qui sont visées.
Une journée « festive et familiale »
Ce samedi à Guéret, à partir de 9h, citoyens, élus et professionnels de la filière bois souhaitant promouvoir une sylviculture douce, sont attendus par les organisateurs d’une journée de mobilisation.
Une journée qui se veut conviviale pour les collectifs organisateurs, avec sur place, foodtrucks et concert. Une marche naturaliste, prévue le matin, présentera la biodiversité notamment du secteur concerné par le projet de la société Biosyl.
Pour les organisateurs, le sujet concerne l’ensemble de la forêt française, d’où la volonté des collectifs de donner une ampleur nationale à cette mobilisation. Ils s’attendent à quelques milliers de personnes, du Limousin, mais aussi des départements voisins, soucieux de l’avenir de nos forêts.
Une manifestation contre les méthodes pratiquées, pas contre l’exploitation du bois
L’organisation rassemble plusieurs collectifs, qui se retrouvent autour des revendications. Ils demandent que les fonds publics encouragent les petites unités de production face aux modèles de méga-usines.
Deux projets industriels sont en cours en Creuse, d’où le choix du lieu de la manifestation. Celui de la scierie FargeBois, à Egletons, qui exploite en Limousin essentiellement le douglas et qui veut s’agrandir en doublant en quelques mois sa production. Elle l’annonce sur son site internet, en 10 ans, elle a multiplié par 6 sa puissance industrielle.
Quant au projet Biosyl, c’est la construction d’une usine à pellets pour répondre au marché des granulés pour le chauffage qui continue à se développer qui est envisagée sur les communes de Saint-Fiel et Guéret, en Creuse. Pour les actionnaires de ce groupe, l’impact sur la forêt limousine serait minime, pour les opposants au contraire, cette implantation amènerait une grosse pression sur la ressource en bois de nos forêts.
Ces opposants réclament dans le cadre du projet de construction de l’usine à pellets de Biosyl, une enquête publique, avec une étude d’impact sur l’environnement.
Ils demandent également qu’une autre politique de sylviculture soit menée, en privilégiant les mélanges d’essences aux monocultures, et les abattages sélectifs à couvert continu en opposition aux coupes rases.
Une approche qui divise les élus. La municipalité de Guéret s’est opposée à l’implantation sur sa commune de l’usine de granulés de bois Biosyl. L’agglomération du Grand Guéret a en revanche voté pour.
La région Nouvelle-Aquitaine, quant à elle, a reporté l’attribution de la subvention de 650.000€ au projet de construction, une partie de l’usine devant s’implanter sur une parcelle classée en zone naturelle depuis une modification du plan local d’urbanisme.